Budget de l'Education 2026

Interventions de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, sur le projet de décret contenant le budget des dépenses de la Communauté française pour l'année budgétaire 2026 (doc. 184 - 2025-2026)
Mme Cortisse rappelle d'abord que, lors de la fin de la précédente législature, en mai-juin 2024, l'ancien ministre du Budget, Frédéric Daerden, relayé par la précédente ministre de l'Éducation, Caroline Désir, affirmait qu'« il n'y a pas de danger à court terme pour la Fédération Wallonie-Bruxelles ». Elle souligne qu'à la même période, la coprésidente écologiste déclarait qu'« il n'y a pas péril dans la demeure pour le moment ». Elle indique qu'elle dénonçait déjà alors ce discours rassurant et à courte vue, estimant que le pouvoir politique doit gérer le budget avec une vision de long terme et cesser de « mettre la poussière sous le tapis ». Elle considère qu'il était temps d'avoir un gouvernement qui assume ses responsabilités. Elle rappelle qu'avec le partenaire de l'actuelle Déclaration de politique communautaire (DPC), rien n'a été caché : dès le départ, le gouvernement annonce une politique budgétaire rigoureuse et proactive, visant à assurer les missions communautaires et l'émancipation des citoyens tout en garantissant une gestion financière responsable.
Elle insiste sur le fait que, comme l'ont déjà exposé la ministre-présidente en charge du budget, Mme Degryse, et la ministre de l'Éducation, Mme Glatigny, l'exercice budgétaire en cours se distingue par sa perspective pluriannuelle. Dans un contexte de dégradation des finances publiques, notamment en raison de l'évolution défavorable des paramètres macroéconomiques et démographiques utilisés pour le calcul de la dotation de la Fédération, un ensemble de mesures est défini afin d'atteindre l'objectif fixé dans la DPC : ramener le déficit à 1,2 milliard d'euros à l'horizon 2029 et envisager un retour progressif à l'équilibre au cours de la prochaine législature. Elle indique que ce plan combine un effort d'économie structurelle d'environ 700 millions d'euros d'ici 2029 et des politiques nouvelles d'environ 200 millions d'euros. Elle souligne que chaque secteur de la Fédération Wallonie-Bruxelles contribue à cet effort commun, dans une logique de cohérence et d'équité, qui constitue selon elle le fil conducteur des mesures.
S'agissant de l'enseignement, elle signale qu'elle ne reviendra pas sur la question du minerval dans l'enseignement supérieur, déjà commentée par d'autres, et qui fait l'objet de nombreuses « fake news ». Elle rappelle néanmoins que le minerval ne sera pas identique pour tous et que différentes catégories sont prévues afin de garantir l'accès à l'enseignement supérieur. Pour l'enseignement obligatoire, elle précise que chaque mesure vise à optimiser les moyens tout en préservant les missions essentielles. Malgré les économies indispensables, des investissements continuent à soutenir des politiques jugées capitales pour l'amélioration des apprentissages des élèves et l'accompagnement de ceux-ci, en particulier les élèves à besoins spécifiques. Elle cite notamment le renforcement de l'accompagnement personnalisé en primaire, son extension en première secondaire et le maintien des moyens des pôles territoriaux.
Elle présente ensuite une vue d'ensemble du budget 2026 de l'Éducation et de l'Enseignement pour adultes. Celui-ci reste très largement porté par les traitements du personnel, qui représentent plus de 86 % du budget, avec une hausse globale de plus de 100 millions d'euros par rapport à 2025. Cette augmentation résulte principalement de l'indexation et de plusieurs mesures ciblées de renforcement pédagogique. En parallèle, certaines économies structurelles et ajustements permettent de contenir la croissance des dépenses tout en finançant des priorités telles que l'accompagnement personnalisé, la lutte contre la pénurie, notamment via le soutien aux directions et les pools de remplacement. Elle indique qu'en 2026, les politiques nouvelles représentent 5,9 millions d'euros, pour un montant net d'économies d'un peu plus de 86 millions d'euros.
Sous l'angle des investissements en faveur des élèves, elle met en avant le renforcement de l'accompagnement personnalisé en troisième et quatrième primaires, articulé avec l'introduction de l'épreuve diagnostique « test CLE » en quatrième primaire dès 2026-2027, pour un surcoût global estimé à plus de 4 millions d'euros. Elle rappelle que l'accompagnement personnalisé a déjà été étendu à la sixième primaire à partir de 2025-2026, à raison d'une période par tranche entamée de vingt élèves, pour environ 2 489 périodes, soit 103,7 équivalents temps plein, et un coût d'environ 5,5 millions d'euros. Elle ajoute que l'accompagnement personnalisé est également étendu à la première secondaire à partir de 2026-2027, selon le même principe d'une période par tranche entamée de vingt élèves, pour environ 3 069 périodes, soit 139,5 ETP, et un investissement estimé à plus de 2,5 millions d'euros. Elle considère que ces dispositifs renforcent clairement la remédiation et le soutien ciblé aux élèves, notamment aux moments charnières de leur parcours.
Sous l'angle de la lutte contre la pénurie et du soutien aux équipes éducatives et directions, elle rappelle la prolongation en 2026 du dispositif des pools de remplacement, expérimenté en 2023 à Bruxelles et dans la zone Hainaut-Sud, puis étendu à Namur et au Brabant wallon à partir de 2025-2026. Cela représente, pour 2026, un coût supplémentaire de 1,5 million d'euros. Ce dispositif permet, explique-t-elle, de recruter des enseignants en emploi stable, à temps plein ou à mi-temps, pour couvrir des remplacements et des remédiations, réduisant le turn-over des débutants qui enchaînent les intérims, et renforçant ainsi l'attractivité de la profession.
Elle revient également sur la mesure de soutien aux directions du fondamental, estimant que, par le passé, beaucoup de discours insistaient sur la nécessité de les valoriser sans que des décisions concrètes ne suivent. Elle souligne que, cette fois, deux mesures importantes existent. La première, votée dans le cadre de l'ajustement 2025, abaisse les seuils d'élèves donnant droit à des décharges complètes de classe pour les directions : à partir de 140 élèves, une direction est totalement déchargée, alors qu'auparavant le seuil était de 180 élèves, avec d'autres seuils intermédiaires également revus. Cette mesure prend son plein effet en 2026 et concerne 342 écoles, dont 196 directions entièrement dégagées de la charge de classe, pour une dépense d'environ 5,4 millions d'euros et la création de 85,5 ETP instituteurs. Elle regrette que cette avancée ait été peu relayée dans les médias alors qu'elle témoigne, selon elle, d'une réelle volonté de faire des directions des leaders pédagogiques, au bénéfice des équipes et des élèves. Elle ajoute qu'une deuxième mesure, à partir de 2027-2028, prévoit une revalorisation barémique des directions, garantissant un différentiel minimal de 25 % à ancienneté égale par rapport aux enseignants, afin de réduire la difficulté de recrutement des directeurs. Elle rappelle aussi qu'à la même échéance, les nouveaux enseignants issus d'une formation initiale portée à quatre ans bénéficieront d'une revalorisation de 5 % via l'accès au barème 401, ce qu'elle compare à l'absence de mesures similaires lors de la précédente législature.
Elle détaille ensuite les trois grands axes des nouvelles mesures : la lutte contre la pénurie, l'optimisation des moyens de fonctionnement des écoles et des réseaux, et le renforcement des parcours des élèves. Sur le premier axe, elle rappelle que le budget 2026 absorbe l'impact financier de mesures déjà votées en 2025 (soutien aux directions via la décharge de classe, extension des pools de remplacement, octroi d'une prime informatique au personnel des académies pour environ 250 000 euros). Elle insiste sur le fait que le budget 2026 comporte aussi de nouvelles mesures qui réalisent des économies assumées, par nécessité et dans une perspective de long terme, considérant que les anciennes majorités ont repoussé ces décisions.
Elle aborde la mesure qui suscite le plus de bruit : l'égalisation du temps de face-classe dans le secondaire. Elle rappelle que les enseignants du secondaire supérieur, qui étaient à 20 périodes, passeront à 22 périodes, comme ceux du secondaire inférieur, déjà à 22 périodes. Elle souligne que les périodes sont plus nombreuses en primaire et en maternelle. Elle insiste sur l'absence de pertes nettes d'emploi, contrairement aux chiffres alarmistes de 1 500 postes avancés par l'opposition. Selon elle, les départs à la pension, les DPPR, l'allongement de la formation initiale (aucun diplômé durant une année) et la pénurie déjà existante créent au contraire des postes à pourvoir. Elle admet qu'il y aura des réaffectations, mais rappelle qu'il y en a chaque année et refuse qu'on les attribue exclusivement à cette mesure. Elle réaffirme qu'il n'a jamais été question, de la part de la ministre ou de la majorité, de réduire la complexité du métier à la seule charge face-classe : un décret a consacré depuis longtemps l'existence de cinq composantes de la charge — travail en classe, travail pour la classe, service à l'école et aux élèves, formation continue et travail collaboratif — et elle dit les rappeler systématiquement. Elle estime que le discours très négatif de certains élus et représentants syndicaux contribue davantage à décourager les jeunes d'embrasser la carrière enseignante que les mesures elles-mêmes. Elle assure que de nombreux enseignants comprennent la logique de la mesure, même s'ils ne l'expriment pas autant dans l'espace public. Elle reconnaît que cette mesure représente une optimisation budgétaire de 35,5 millions d'euros en 2026, assumée comme telle, mais toujours inscrite, selon elle, dans une logique d'équité.
Elle rappelle que, conformément à la volonté d'alléger l'entrée et la fin de carrière, les deux périodes supplémentaires ne s'appliqueront pas aux enseignants en première année d'exercice, ni à ceux de 60 ans et plus, ni à l'enseignement spécialisé. Elle insiste sur un point qu'elle juge mal compris : à partir de 2027-2028, la réduction de deux périodes en début et fin de carrière s'appliquera à tous les niveaux (maternelle, primaire, secondaire inférieur et supérieur). Elle estime qu'il s'agit d'une « super mesure » dont on parle trop peu, alors qu'elle répond à une revendication ancienne.
Elle décrit ensuite l'alignement du régime de maladie des enseignants sur celui de la fonction publique. Après épuisement du pot de maladie, maintenu, le salaire sera limité à 60 %, au lieu de 80 % la première année, 70 % la deuxième et 60 % les suivantes. Elle indique que cette mesure représente une optimisation budgétaire de 14,6 millions d'euros en 2026. Elle aborde aussi le DPPR : elle rappelle que le gouvernement de la Fédération ne souhaite pas fondamentalement supprimer le dispositif, mais que la décision fédérale de limiter à deux ans les régimes similaires impose une adaptation des décrets communautaires, afin d'assurer la sécurité juridique. Elle insiste sur le fait que le fédéral est compétent en matière de pensions et que les textes communautaires doivent se conformer aux lois fédérales, ce qui se traduit par une optimisation budgétaire de 2,5 millions d'euros en 2026.
Elle décrit la réforme des détachements pédagogiques, désormais limités aux postes nécessitant l'expertise d'enseignants. À terme, cette mesure doit permettre le retour d'environ 270 enseignants dans les classes ou la stabilisation de remplaçants sur des postes libérés, contribuant à la lutte contre la pénurie et à l'équité entre enseignants. Les détachements sont convertis en enveloppes de subventions dont 30 % seront dorénavant pris en charge par d'autres budgets que ceux de l'enseignement lorsque les activités subsidiées ne concernent pas directement ce secteur, notamment pour les réseaux d'enseignement et les organisations de jeunesse. Une trajectoire progressive de non-renouvellement est prévue, pour une optimisation de 0,2 million d'euros en 2026, à laquelle s'ajoute une réduction des détachements vers les écoles européennes pour un montant de 1,2 million d'euros.
La députée passe ensuite au second axe : l'optimisation des moyens de fonctionnement des écoles et des réseaux. Les mécanismes de gratuité évoluent mais leurs objectifs restent, selon elle, intacts. Concernant les fournitures scolaires, elle rappelle que le dispositif actuel, étendu jusqu'à la troisième primaire à partir de 2019 et coûtant 24 millions d'euros par an, cède la place à un mécanisme de mise à disposition via les moyens de fonctionnement des écoles fondamentales. Elle souligne qu'historiquement, le financement via les moyens de fonctionnement était déjà prévu, notamment depuis le Pacte scolaire de 1959, et que les écoles couvraient déjà largement ces dépenses. Elle indique que, désormais, 11 millions d'euros supplémentaires sont injectés dans les moyens de fonctionnement pour couvrir les fournitures des élèves du fondamental tout en laissant aux écoles une pleine autonomie sur les modalités. Elle estime que cette autonomie répond à des demandes exprimées sur le terrain et que cette mesure se traduit, sur le plan budgétaire, par une optimisation de 13 millions d'euros.
Pour les repas gratuits, elle rappelle le passage d'appels à projets à un mécanisme davantage intégré, en lien avec l'encadrement différencié, laissant également plus d'autonomie aux établissements ; elle renvoie cependant à l'intervention de son collègue M. Soupart dans le cadre du décret-programme pour les détails.
Ensuite, elle aborde la fin de l'exemption du droit d'inscription dans les académies pour les moins de 12 ans, rappelant que les 12-17 ans payent déjà un droit d'inscription de 94 euros. Elle interroge la logique historique d'une gratuité totale des académies alors que d'autres activités extrascolaires restent à charge des familles. Elle précise que 94 euros représentent environ 9,4 euros par mois sur dix mois, et que ce montant ne s'appliquera pas à tout le monde, étant donné le large éventail d'exemptions : bénéficiaires du RIS et leurs enfants, chômeurs complets indemnisés, troisième enfant et suivants d'un même ménage, élèves des humanités artistiques, enfants à charge d'un chômeur chef de ménage, personnes handicapées et leurs enfants, demandeurs d'emploi en stage d'insertion, pensionnés au revenu garanti, bénéficiaires du statut BIM, détenteurs de la carte PROF. Elle insiste sur le fait qu'affirmer que tout le monde paiera 94 euros est faux, de même qu'il est inexact de prétendre que le minerval dans le supérieur serait identique pour tous. Elle indique que la mesure génère 3,2 millions d'euros d'optimisation pour la Fédération, tout en réinjectant environ 850 000 euros dans les académies.
Elle évoque ensuite le gel, en 2026, de l'indexation des moyens de fonctionnement des écoles, en rappelant qu'un décret-programme adopté en décembre 2024 a augmenté les subventions de fonctionnement des réseaux subventionnés (libre, communal, provincial) pour tendre vers 92 % du niveau de la dotation de WBE ce qui représente une augmentation moyenne de 1,72 % par an. Elle accuse certains d'omettre volontairement cette information. Elle rappelle que les dérogations pour des emplois hors cadre sans critères objectifs ne sont plus permises et que les moyens des cellules de soutien et d'accompagnement des fédérations de PO et de WBE sont réduits de 30 %. Ces moyens finançaient des détachés pédagogiques chargés d'accompagner la mise en œuvre du Pacte d'excellence, qui ont été utiles, mais dont une partie doit désormais retourner en classe, compte tenu de la pénurie. Elle précise que ces mesures entraînent une économie de 13,7 millions d'euros.
Mme Cortisse aborde ensuite le troisième axe : le renforcement des parcours et de la qualité des apprentissages. Elle regrette que l'on parle souvent davantage des enseignants que des élèves, alors que le gouvernement s'est fixé un double objectif : lutter contre la pénurie et renforcer les apprentissages de base au bénéfice des élèves. Elle considère que cette demande émane tant de la société que des enseignants, qui ont constaté la difficulté croissante à assurer les fondamentaux. Elle rappelle que le test CLE en début de quatrième primaire s'accompagne du renforcement de l'accompagnement personnalisé, sans quoi la mesure n'aurait pas de sens. Les écoles disposeront, souligne-t-elle, d'une marge d'autonomie pour répartir les périodes supplémentaires en troisième ou quatrième primaire selon leur réalité. Elle chiffre l'investissement à 4 millions d'euros en 2026 et 220 ETP supplémentaires, s'ajoutant aux 100 ETP prévus en sixième primaire dans l'ajustement 2025, pour un total de 12 millions d'euros en année pleine. Elle insiste également sur l'extension de l'accompagnement personnalisé à la première secondaire, avec 140 ETP pour un montant de 2,5 millions d'euros en 2026, soit 7,4 millions d'euros en année pleine.
Elle rappelle que la suppression du degré différencié en secondaire ne résulte pas d'une initiative de la ministre actuelle mais de la mise en œuvre du Pacte d'excellence, déjà inscrit dans le Code de l'enseignement. Elle souligne que, parallèlement à la répartition des élèves dans les classes ordinaires, le gouvernement a prévu un accompagnement renforcé pour ces élèves, ce qui n'était pas prévu initialement. Elle estime que certains acteurs invoquent le Pacte quand cela les arrange, mais omettent d'en rappeler les implications budgétaires, comme la rationalisation de l'offre d'options dans le qualifiant assortie, dans le texte initial, d'une réduction supposée de 37 millions d'euros de l'article NTPP, finalement non entièrement mise en œuvre. Elle rappelle aussi que la réforme de l'orientation vers l'enseignement spécialisé est prévue de longue date dans le Pacte, amorcée sous la précédente ministre, et doit être recentrée, de manière balisée, sur les élèves qui en ont réellement besoin, pour une optimisation estimée à 1,3 million d'euros en 2026. Elle interroge la ministre sur le calendrier de cette réforme, espérant qu'elle sera adoptée avant la fin de l'année scolaire.
Enfin, elle revient sur la question des pôles territoriaux et de l'enveloppe destinée aux élèves en situation de handicap sensorimoteur. Elle dénonce ce qu'elle qualifie de « fake news » diffusée sur les réseaux sociaux par le PS, laissant entendre que l'enveloppe allait être supprimée, alors que la ministre a toujours indiqué que celle-ci serait maintenue, mais réaffectée légalement pour se conformer à l'arrêt de la Cour constitutionnelle. Elle rappelle que le décret de 2023 de la ministre Désir a été jugé discriminatoire en raison d'une différence de traitement entre certains types de handicap et que le législateur est obligé d'y remédier. Elle considère que l'opposition a cherché à court-circuiter le travail en cours du gouvernement en déposant un texte autonome, et critique la création d'un climat de peur dans le secteur. Elle souligne que le gouvernement maintient l'enveloppe et travaille à une réaffectation conforme au droit.
En conclusion, elle estime que, dans un contexte budgétaire fortement contraint, le budget 2026 met en œuvre des axes importants de la DPC 2024-2029 : maîtrise des savoirs de base via le renforcement de l'accompagnement personnalisé, soutien accru aux élèves en difficulté ou à besoins spécifiques, lutte contre la pénurie d'enseignants, renforcement du leadership des directions. Le gouvernement se fixe, selon elle, un double cap : sécuriser la soutenabilité budgétaire en ramenant le déficit à 1,2 milliard d'euros en 2029, tout en poursuivant des réformes structurelles du système éducatif. Le budget 2026 décline cette ligne par une combinaison de mesures d'économie et de réallocation des moyens vers des priorités ciblées. Elle considère que les choix budgétaires rejoignent les priorités structurelles portées par son parti, le MR : accent mis sur les fondamentaux, soutien aux directions, maîtrise de la masse salariale, valorisation du métier d'enseignant et gestion plus rigoureuse des dépenses.
(...)
En réplique, Mme Cortisse indique d'emblée qu'elle ne sera pas très longue et remercie la ministre pour l'ensemble des précisions apportées, qu'elle juge très utiles.
Elle relève ensuite que, à écouter certains collègues, on aurait l'impression que, avant l'arrivée de l'actuelle ministre il y a un an et demi, tout se passait à merveille dans l'enseignement : la pénurie d'enseignants serait de la seule responsabilité de la ministre, tout comme la baisse du niveau des élèves constatée dans les tests internationaux. Elle juge ce raisonnement absurde et considère qu'il manque de sérieux d'imputer à la seule action de la ministre, en si peu de temps, l'ensemble des difficultés structurelles du système éducatif.
Elle rappelle que, sous la précédente législature et sous la responsabilité de Mme Désir, l'enseignement a déjà connu de grandes grèves et de fortes mobilisations sociales. Elle dit parler de ce qu'elle a connu directement, notamment à Liège, où elle a reçu à plusieurs reprises les représentants des principaux syndicats, et où elle a elle-même défendu la ministre alors que son groupe faisait partie de la majorité. Elle souligne qu'il y a eu, durant cette période, trois grandes manifestations nationales contre les politiques menées par la précédente majorité, avec Mme Désir comme ministre de l'Éducation.
Elle rappelle également qu'au début de cette législature antérieure, des mesures issues du Pacte d'excellence ont été mises en œuvre, et que celles-ci devaient, à chaque fois, être traduites en décret. Certaines de ces mesures, comme l'accompagnement personnalisé, lui paraissent avoir été bien accueillies et porteuses d'un réel intérêt pédagogique. En revanche, en fin de mandature, sont arrivées des mesures perçues comme plus « désagréables », mais qui avaient été signées noir sur blanc par les syndicats dans le texte du Pacte, telles que l'évaluation des enseignants ou la rationalisation de l'offre d'options. Elle rappelle que cette rationalisation de l'offre a été votée sous la précédente majorité, avec Mme Désir comme ministre, et qu'elle avait, à l'époque, pris ses responsabilités et expliqué calmement ces réformes aux organisations syndicales, parce qu'elles étaient prévues dans le Pacte.
Elle observe, à ce propos, que les échanges se déroulent souvent de manière plus posée et plus raisonnable en réunion à huis clos qu'ensuite dans l'espace public, où le discours devient parfois plus radical. Elle estime, de manière générale, qu'en matière de débats sur l'enseignement, certains interlocuteurs se montrent plus modérés dans les échanges privés que dans leurs prises de position publiques.
Mme Cortisse exprime le sentiment que, pour certains collègues, les répliques sont écrites à l'avance et ne tiennent pas compte des réponses de la ministre : quoi qu'il soit répondu, les critiques resteraient identiques et sans nuance.
Elle regrette également la très faible audience des travaux de la commission, que ce soit l'après-midi, en fin de journée ou en soirée : elle évoque une trentaine de spectateurs en ligne au maximum, dont elle dit connaître personnellement plusieurs d'entre eux. Elle trouve dommage qu'on parvienne à diffuser massivement des liens vers des pétitions ou des mails pré-rédigés adressés aux députés, mais que l'on n'envoie pas davantage le lien vers la retransmission vidéo des débats parlementaires, alors que c'est, selon elle, à cet endroit que se tient le véritable débat démocratique, avec la possibilité d'apporter de la nuance et des réponses précises aux questions posées.
Elle reconnaît que ces débats sont longs, mais estime que ce n'est pas un problème dès lors que le temps est utilisé pour expliquer les mesures et répondre de manière argumentée. Elle juge, en revanche, que certains discours tenus sur les réseaux sociaux ou dans la presse par des collègues de l'opposition, en particulier à gauche, relèvent avant tout d'une stratégie électoraliste. À ses yeux, ces interventions viseraient moins à informer qu'à « semer le chaos » dans les écoles.
Elle considère que, si ces collègues étaient réellement soucieux d'informer les enseignants, ils relayeraient aussi les réponses détaillées apportées en commission aux questions qu'ils posent. Or, elle observe, sur le terrain, l'inverse : elle dénonce l'usage de grands slogans et, selon elle, de contre-vérités répétées auprès des équipes éducatives.
Elle indique, pour sa part, qu'elle continuera, avec son groupe, à expliquer les mesures adoptées, à y apporter de la nuance et à corriger ce qu'elle considère comme des exagérations ou des caricatures, afin d'éviter que ne s'installe un climat de chaos dans les écoles. Elle conclut en réaffirmant sa volonté de poursuivre ce travail d'explication au sein de la commission, aussi longtemps que nécessaire.
En réponse à une interpellation personnelle, Mme Cortisse réagit au fait d'avoir été citée par Mme Linard. Elle estime que celle-ci lui fait un procès injustifié. Elle affirme que ce qui est réellement inédit, ce ne sont pas les mobilisations actuelles, mais le fait que les syndicats aient quitté le comité de concertation du Pacte d'excellence sous la précédente législature, lorsqu'il était piloté par la ministre Désir.
Elle ajoute que ce qui est inédit, selon elle, est l'échec de la réforme de l'accueil extrascolaire portée par Mme Linard lorsqu'elle était ministre de l'Accueil Temps libre, réforme que les acteurs de l'enseignement avaient, selon elle, refusée en bloc.
Elle critique également Mme Linard pour la manière dont celle-ci réagirait systématiquement lorsqu'elle mentionne les résultats des visites des 150 écoles de l'arrondissement de Verviers qu'elle affirme avoir effectuées. Elle considère en outre que Mme Linard ne se réfère dans ses interventions qu'à deux écoles seulement : une visitée à Namur sous la précédente législature budgétaire, et l'école de Molenbeek visitée la semaine précédente.
Elle conclut qu'à un moment donné, il est nécessaire selon elle de « remettre l'église au milieu du village ».