Enseignement en "classe flexible"

12/07/2021

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de l'enseignement en "classe flexible"

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Dans la Déclaration de politique communautaire (DPC), le gouvernement précise que «l'amélioration de notre système éducatif et la lutte contre la pénurie d'enseignants passent par une plus grande reconnaissance du travail des équipes pédagogiques». Le gouvernement s'engage aussi à «exposer et valoriser les meilleures pratiques au sein des établissements». 

Lors de récentes rencontres de terrain, des enseignants m'ont fait part de leur volonté de lancer un projet de classe flexible lors de la prochaine rentrée scolaire. 

Cette méthode pédagogique d'enseignement provenant des États-Unis et du Canada vise à rendre la classe accueillante et accessible à tous les élèves. Ces derniers peuvent s'asseoir de différentes façons, que ce soit sur des bancs traditionnels, des ballons, des sièges, des tabourets ou encore des tapis, et la disposition des sièges peut être modifiée selon les besoins. Cette organisation a pour but de permettre aux élèves de trouver la position qui leur apportera le plus de confort et de concentration en fonction des activités qu'ils doivent mener seuls ou en groupes. Ces activités sont affichées chaque jour au tableau sous la forme d'un «menu du jour»: exercices individuels, exercices avec des explications collectives ou individuelles, exercices collectifs, ateliers, contrôles... Dans le même temps, les élèves doivent remplir des défis pour la semaine, le mois et les vacances. 

Le but est d'inciter les élèves à gérer leur organisation de façon autonome pour qu'ils deviennent de véritables acteurs de leurs apprentissages. Par ce biais, le professeur enseigne aux élèves des valeurs essentielles, dont celles du respect, du partage, de l'autonomie, du droit à l'erreur ou encore du plaisir d'apprendre. 

Dans cette organisation, l'enseignant se positionne davantage en coach qu'en maître, mais il reste bien entendu le capitaine à bord et respecte les programmes en restant très vigilant aux comportements scolaire et affectif des élèves. 

Instaurer une telle méthode relève bien entendu de la liberté pédagogique des établissements scolaires et des pouvoirs organisateurs. Cependant, au nom des enseignants rencontrés à ce sujet, je souhaitais vous demander, Madame la Ministre, si l'enseignement en classe flexible est répandu en Fédération Wallonie-Bruxelles. En avez-vous eu des échos positifs? Cette méthode pédagogique entre-t-elle dans les pratiques que votre gouvernement pourrait valoriser conformément à la DPC? Dans l'affirmative, de quelle manière?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation.- Notre système scolaire ne dispose pas d'un recensement systématique des dispositifs de classe flexible. Il apparaît néanmoins que plusieurs écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont aménagé un ou plusieurs locaux afin de faire évoluer les élèves dans un lieu qui les amène à adopter des postures différentes en fonction des situations d'apprentissage et de susciter ainsi des interactions stimulantes. De tels aménagements semblent indéniablement favoriser des pratiques de différentiation et de pédagogie active. 

Cependant, mon administration ne dispose pas de la liste de ces écoles. L'instauration de ces méthodes relève de la liberté des établissements scolaires et des pouvoirs organisateurs. 

Les retours des acteurs de terrain montrent que les dispositifs de classe flexible rencontrent un vif succès lorsqu'ils sont lancés, portés et appliqués par des équipes d'enseignants encouragés et soutenus par leur direction. 

J'ai bien entendu à cœur de rendre visible et d'encourager les pratiques pédagogiques innovantes, notamment en allant à la rencontre des équipes éducatives et des élèves lors de mes visites d'écoles. Il m'importe par-dessus tout de favoriser l'innovation pédagogique en valorisant et en responsabilisant les enseignants qui s'engagent dans une dynamique collective d'organisation apprenante. 

Cela n'a évidemment pas valeur de recensement, mais je constate qu'il existe de plus en plus de classes flexibles lors de mes visites. Les enseignants qui utilisent cette méthode en tirent de nombreux bienfaits sur le plan pédagogique. 

La réforme de la formation professionnelle continue se poursuit et l'instauration de mesures visant le développement des compétences professionnelles de l'enseignant fait partie de mes priorités. Nous avons eu l'occasion d'en discuter longuement lors de discussions au sujet du décret adopté le 16 juin 2021 portant le livre 6 du Code de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire et portant le titre relatif à la formation professionnelle continue des membres de l'équipe éducative des écoles et des membres du personnel de l'équipe pluridisciplinaire des centres PMS. Ces mesures contribuent également à la lutte contre la pénurie des enseignants, que vous abordez dans votre question. Elles renforcent l'attractivité de la profession en développant le caractère évolutif du métier d'enseignant qui, plus que jamais se caractérise par un renouvellement constant des méthodes d'enseignement et des pratiques pédagogiques. 

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Je note que, comme moi, vous reconnaissez les effets positifs des classes flexibles. Le choix de la mise en œuvre d'une telle méthode d'enseignement relève de la liberté pédagogique des équipes éducatives. Néanmoins, il importe que le gouvernement valorise les meilleures pratiques, comme le prévoit la DPC.