Intervention contre la motion du PTB sur la réussite automatique en supérieur

08/07/2020

Intervention en Séance Plénière contre la proposition de résolution du PTB "visant à remplacer les examens par des évaluations formatives et à organiser des remédiations en conséquence cet été et le quadrimestre prochain".

Même si le point a déjà été longuement débattu en Commission, je serai un peu plus longue que M.Casier. En effet, lorsque j'entends les propos des représentants du PTB, je me dois de rappeler les nombreuses mesures qui ont été prises.

Je tiens tout d'abord à préciser que la Ministre Glatigny a toujours veillé à ce que les étudiants ne doivent pas payer la facture de la crise sanitaire. Aucun étudiant ne doit arrêter ses études pour des raisons économiques liées au Covid-19.

Je rappellerai les aides mises en place. Il s'agit tout d'abord d'un budget de 2.285.000 euros consacré par le gouvernement à des aides directes pour les étudiants touchés par la crise par l'intermédiaire des conseils sociaux, notamment pour les frais de loyer ou d'abonnement informatique.

A ensuite été décidé un report jusqu'au 15 février 2021 de la date limite d'inscription tardive, allant de pair avec le report des droits d'inscription.

En ce qui concerne la finançabilité des étudiants, nous n'avons pas attendu le PTB. Le gouvernement a, dans un premier temps, adopté des mesures pour garantir la finançabilité des étudiants en années diplômantes ainsi que pour ceux concernés par une réduction des crédits de leur programme annuel et par un report d'une partie des crédits pour l'année académique 2020-2021. En parallèle, et à nouveau sans attendre le PTB, mes collègues du PS et d'Ecolo, moi-même et d'autres députés MR avons travaillé à une proposition de décret garantissant la finançabilité de tous les étudiants inscrits en 2019-2020 pour la prochaine année académique 2020-2021. Ce n'est toutefois pas l'objet de nos discussions aujourd'hui. Cette mesure sera d'ailleurs débattue demain en commission.

Je tiens à le réaffirmer: l'enseignement et les examens à distance n'ont jamais été un choix pédagogique, idéologique ou politique. Ils ont été imposés en raison des risques sanitaires. D'ailleurs, pour la seconde session, si les établissements d'enseignement supérieur peuvent organiser les examens en présentiel, ils le feront. Tout dépendra de la situation sanitaire.

Nous sommes conscients que les conditions d'étude et d'examen ont été plus compliquées que d'habitude et que, si tout le monde a dû s'adapter, certains ont eu plus de difficultés que d'autres à réunir les conditions propices à l'étude.

La ministre Glatigny a veillé à fixer des balises et à proposer des solutions en concertation avec l'ensemble des acteurs du terrain qu'elle a très régulièrement rencontrés. Je pense notamment aux chefs d'établissement, aux représentants de la FEF, aux commissaires et délégués du gouvernement, aux représentants de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES), de l'Administration générale de l'enseignement (AGE) et des syndicats.

Dans un premier temps, il fut question de faire appel à la bienveillance des jurys et des enseignants, qui ont dû tenir compte de la situation exceptionnelle au moment de noter les étudiants. Force est de constater que cette consigne a été respectée, puisque nous connaissons depuis hier -en tout cas partiellement- les taux de réussite qui s'avèrent supérieurs à la moyenne des années précédentes.

En termes d'information, tout a été mis en œuvre pour que les dates et les modalités d'examens soient connues des étudiants dans les meilleurs délais. La date butoir était le 27 avril. Le gouvernement a également imposé aux universités une semaine blanche avant les examens. Cela a été fortement conseillé dans les autres établissements d'enseignement supérieur.

Toujours à la demande du gouvernement, des salles d'étude et de silence ont été créées dans les différents établissements et dans certaines communes. Les universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts (ESA) ont également répondu présentes pour assurer un service d'aide et d'accompagnement à l'étude en ligne. Les capacités des serveurs informatiques ont été renforcées. Les établissements d'enseignement supérieur ont organisé des phases de test pour vérifier la faisabilité des évaluations en ligne, ce qui est un accompagnement inédit des étudiants par rapport aux examens en présentiel. Enfin, les examens à distance organisés par les établissements pour les étudiants en difficulté ont pu se faire dans des salles spécifiques. Cette opération ne semble pas avoir rencontré un grand succès. En témoigne l'expérience menée dans la salle du complexe sportif Blocry, fréquentée par un étudiant seulement. Cela dit, toutes ces mesures ont été prises en vue d'aider au mieux les étudiants.

J'en viens à votre proposition en tant que telle. Celle-ci a été déposée trop tard, à l'occasion de la réunion de commission du 23 juin, puisque la session d'examen était déjà bien avancée. Aujourd'hui, cette proposition est totalement obsolète puisque les examens sont terminés. Il y a deux semaines, je m'étonnais déjà de la date de dépôt de cette proposition. J'ajoutais qu'il me paraissait absurde et même irresponsable, dans le chef du PTB et du Comac, de déstabiliser ainsi les étudiants en pleine session d'examens. Les règles avaient été déterminées en temps et en heure, en concertation avec tous les opérateurs du secteur, et il ne faut pas les changer en cours de route. De plus, afin de ne pas discriminer certains étudiants, il importait d'aller au bout de la session dans ces conditions annoncées en temps opportun.

Chers collègues du PTB, votre texte en lui-même est un non-sens. Pour les années non diplômantes, vous demandez, au sein d'un même paragraphe, de transformer les examens certificatifs en évaluations formatives et de garantir un minimum de dix sur vingt aux examens. Il faudrait que le PTB sache ce qu'il veut! Souhaite-t-il des évaluations formatives ou des évaluations certificatives permettant à tout le monde de réussir avec un minimum de dix sur vingt? Ces deux demandes sont purement et simplement contradictoires et démontrent le peu de sérieux de cette proposition!

Je rappelle que le gouvernement n'est pas contre le principe d'évaluation formative. Celui-ci est d'ailleurs abordé dans la DPC. Mais ces évaluations doivent avoir lieu au début de l'année scolaire, et pas dans le seul but de remplacer des examens certificatifs. Il s'agit d'un travail pédagogique qui doit être entrepris dès le début du cursus. Le but n'est pas ici de faire réussir les examens à tout le monde en les transformant en évaluations formatives.

Mesdames et Messieurs les membres du groupe PTB, vous invoquez inlassablement la gestion du stress dans votre proposition. Mais ce n'est pas un argument. Nous savons tous que les périodes de blocus et d'examens engendrent du stress. Vous évoquez par ailleurs le cas d'élèves qui n'ont pas accès à un ordinateur ou à une connexion internet. Or, le gouvernement a fixé des balises et invité tous les étudiants à signaler, pour le 4 mai 2020, un quelconque problème technique. Sur les 210.000 étudiants de l'enseignement supérieur, seuls 5% se sont manifestés et des solutions ont été trouvées pour chacun d'entre eux. Vous faites également état de bogues informatiques. Or, les établissements sont plutôt satisfaits du peu de problèmes techniques qu'ils ont rencontrés. Nous ne sommes évidemment jamais à l'abri d'une panne, mais celles qui ont été relayées sont survenues pendant les examens blancs.

Sans être parfait, le bilan est donc nettement plus positif que ce que le PTB veut faire croire. La ministre a rencontré, à de nombreuses reprises, les personnes actives dans le secteur de l'enseignement, dont la FEF. Il n'a jamais été question, notamment de la part de cette organisation, de solliciter la suppression des examens certificatifs.

Par ailleurs, les auteurs de la proposition avancent et prennent pour acquis des chiffres records relatifs au décrochage et à l'échec scolaire. Or, nous pouvons aujourd'hui clairement affirmer que ceux-ci sont totalement erronés. Bien au contraire, les chiffres récemment parvenus à la ministre de l'Enseignement supérieur font état d'une hausse du taux de réussite de 9% dans les universités et de 5 à 10% dans les hautes écoles. C'est inédit. On parle en général d'une variation de 1%. Le taux de participation aux examens est en hausse de 3% dans les universités. J'ajoute que le taux d'abandon est en baisse de 2% dans les hautes écoles.

En sus de cette évaluation des taux de réussite, qui devra être affinée après le 10 juillet et qui sera également réalisée après la seconde session, une évaluation de l'impact de la crise sera réalisée par l'ARES et l'administration. Cette évaluation, déjà annoncée par la ministre, portera non seulement sur le vécu et le ressenti tant des étudiants que des professeurs, mais aussi sur des considérations d'ordre pédagogique.

Je souligne que, depuis la dernière réunion de la commission, le Comac, l'organisation de jeunesse du PTB, a fait beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux grâce à des publications grassement sponsorisées, en partie par le PTB, et laissant entendre que les partis de la majorité que sont le MR, le PS et Ecolo auraient mal lu, voire négligé les propositions du Comac et auraient diffusé des fake news.

Selon le Comac, les partis de la majorité n'auraient pas perçu que la note de dix sur vingt représentait la note minimale pour tous les étudiants. Je précise qu'il n'en est rien! Dès le départ, les partis de la majorité ont compris la portée de cette demande, celle d'accorder la réussite automatique avec une note de dix sur vingt à tous les étudiants qui n'auraient pas atteint cette note. Prenons un exemple: un étudiant ayant obtenu une note de deux sur vingt aurait alors dû avoir une note de dix sur vingt, et ce, malgré les taux de réussite plus élevés que d'habitude. Les partis de la majorité ont compris la demande du Comac. C'est précisément la raison pour laquelle leur inquiétude est forte.

Je le répète: que cela soit dans une année diplômante ou non, ce n'est pas rendre service aux étudiants que de les laisser réussir sans examens certificatifs. Cela enlèverait beaucoup de valeur à leur diplôme et hypothéquerait leurs futures recherches d'emploi. Les examens certificatifs sont des critères objectifs d'évaluation des connaissances et des compétences d'un étudiant. Un diplôme doit correspondre à des compétences acquises chaque année. Qui voudrait être opéré par un médecin qui a loupé une année? Qui voudrait faire construire sa maison ou, en tout cas, en faire élaborer les plans par un architecte qui a zappé une année de son cursus?

Je conclus en affirmant que, malgré les circonstances plus difficiles liées à la crise sanitaire, les études supérieures doivent rester synonymes de recherche de l'excellence. Comme l'a dit la ministre Glatigny, on ne brade pas la réussite. Approuver la présente proposition de résolution consacrerait donc en quelque sorte la victoire de l'assistanat sur le mérite. N'en déplaise au PTB, un diplôme ne s'obtient pas grâce à des manifestations et à des pétitions, mais grâce aux efforts des étudiants!