Intervention sur le Décret aménageant la fin de carrière des directeurs

03/02/2021

Projet de décret portant des mesures diverses concernant les fonctions de promotion et de sélection dans l'enseignement (doc. 172 (2020‑2021) nos 1 et 2)

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Au sein de ce Parlement, nous avons déjà débattu à plusieurs reprises de la problématique de la (sur)charge de travail et du statut des directeurs des écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Si cette question a été mise en exergue par la crise sanitaire, elle n'est pas neuve; mon groupe a d'ailleurs insisté sur la nécessité de trouver des solutions viables et pérennes à cette problématique structurelle.

Je rappelle que le deuxième axe stratégique de l'avis n° 3 du Groupe central du Pacte pour un enseignement d'excellence préconise une réforme de la carrière de directeur pour rendre cette fonction plus attractive, et pose le constat suivant: «La fatigue de fin de carrière est importante dans la fonction de direction, et le constat de titulaires en épuisement professionnel est fréquent. L'insécabilité de la fonction ne permettant pas au chef d'établissement de terminer sa carrière à temps partiel, des solutions alternatives doivent être imaginées pour gérer les fins de carrière des personnels concernés. Cette question sera approfondie dans le cadre de la mise en œuvre du Pacte.»

Mon groupe salue donc les mesures inscrites dans le projet de décret dont nous débattons ce jour; celles-ci visent à aménager la fin de carrière des directeurs tout en préservant le principe essentiel d'insécabilité de la fonction de directeur, ainsi que le leadership éducatif et pédagogique.

L'insécabilité de la fonction est effectivement un principe important qu'il ne faudrait pas morceler. La fonction de directeur d'une école est éminemment stratégique pour la gestion optimale d'un établissement d'enseignement. Dans une telle structure, à la tête d'une équipe, il faut un et un seul pilote identifiable à tout moment et qui assume les responsabilités liées à sa mission, et pas uniquement durant les moments où il est dans l'enceinte de l'école lorsqu'il exerce à temps partiel.

Il est donc pertinent que le directeur absent soit remplacé par un directeur adjoint sur lequel il conserve une autorité hiérarchique. La délégation et le partage des tâches entre le directeur et le directeur adjoint doivent donc être clairs et précis, ce qui devra passer par une lettre de mission. Il est également pertinent d'avoir prévu une concertation minimale entre eux en obligeant leur présence simultanée à l'école pendant au moins une demi-journée par semaine.

J'aimerais saluer aussi l'élargissement de la mesure à l'enseignement secondaire artistique à horaire réduit (ESAHR) et à l'enseignement de promotion sociale qui relève des compétences de la Ministre Valérie Glatigny.

Le texte prévoit un monitoring annuel des mesures mises en œuvre afin d'identifier l'importance de l'utilisation qui en est faite et leur impact budgétaire.

Il est également prévu qu'une évaluation qualitative soit réalisée trois ans après l'entrée en vigueur du dispositif pour examiner sa pertinence au regard de ses effets et des autres projets visant à améliorer les conditions de travail des directeurs, notamment en termes de charges administratives.

Nous serons attentifs aux effets pratiques de ce texte en analysant les rapports issus du monitoring budgétaire et de l'évaluation qualitative de sa mise en œuvre.

Enfin, j'aimerais souligner que si le présent projet de décret tend à répondre à la fatigue et à la lassitude des directions en fin de carrière, il ne s'attaque toutefois pas aux causes de cette problématique; or, le turnover est important et les burnouts de plus en plus fréquents, et ce, même en début de carrière.

À cet égard, la Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit certaines mesures relatives aux directions: le renforcement du soutien aux directions des écoles fondamentales pour leur permettre de consacrer davantage d'énergie à l'innovation pédagogique et au soutien aux équipes; le renforcement de l'aide administrative nécessaire aux directions de l'enseignement fondamental; l'allègement et la simplification de la charge administrative des écoles; l'encouragement de la mise en place de pôles technico-administratifs entre plusieurs écoles.

Nous ne manquerons pas de suivre la mise en œuvre de ces mesures prévues par la DPC, lesquelles viseront à combattre, cette fois, les causes de la fatigabilité de la fonction de direction en Fédération Wallonie-Bruxelles.