La formation des Imams en FWB

20/04/2021
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Valérie Glatigny, ministre de l'Enseignement supérieur à propos de la formation des Imams en Fédération Wallonie-Bruxelles (suivi)


Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, je suis déjà venue vers vous à plusieurs reprises concernant la formation des imams en Fédération Wallonie-Bruxelles après les recommandations de la Commission d'enquête parlementaire instituée à la suite des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Je le répète, nous devons tout faire pour assurer que les imams exerçant en Belgique s'adaptent au contexte démocratique belge et européen et soient respectueux de ses lois et de ses valeurs. Vous aviez alors fait état de trois projets très concrets qui étaient sur les rails en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Tout d'abord, il est question de la création d'une chaire interuniversitaire d'islamologie pratique. Vous me précisiez en septembre 2020 qu'un comité de pilotage composé d'une quarantaine de chercheurs était chargé de travailler à la mise en œuvre de cette chaire. Vous ajoutiez que le contenu des cours avait été soumis à l'avis du comité scientifique de l'Institut de promotion des formations sur l'islam (IPFI) et que les libellés et le choix des intervenants faisaient encore l'objet de discussions en interne. Enfin, vous précisiez que la première université qui l'accueillera devait proposer la partie principale du programme des cours pendant le premier quadrimestre de 2021, le lancement complet de la chaire étant prévu pour septembre 2021.

Madame la Ministre, le programme provisoire des cours qui était proposé a-t-il été modifié? Quel a été l'avis de l'IPFI? Ce programme est-il disponible? Si oui, où peut-on se le procurer? Pourriez-vous nous présenter les libellés des cours et les profils des intervenants? Malgré les difficultés liées à la crise sanitaire, une université a-t-elle pu accueillir cette chaire durant le premier quadrimestre de 2021? Dans l'affirmative, laquelle? Quels retours en avez-vous eus? Toujours malgré la crise sanitaire, le lancement complet de la chaire pourra-t-il avoir lieu à la prochaine rentrée de septembre comme prévu?

En second lieu, il était question de la création de deux certificats par l'Université catholique de Louvain (UCLouvain), destinés non seulement aux imams, mais aussi à d'autres publics comme le personnel religieux, les fonctionnaires, les acteurs socioculturels, etc. Vous me précisiez que ces deux certificats ont obtenu l'agrément de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES), mais que le lancement des formations n'avait pas encore eu lieu. Vous ajoutiez que l'IPFI n'avait pas encore reçu de demande de subvention à cet égard, ni de la part de l'université organisatrice ni de l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB).

Madame la Ministre, où est à présent la création de ces deux certificats? D'autres universités prévoient-elles d'organiser des certificats similaires?

En troisième lieu, il est question de la création d'un bachelier en sciences religieuses et sociales et d'un master en théologie musulmane. Vous précisiez à ce sujet que le Comité de direction de l'IPFI ayant donné priorité à la création de la chaire, celui-ci ne prévoyait de travailler sur ce projet que durant l'année académique 2020‑2021.

Madame la Ministre, où en sont les travaux de l'IPFI en ce qui concerne la création d'un bachelier et d'un master? Pourriez-vous à présent nous présenter une méthodologie de travail et un calendrier? Avez-vous déjà connaissance du nombre d'universités qui organiseront ce cursus et si oui lesquelles?

Mme Valérie Glatigny, ministre de l'Enseignement supérieur. - Depuis septembre 2020, le comité de direction ainsi que le comité scientifique de l'IPFI ont connu une restructuration de leurs effectifs. La crise sanitaire et le départ de nombreux membres pour des réorientations professionnelles ont affecté les travaux de l'institut. 

Le programme de la chaire interuniversitaire d'islamologie pratique a bien été soumis aux membres du comité de pilotage. Ces derniers ont été désignés par les autorités universitaires pour mener avec le comité de direction de l'IPFI les discussions nécessaires pour la création de la chaire. Compte tenu des différentes sensibilités au sein des services d'études islamologiques, mais aussi d'autres départements d'études du monde musulman, le programme fait toujours l'objet de discussions internes. L'IPFI a identifié les intervenants au niveau national et international. Une liste du personnel pressenti pour la chaire a été proposée au comité de pilotage. Si le projet de chaire fait l'unanimité, des discussions subsistaient néanmoins sur les aspects organisationnels. Il a été convenu de mettre en place un projet pilote pour la prochaine rentrée académique. Ce projet pilote sera lancé par une des universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui n'a toutefois pas encore été désignée. Pour rappel, l'IPFI n'est pas un opérateur ou un organe de formation. Ses membres travaillent sur les critères d'octroi des subventions et sur la mise en réseau des formations créées en Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment par les établissements d'enseignement supérieur. 

La création et le lancement des deux certificats par l'UCLouvain ne dépendent pas directement des travaux de l'IPFI. Il convient de souligner qu'une partie importante des imams qui exercent une responsabilité de chef de culte ne parlent pas ou ne maîtrisent pas une des trois langues nationales. La priorité est donc l'apprentissage du français. C'est la raison pour laquelle l'IPFI octroie une subvention pour une formation français langue étrangère organisée par l'Université Saint-Louis Bruxelles à destination des imams. 

Dans le cadre de ses missions, l'IPFI a donné une priorité à la création d'une chaire interuniversitaire d'islamologie pratique. Le projet de création d'un bachelier en sciences religieuses et sociales et d'un master en théologie musulmane figure bien parmi les priorités de l'IPFI. Ces formations ne peuvent pas voir le jour sans le concours de l'organe-chef du culte musulman qui est actuellement traversé par une profonde crise interne. À partir de la rentrée académique prochaine, il est prévu que le comité de direction de l'IPFI s'attelle à la création d'un bachelier en sciences religieuses et sociales. 

Je compte rencontrer l'institut prochainement afin qu'il me présente un état des lieux de l'avancement de ses travaux.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, je me réjouis que vous avanciez sur ces sujets, notamment grâce à votre rencontre avec l'IPFI. J'estime qu'il est primordial de mettre fin à toute ingérence possible de pays étranger dans la formation d'imams exerçant dans les mosquées belges. Pour y arriver, il me semble que les formations dont nous venons de parler devraient être rendues obligatoires, non seulement pour les futurs imams voulant exercer en Belgique, mais également pour les imams déjà en place. Je sais que cela ne relève ni de vos compétences, ni de celle de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais j'espère toutefois que vous aurez l'occasion de vous concerter avec le ministre fédéral de la Justice à ce sujet.

Je ne manquerai pas de rester attentive aux trois projets de formation qui sont en cours et j'espère qu'on pourra atterrir rapidement, car ce sujet me paraît essentiel, notamment compte tenu des recommandations de la commission parlementaire que j'ai évoquées.