Les réformes de l'enseignement artistique

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation, à propos des réformes de l'enseignement artistique dont le financement de primes informatiques pour le personnel de l'enseignement secondaire artistique à horaire réduit (ESAHR)
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, à la suite du conclave budgétaire concernant l'ajustement de 2025, vous avez annoncé le financement de primes informatiques pour les membres du personnel de l'enseignement secondaire artistique à horaire réduit (ESAHR), mettant ainsi fin à une discrimination qui existe depuis des années. À noter que l'ESAHR porte mal son nom puisqu'il ne fait évidemment pas partie de l'enseignement secondaire. En quoi cette mesure consiste-t-elle concrètement? Quand sera-t-elle d'application?
Selon la Déclaration de politique communautaire (DPC): «L'ESAHR doit devenir un pôle d'excellence, accélérateur de talents artistiques et créatifs. Il jouera un rôle clé dans la mise en place du parcours d'éducation culturelle et artistique (PECA) et la réforme des rythmes scolaires journaliers. Par ailleurs, si une optimisation des moyens le permet, il sera envisagé de financer une aide administrative aux directions, d'harmoniser les barèmes, d'indemniser les prestations des professeurs encadrant des stagiaires et de rendre les formations certifiantes». Où le chantier de réforme de l'ESAHR en est-il? Pourriez-vous nous présenter un calendrier?
Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, l'avant-projet de décret-programme, actuellement soumis à la concertation des fédérations de pouvoirs organisateurs et des organisations syndicales, propose que les membres du personnel de l'ESAHR qui occupent une fonction enseignante, une fonction de sélection ou de promotion à prestation complète, à l'exclusion des directeurs, soient indemnisés pour l'utilisation à des fins professionnelles de leur outil informatique privé et de leur connexion internet privée au titre de remboursement de frais propres à l'employeur. Il s'agit ici de mettre fin à une injustice.
Quant aux directeurs de l'ESAHR, ils recevront tous les cinq ans un ordinateur portable fourni par l'Entreprise publique des technologies nouvelles de l'information et de la communication (ETNIC). Cet ordinateur leur sera mis à disposition pour un usage professionnel.
L'ESAHR fait actuellement l'objet de plusieurs évolutions importantes. Un nouvel arrêté sur les règles de présence et d'absence des élèves paraîtra prochainement. Il apportera une simplification administrative très attendue.
Les barèmes des membres du personnel sont en cours d'examen dans le cadre du chantier n° 1 du Pacte pour un enseignement d'excellence. Des tensions salariales sont constatées entre enseignants, directions, directions adjointes et auxiliaires d'éducation en raison de charges horaires différentes et de statuts inégalement reconnus. Ces disparités seront analysées dans une approche systémique, en lien avec la réforme des carrières.
Le système de dotation en période de cours, fondé sur une enveloppe fermée, suscite également des questions. Une stabilisation des dotations pour les établissements ayant atteint leur rythme de croisière est envisagée pour sécuriser les moyens et limiter la concurrence entre les établissements.
Le rôle des auxiliaires d'éducation, souvent cantonnés à des tâches administratives sans reconnaissance adéquate, appelle une revalorisation statutaire et barémique. Une meilleure reconnaissance de leur contribution permettrait également de soulager les directions d'établissement.
Pour faire face à la pénurie de personnel, plusieurs pistes sont à l'étude: le recours à des professeurs pensionnés par exemple, mais aussi l'engagement d'experts issus du monde professionnel, la création de passerelles entre les disciplines permettant de mobiliser des enseignants sous-utilisés au sein d'un même établissement ou pouvoir organisateur, ainsi que la possibilité d'engager des étudiants en stage d'agrégation. Un groupe de travail pourrait être créé au sein du conseil général de l'ESAHR pour approfondir ces pistes de solutions.
Plusieurs missions d'inspection sont en cours au sein de l'ESAHR, dont une pour rendre un avis sur la procédure d'obtention du certificat d'aptitude pédagogique à l'enseignement (CAPE) dans l'ESAHR, actuellement régi par un arrêté, qui vise à évaluer la pertinence et les modalités de cette procédure spécifique.
Enfin, l'ESAHR contribuera de manière autonome et significative au PECA, renforçant ainsi son rôle dans la formation artistique des élèves.
Ces différentes dynamiques s'inscrivent dans une volonté d'amélioration continue visant à faire de l'ESAHR un véritable pôle d'excellence en lien étroit avec les acteurs de terrain et dans le respect de l'équilibre budgétaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je suis ravie de constater que les réformes relatives à l'ESAHR – qui mériterait un changement symbolique d'appellation – sont en cours. Il est noyé dans l'enseignement obligatoire alors qu'il s'agit d'un enseignement artistique à part entière. Il touche également à la culture. Si les acteurs de terrain que j'avais croisé se disaient souvent oubliés, ce n'est plus le cas maintenant. En effet, un chapitre de la DPC est consacré à cet enseignement et une série de mesures seront prises à son sujet. Je ne manquerai pas d'y revenir et de continuer à vous faire part des réflexions émanant du terrain.