Lutte contre la pénurie d'enseignants

03/11/2025

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation, à propos de la lutte contre la pénurie des enseignants

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – La majorité inscrit la lutte contre la pénurie des enseignants en tant que priorité. Dans la Déclaration de politique communautaire (DPC), cette thématique est d'ailleurs consacrée par le premier chapitre du titre relatif à l'enseignement obligatoire, intitulé «la revalorisation du métier d'enseignant et la modernisation du statut pour renforcer l'attractivité du métier».

Il est prévu que le gouvernement prépare, dès le début de la législature, «un plan d'action concerté avec les acteurs comprenant des mesures innovantes, des modifications des statuts et de l'organisation du système scolaire, afin de renforcer l'attractivité du métier, d'améliorer les conditions de travail et de mobiliser l'ensemble des ressources enseignantes.» Afin d'atteindre cet objectif, la DPC prévoit diverses mesures inscrites dans un ensemble cohérent.

Madame la Ministre, avec la Ministre-Présidente, vous avez institué quatre groupes de travail à cet effet. Le premier porte sur l'harmonisation des statuts entre les différents réseaux d'enseignement; le second vise à renforcer l'attractivité de la formation et de la fonction enseignante; le troisième vise à définir les contours de la carrière des enseignants, tandis que le quatrième vise à finaliser la réforme de la formation initiale des enseignants (RFIE) et à favoriser l'arrivée des enseignants de seconde carrière.

Puisque les activités de ces différents groupes de travail devaient se clore durant les mois de septembre ou d'octobre, je réitère mes questionnements sur le sujet. Ces groupes de travail ont-ils abouti? Dans l'affirmative, vous ont-ils communiqué leurs conclusions? Des propositions ont-elles déjà été faites? Pourriez-vous nous présenter un calendrier pour l'application du plan d'action visant à lutter contre la pénurie d'enseignants?

Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, les différents travaux des groupes de travail ont en effet été achevés fin septembre.

Le groupe de travail consacré à l'harmonisation des statuts a travaillé sur l'amélioration de la visibilité et de la cohérence des statuts entre les différents réseaux pour favoriser la mobilité et la stabilisation du personnel. Plusieurs pistes ont été soumises à la discussion et à l'avis des membres, comme l'harmonisation des calendriers et des modalités de calcul de l'ancienneté ou encore l'uniformisation des mécanismes d'extension de charge, de mise en disponibilité et de réaffectation. Mon cabinet travaille actuellement, en collaboration avec l'administration, à la compilation des propositions et avis formulés pour déterminer les suites à y donner.

Le groupe de travail relatif à la charge de travail et au parcours professionnel des enseignants s'est penché sur plusieurs thématiques, dont la question de la charge de travail en début et en fin de carrière, ainsi que la réinsertion professionnelle des enseignants déclarés inaptes à la reprise de leur fonction. Sur la base de ces échanges, mais aussi des décisions du conclave budgétaire, le gouvernement a décidé d'alléger la charge des enseignants débutants de maximum deux périodes pour leur permettre de consacrer plus de temps à la préparation de leurs cours et à leur formation. Le gouvernement a décidé de renforcer le dispositif d'accompagnement notamment par la systématisation de la mission du service à l'école et aux élèves dédiée à l'encadrement des jeunes temporaires. Les autres propositions discutées dans ce groupe de travail sont en cours d'analyse selon le même processus que celui appliqué à l'harmonisation des statuts.

Le groupe de travail consacré à la revalorisation barémique des enseignants a abordé deux thèmes: les possibilités d'augmentation salariale des barèmes 301 et la tension barémique entre les fonctions de direction et d'enseignant. Les échanges ont permis d'examiner différentes options jugées acceptables par les membres de ce groupe de travail. Les décisions finales, entérinées lors du conclave budgétaire, sont les suivantes: une revalorisation de 5 % des barèmes 501 pour les enseignants issus de la formation en quatre ans – sans augmentation de la charge de travail comme j'ai déjà pu le dire – et le maintien d'une tension barémique de 25 % entre les fonctions de direction et d'enseignant. Ces décisions constituent un réinvestissement nécessaire dans notre enseignement, à analyser à la lumière du contexte budgétaire particulièrement contraint de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Enfin, le groupe de travail présidé par le cabinet de la Ministre-présidente s'est penché sur la mise en œuvre des titres de la réforme de la formation initiale des enseignants dans le dispositif des titres et fonctions. Les réflexions se poursuivent entre nos cabinets et l'administration pour définir le scénario d'application le plus cohérent. Les discussions ont aussi porté sur la situation des enseignants de seconde carrière, notamment pour leur accès aux titres pédagogiques.

Sur la base du rapport remis par l'administration, le gouvernement déterminera les mesures à adopter et intégrera les mesures pertinentes dans des projets de décrets qui vous seront proposés dans les tous prochains mois.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie d'avoir résumé les mesures qui seront prises pour lutter contre la pénurie. D'autres mesures arriveront ensuite, mais nous en reparlerons lorsque les projets de décret seront soumis à notre Assemblée. Il est heureux d'avoir fait de la pénurie des enseignants la première priorité de votre gouvernement pour l'enseignement obligatoire. La qualité de l'enseignement est primordiale, et en ce sens, la pénurie est la pire des situations, car avant tout, il faut un enseignant dans chaque classe. Je ne manquerai pas de vous réinterroger sur ce sujet essentiel.