Question orale sur la lutte contre la pénurie d'enseignants

28/09/2021

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, sur la lutte contre la pénurie d'enseignants

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Madame la Ministre, comme vous l'avez déjà rappelé à plusieurs reprises depuis votre entrée en fonction, la lutte contre la pénurie des enseignants que nous connaissons depuis de nombreuses années fait partie des objectifs prioritaires de votre gouvernement. 

Nous avons fait un premier pas dans la bonne direction en adoptant le décret du 17 juillet 2020 portant des mesures en vue de lutter contre la pénurie. Ce décret contient toute une série de points que vous avez vous-même qualifiés de mesures à court terme. 

Comme vous l'avez souligné, le problème de la pénurie ne sera bien entendu pas réglé d'un trait de plume, et c'est pourquoi, au-delà des mesures à court terme, il faut inscrire la lutte contre la pénurie des enseignants dans une stratégie à moyen et long termes. 

L'adoption en première lecture d'un avant-projet de décret instituant un dispositif expérimental créant un pool local de remplacement et contenant des mesures diverses en vue de lutter contre la pénurie des enseignants figurait à l'ordre du jour de la réunion du gouvernement du 16 septembre 2021. 

Lors des débats budgétaires du mois de juin dernier, vous aviez annoncé que l'une des mesures phares proposées serait la création d'un tel pool de remplacement dans l'enseignement fondamental, sous la forme d'un dispositif expérimental et limité géographiquement. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce projet?

Par ailleurs, j'estime que la lutte contre la pénurie devra notamment passer par une revalorisation du métier d'enseignant. Je vous ai déjà interrogée à ce sujet lors de la réunion de commission du 14 janvier 2020. Vous m'aviez alors précisé que le gouvernement entendait bien intensifier ses efforts pour revaloriser l'image du métier d'enseignant, sans toutefois me donner d'indications sur les mesures envisagées ou sur la manière de procéder. Pour rappel, la Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit que le gouvernement s'engage à «revaloriser l'image du métier d'enseignant et établir, avec tous les acteurs concernés, un vrai plan structurel de revalorisation des métiers de l'enseignement». Le gouvernement s'est-il déjà penché sur l'élaboration d'un tel plan structurel?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. - Il n'est pas encore possible de dresser un bilan précis de la pénurie des enseignants au moment de cette rentrée scolaire, pas plus dans l'enseignement fondamental que dans l'enseignement secondaire. En effet, les indicateurs qui permettent de l'évaluer, dont les subventions-traitements, qui n'ont bien évidemment pas encore été versées pour le mois de septembre, ne sont pas encore connus.

Comme vous le précisez, sur ma proposition, le gouvernement a adopté en première lecture, ce 16 septembre, un avant-projet de décret instituant un dispositif expérimental créant un pool local de remplacement et contenant des mesures diverses en vue de lutter contre la pénurie des enseignants. 

Outre deux mesures portant l'une sur la facilitation à l'accès au jury CAP et l'autre visant à permettre la reconnaissance de la réussite d'un examen de langue par des organismes nationaux et internationaux pour les enseignants de langue moderne, le texte porte un dispositif créant un pool local de remplacement des professeurs absents dans l'enseignement fondamental. 

Dans ce cadre, des moyens devraient être alloués aux pouvoirs organisateurs (PO) afin de leur permettre d'engager des enseignants dans un poste courant jusqu'à la fin de l'année scolaire, leur garantissant de cette manière une stabilité d'emploi. Les membres du personnel de ce pool devraient être affectés prioritairement au remplacement des professeurs absents, mais ils pourraient également, en l'absence de remplacements à effectuer, accomplir les tâches pédagogiques diverses dans les écoles ayant adhéré à ce pool. 

L'avant-projet de décret propose dans un premier temps un dispositif expérimental visant les écoles d'enseignement fondamental dans les zones de Bruxelles et Hainaut-Sud. Sur la base d'une évaluation quantitative et qualitative, j'envisage de le pérenniser sur tout le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il serait toutefois prématuré à ce stade d'entrer dans plus de détails parce que les concertations avec les acteurs de l'enseignement doivent encore se dérouler dans les prochains jours. 

En ce qui concerne l'évaluation des mesures du décret du 17 juillet 2020, si les indicateurs sont d'ores et déjà fixés, elle portera sur deux années complètes et elle ne pourra donc être finalisée avant le terme de cette année scolaire. 

Enfin, la question de la revalorisation de l'image du métier d'enseignant fait l'objet en ce moment de plusieurs dispositions en construction dans le cadre du chantier 12 du Pacte pour un enseignement d'excellence, portant notamment sur l'accompagnement des enseignants débutants, sur les missions de la carrière en trois étapes et sur le renforcement de l'attractivité du métier pour les enseignants de seconde carrière qui souhaitent entamer un parcours de réorientation professionnelle. 

Nous aborderons à nouveau cette question qui sera cruciale, notamment concernant les professeurs de langue. Avec l'entrée en vigueur du tronc commun en troisième année primaire en 2023, la première langue sera enseignée dans cette même année en Wallonie. Il s'agit de déterminer urgemment des mesures pour faire face au besoin d'enseignants dans le domaine. 

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Madame la Ministre, j'aimerais faire référence à un article de presse paru dans le journal «Le Soir», le 17 septembre dernier, qui fait état d'une récente étude de l'OCDE qui a comparé la rémunération et la charge de travail des enseignants dans les différents pays membres. Selon ce rapport, les enseignants de la Fédération Wallonie-Bruxelles gagneraient mieux leur vie que la moyenne des professeurs des pays de l'OCDE, avec des disparités entre les différents profils d'enseignants, pour un nombre d'heures, en tout cas face à la classe, qui serait moins important. 

Mais salaires et prestations ne sont pas tout. Pour Éric Charbonnier, expert en éducation à l'OCDE, «il faut aussi avoir une réflexion globale sur une réforme plus profonde du métier», pour «améliorer le bien-être des enseignants, leur offrir une formation initiale et continue de meilleure qualité, leur offrir des possibilités d'évolution de carrière». 

Votre nouveau projet de décret viendra positivement compléter le premier adopté il y a un peu plus d'un an. Je note aussi que, concernant la valorisation du métier de l'enseignant, le chantier 12 du Pacte pour un enseignement d'excellence est en cours. Je ne manquerai évidemment pas de suivre avec attention ces deux chantiers parallèles.