Question orale sur les remédiations scolaires en été
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président, à propos des remédiations scolaires durant les vacances d'été
Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Monsieur le Ministre-Président, lors de notre dernière séance plénière du 5 mai, je vous ai interrogé à propos de votre projet d'organiser des remédiations scolaires, sur une base volontaire, durant ces vacances d'été. Ces activités seraient élaborées grâce à une union sacrée entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, les pouvoirs locaux et les différents acteurs de l'enfance et de la jeunesse, afin de remédier au décrochage scolaire et social des élèves de l'enseignement obligatoire et en particulier du secondaire.
Pour parer aux conséquences néfastes de la crise sanitaire sur les plans éducatif, pédagogique et psychosocial, votre gouvernement a déjà débloqué des moyens importants, notamment aux mois de septembre et de mars afin d'aider les élèves. D'autres moyens y seront aussi consacrés lors de la prochaine rentrée scolaire dans le cadre du Plan de relance pour l'Europe.
Entre-temps, il est essentiel de pallier certaines lacunes d'apprentissage par la mise à profit d'une partie des grandes vacances. J'abonde donc totalement dans le sens de votre proposition. Je remercie également votre gouvernement d'y avoir accordé des fonds, 3 millions d'euros, lors de son dernier conclave budgétaire qui s'est tenu à la fin du mois d'avril.
Vous m'avez précisé que l'opération «Plaisir d'apprendre» s'adressera aux communes. Ces dernières pourront s'associer à des opérateurs locaux pour organiser des activités de remédiation, couplées à des sessions sportives ou culturelles, principalement destinées aux élèves de l'enseignement secondaire de tous les réseaux. Vous avez ajouté que, pour organiser cette opération, les communes bénéficieraient d'une subvention permettant d'engager notamment des étudiants de l'enseignement supérieur pour assurer l'encadrement des jeunes, en collaboration avec les opérateurs locaux, et permettant aussi la prise en charge de frais connexes. Enfin, vous en avez appelé au volontariat éventuel des enseignants et à la collaboration des fédérations de pouvoirs organisateurs et des écoles pour mettre à la disposition des organisateurs les infrastructures nécessaires.
Vous deviez encore poursuivre votre concertation avec ces opérateurs et les ministres compétents, avant de présenter votre projet au gouvernement et de le mettre en pratique.
Quel est l'état actuel de la concertation avec les acteurs précités? Quels acteurs de l'enfance et de la jeunesse participeront-ils au projet? Le secteur de l'accueil temps libre (ATL), et plus précisément des écoles de devoirs (EDD), est-il concerné? Quelles propositions concrètes sont-elles ressorties de ces rencontres?
Procéderez-vous à un appel à projets? Quand et comment les communes pourront-elles rentrer leurs projets? Quels frais seront-ils pris en charge par les subventions? Pourriez-vous nous en dire plus sur les élèves visés par ce projet, la forme selon laquelle seront organisées les remédiations, les locaux dans lesquels elles se dérouleront et la période durant laquelle elles auront lieu?
Puisque ces activités seront organisées sur une base volontaire et afin d'encourager les élèves qui ont le plus de lacunes à s'y inscrire en évitant finalement que les remédiations ne soient majoritairement suivies, comme c'est souvent le cas, par les élèves qui en ont moins besoin, quelle communication prévoyez-vous à l'attention des élèves, mais aussi de leurs parents? Une information sera-t-elle prévue dans toutes les écoles? Comment sensibiliser les publics les plus précarisés, qui présentent souvent un taux de décrochage plus élevé?
M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président. - En tant que Ministre-Président et à l'issue d'un conclave budgétaire qui n'a pas été simple au vu de la situation financière de la Fédération Wallonie-Bruxelles, je suis plutôt heureux d'en sortir avec une possibilité de remédiation pour les élèves, qui souffrent depuis plus d'un an. Peut-être les écoles ont-elles été moins fermées cette année qu'en 2020, mais l'hybridation n'a pas été bien vécue par une grande majorité des étudiants. Je mesure le défi et la course contre la montre qui est lancée. Avec trois millions d'euros, le projet est ambitieux.
Je vais vous expliquer dans les grandes lignes les actions que nous souhaitons déployer en collaboration, je l'espère, avec les pouvoirs locaux - qui sont le lien de proximité par excellence avec les citoyens et avec les acteurs sportifs, culturels et de remédiation. Nous parlons souvent des relations de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec l'entité fédérale et les autres entités fédérées, mais la relation entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et les pouvoirs locaux est aussi très importante et nous souhaitons l'exploiter davantage.
Mme Greoli me demande pourquoi nous n'avons pas organisé le plan «Plaisir d'apprendre» en 2020. D'abord, en l'absence de conclave budgétaire, nous n'avions pas pu dégager de moyens. Ensuite, le projet que nous déployons cette année se fait hors du cadre scolaire. L'année dernière, j'avais émis l'idée de prolonger de quelques jours l'année scolaire au mois de juillet ou d'envisager d'organiser la remédiation dans les écoles. Cependant, cette année comme l'année dernière, les acteurs de l'école - direction et enseignants - ont déjà dû mener un travail lourd et inhabituel, dans le respect de toutes les contraintes sanitaires. L'hybridation n'a pas été évidente pour les élèves et les enseignants. Le but était donc d'éviter de donner encore plus de travail aux écoles et de voir plutôt comment organiser la remédiation avec les pouvoirs locaux.
Le plan «Plaisir d'apprendre» proposera essentiellement de la remédiation aux élèves de l'enseignement secondaire qui sont le public cible.
Pourquoi parler d'activités culturelles et sportives? Certes, le but est d'organiser des séances de remédiation pendant une à deux semaines. Tant les élèves que leurs parents devront être très motivés. C'est pourquoi, outre la remédiation, nous proposerons également des activités sportives, culturelles et citoyennes. Durant les vacances, une semaine de remédiation en tant que telle n'est pas la bonne formule, même si cela reste l'objectif principal.
Voyons ce qui est déjà mis en œuvre par les communes, les associations et les EDD dans ces communes. Voyons comment mobiliser et défrayer des étudiants pour accompagner certains élèves en remédiation. Les jobs étudiants ont été une denrée rare cette année. En outre, la relation entre les élèves de l'enseignement secondaire et les étudiants de l'enseignement supérieur est souvent un binôme porteur. Des enseignants viendraient aussi sur une base volontaire et bénévole. Après mon annonce, beaucoup d'enseignants se sont manifestés pour me dire qu'ils étaient prêts à consacrer quelques jours de leurs vacances pour offrir de la remédiation.
Nous avons déjà abordé le sujet avec les communes wallonnes et bruxelloises. Les contacts se poursuivent.
Nous travaillons d'arrache-pied sur ce dossier que j'espère présenter au gouvernement ce jeudi.
Une course contre la montre est engagée. Nous n'avons plus le temps de lancer un appel à projets. Nous examinerons plutôt la manière de répartir les moyens financiers entre les communes de manière objective, notamment en tenant compte de la population scolaire et pour autant qu'il y ait une volonté des communes d'organiser ce type de remédiation. Nous comptons fortement sur les opérateurs locaux.
Dans ce cadre, nous veillerons à communiquer et à sensibiliser les pouvoirs locaux, mais également tous les publics: les parents, les étudiants, en particulier les personnes issues des milieux les plus précarisés. Il nous est encore possible de collaborer avec des associations locales et des centres publics d'action sociale (CPAS). La mobilisation ne sera jamais trop forte et j'en appelle à une sorte d'union sacrée, car je mesure l'ampleur du défi.
Il ne s'agira sans doute pas de réparer tous les dégâts survenus cette année scolaire, mais de faire en sorte que la rentrée scolaire de septembre 2021 se passe plus facilement et permette le rattrapage éventuel de certaines matières essentielles telles que les mathématiques, les langues, le français et les sciences. Mettre ce plan ambitieux en œuvre vaut la peine. Puisqu'il en va de l'intérêt des concitoyens et des jeunes, les pouvoirs locaux retrousseront certainement leurs manches avec l'aide du tissu associatif fort présent dans de nombreuses entités.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Monsieur le Ministre-Président, vous aurez évidemment plus de précisions à nous apporter lorsque le projet aura été présenté à votre gouvernement, peut-être ce jeudi. Je tiens encore une fois à saluer le travail que vous effectuez avec vos collègues du gouvernement afin de concrétiser ce projet ambitieux, dont je ne manquerai pas de suivre la mise en application concrète sur le terrain. Je suivrai évidemment attentivement l'évolution de ce dossier au sein de notre Assemblée.