Question sur la fermeture de la crèche KiddyChouette de Heusy
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance, à propos de la fermeture de la crèche privée KiddyChouette à Heusy
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Le mercredi 29 mars dernier, la
directrice de la crèche privée KiddyChouette à Heusy a annoncé la fermeture de
ce milieu d'accueil à la suite de difficultés financières. Cette fermeture est
annoncée pour le 30 juin prochain. Toutefois, elle pourrait être beaucoup plus
rapide puisque plusieurs accueillantes, qui y travaillent sous le statut
d'indépendantes, ont déjà annoncé leur départ imminent.
49 familles se
retrouvent dans l'embarras, sans compter les parents qui s'étaient inscrits sur
une liste d'attente, comptant y mettre leurs enfants dans les prochains mois.
Les crèches et les
accueillantes à domicile de la région verviétoise ont dès lors été assaillies
de demandes de ces parents qui cherchent une nouvelle place d'accueil pour
leurs enfants. Cependant, il n'y a presque plus de places disponibles: dans
notre région, trouver une place en crèche relève en effet du parcours du
combattant. La liste des places disponibles adressée aux parents par l'Office
de la naissance et de l'enfance (ONE) les renvoie à Malmedy, Trois-Ponts ou
encore Plombières, à plus d'une demi-heure de route, et ce, à partir de la fin
d'année 2023 ou au début 2024. Ce n'est pas réaliste.
Le jour de
l'annonce de la fermeture et les jours qui ont suivi, beaucoup de parents m'ont
contactée, car ils ignoraient quelle démarche entreprendre. Ne souhaitant pas
la fermeture de la crèche, ils se sont mobilisés pour tenter de trouver une
solution pour la sauver.
Des informations me
sont parvenues selon lesquelles des agents de l'ONE se seraient uniquement
inquiétés auprès de la directrice pour que la crèche ne ferme pas avant la date
du 30 juin. En revanche, ils n'auraient rien tenté pour trouver une solution
permettant de sauver la crèche au-delà de cette date.
Le jeudi 6 avril,
le gouvernement a adopté un projet d'arrêté en première lecture visant à doter
l'ONE de nouveaux leviers d'action. Ceux-ci autorisent notamment l'octroi
d'aides financières transitoires pour permettre la poursuite de l'accueil dans
des situations telles que celle-ci.
Ce vendredi 7
avril, la directrice a finalement envoyé un courrier aux parents concernés
précisant qu'après les contacts noués avec vous, Madame la Ministre, et avec
l'ONE, la crèche KiddyChouette ne serait pas fermée. Le tarif journalier serait
toutefois augmenté. De leur côté, les accueillantes passeront au statut de
salariées.
J'ai appris que lors d'une réunion que vous avez tenue par visioconférence ce vendredi avec certains parents, vous leur avez annoncé l'existence de plusieurs pistes pour leur venir en aide: l'octroi d'un subside pour le poste de direction; la prise en charge par l'ONE d'une partie du salaire des puéricultrices, qui passeraient sous statut salarié avec effet rétroactif au 1er janvier 2023, ainsi qu'une aide de soutien et d'accompagnement à court terme et à long terme, afin de pérenniser la situation.
Mes questions sont les suivantes :
La cellule de
veille de l'ONE a-t-elle pris contact avec la direction et l'ensemble des
parents, en ce compris ceux qui sont actuellement sur une liste d'attente?
Comment l'ONE accompagne-t-il effectivement ces parents dans la recherche d'une
place dans un autre milieu d'accueil? Quelles mesures concrètes leur ont-elles
été proposées?
L'ONE
accompagne-t-il la direction afin d'essayer de trouver une solution pour éviter
la fermeture de cette crèche?
En quoi consiste
exactement le dispositif d'urgence que vous avez adopté avec le gouvernement
jeudi dernier? Comment évitera-t-il concrètement la fermeture de cette crèche
de Heusy à long terme?
Confirmez-vous les
pistes de solution qui ont été annoncées aux parents vendredi dernier?
Pourriez-vous nous en dire plus à propos des montants des aides octroyées? Quel
est le calendrier prévu en l'espèce?
Un dispositif
similaire est-il envisagé pour la crèche Les Petits Chats à Stavelot, laquelle
a aussi annoncé tout récemment sa fermeture, en raison également de difficultés
financières rencontrées?
Mme Bénédicte
Linard, Ministre de l'Enfance. – Le 30 mars dernier,
j'ai été informée de la fermeture prochaine du milieu d'accueil Kiddychouette
par un courrier de parents. L'ONE a également été prévenue. À ce stade, il ne
s'agit pas d'une faillite, mais plutôt d'une décision du pouvoir organisateur
consécutive à des constats négatifs quant à la viabilité économique de la
structure.
Le statut du
personnel de ce milieu d'accueil, en activité depuis quelques années seulement,
est exclusivement indépendant. Considérant les limites que le droit social
impose à cette pratique, cette situation fait courir un risque juridique à la
structure. Cet élément, ajouté au contexte d'inflation générale, a conduit à la
décision de cessation d'activité.
Le 7 avril dernier,
j'ai discuté avec plusieurs parents d'enfants fréquentant ce milieu d'accueil
de cette situation compliquée.
Avant cela, l'ONE
avait déjà sollicité une première rencontre avec la direction, qui a eu lieu le
3 avril dernier. Celle-ci a permis, d'une part, d'analyser les difficultés
rencontrées et les perspectives envisagées par le pouvoir organisateur et,
d'autre part, d'assurer le suivi des échanges avec les parents. La question de
la reprise de l'activité a également été évoquée.
La cellule de
veille de l'ONE a proposé au pouvoir organisateur un soutien permettant de
stabiliser une équipe d'accueil en nombre suffisant jusqu'au terme de la
période de préavis, à savoir fin juin 2023. Je vous confirme, Madame Cortisse,
que les échanges se poursuivent cette semaine avec les parties prenantes pour
entrevoir toutes les possibilités à venir.
Par ailleurs, la
situation de pénurie que connaît l'arrondissement de Verviers implique de
trouver de nouvelles capacités d'accueil. Des initiatives ont déjà été prises à
cette fin par l'ONE, dont je salue la rapidité de réaction. Je peux ainsi vous
annoncer plusieurs nouvelles. Une autorisation a été délivrée le 6 avril
dernier pour permettre l'extension de capacité d'une crèche non subventionnée
située dans l'arrondissement, permettant l'accueil de sept enfants
supplémentaires. L'installation d'une accueillante prévue à proximité, dans la
commune de Theux, va augmenter l'offre de quatre places d'accueil
supplémentaires en mai prochain. À moyen terme, un projet retenu dans le cadre
du plan de création de places 2021-2026 pourra proposer 49 places d'accueil
supplémentaires à la fin de l'année civile, dès l'achèvement des travaux en cours.
Ce pouvoir organisateur a d'ores et déjà pris en compte l'inscription d'enfants
actuellement accueillis par KiddyChouette. Cet exemple montre que le dispositif
de la cellule de veille permet de répondre efficacement aux situations de
fermeture et de limiter le préjudice pour les parents et les enfants concernés.
La priorité doit
être d'assurer la continuité de l'accueil, condition nécessaire au bien-être
des enfants. À mon initiative, la réglementation sera prochainement adaptée
pour pérenniser ce mécanisme et venir en aide aux structures en difficulté –
pour le moment, il s'agit de structures privées, non subventionnées – et créer
des incitants à la reprise en cas de faillite. Ce filet de sécurité limitera
les impacts de ces cessations d'activité à l'avenir. Le 6 avril dernier, le
gouvernement a adopté en première lecture un projet d'arrêté à cet égard. Je me
félicite de cette garantie importante apportée aux parents et aux enfants.
Vous dites qu'il
faut faire le maximum. Je suis tout à fait d'accord. Le cas présent montre
toute l'importance du soutien renforcé apporté aux pouvoirs organisateurs de la
petite enfance, quels qu'ils soient, et du financement récurrent de plans
visant à créer de nouvelles places. Il est évident que la création de nouvelles
places doit se poursuivre durant chaque législature. Nous devons également
évaluer la réalité de chaque milieu d'accueil et déterminer quelle est la
meilleure manière de le soutenir. Au cours de la présente législature, le gouvernement
a effectué d'importantes avancées à ce sujet. J'ai déjà parlé à maintes
reprises de la subvention de renforcement accordée aux milieux d'accueil non
subventionnés. Cette subvention est inédite et a déjà permis de changer la
relation que nous entretenons avec ces milieux d'accueil, puisqu'ils reçoivent
désormais une subvention bien nécessaire. Nous avons fait ce choix. Ces efforts
doivent se poursuivre afin de garantir l'avenir d'une politique d'accueil de la
petite enfance accessible et de qualité.
Puisque vous l'avez
mentionnée, je terminerai en évoquant la situation de la crèche Les Petits
Chats, à Stavelot. Il s'agit d'une situation différente. Ce milieu d'accueil
peine manifestement à attirer des inscrits, ce qui met sa viabilité en péril. Dans
le contexte de pénurie de places que nous connaissons, une telle réalité est
surprenante. La situation est très regrettable, d'autant que la personne
physique faisant office de pouvoir organisateur de la crèche a fait des
investissements importants en termes d'infrastructures, mais ne souhaite pas
effectuer les démarches qui lui permettraient d'accéder au subventionnement de
l'ONE. Le travail sur ce dossier doit se poursuivre. Toutefois, selon les
informations dont je dispose, seulement deux enfants sont concernés par une
recherche de solution, qui a d'ores et déjà été trouvée.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Madame la Ministre, l'ONE doit être
plus proactif dans ce type de situation pour soutenir la recherche d'une
solution concrète, pour éviter la fermeture d'une crèche, même privée, et pour
aider les parents à retrouver un milieu d'accueil au plus vite, si la fermeture
de la crèche s'avère malheureusement inévitable.
L'ONE doit agir
avec plus de souplesse et de flexibilité. Je note qu'un nouveau dispositif,
adopté en première lecture lors de la séance du gouvernement du 6 avril
dernier, sera instauré très prochainement.
L'avenir de
KiddyChouette est donc assuré jusqu'au 30 juin, mais pas encore au-delà de
cette date. Pourtant, quand nous lisons le courrier de la directrice de la
crèche, nous constatons que certains parents nourrissent de faux espoirs et
pensent que la crèche sera d'office sauvée après le 30 juin. De la même
manière, entendre que des mesures sont prises par le gouvernement peut prêter à
confusion.
Cependant, je
constate que vous poursuivez les contacts pour résoudre le problème. J'espère
vraiment que cette situation se réglera positivement.
En effet, à l'heure
où la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne dégagent des moyens
très conséquents pour l'ouverture de nouvelles places d'accueil, il serait
vraiment regrettable qu'en parallèle, une série de milieux d'accueil ferment,
qu'ils soient privés ou subventionnés. Il est donc essentiel de trouver des
solutions pérennes pour éviter des fermetures de milieux d'accueil et pour
conserver les places en crèches.