Question sur la fermeture d'une crèche à Aubel pour cas de maltraitance

11/01/2023

Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance, à propos de la fermeture d'une crèche à Aubel suite à des soupçons de faits de maltraitance

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - À la suite de soupçons de faits de maltraitance sur des enfants, l'Office de la naissance et de l'enfance (ONE) a décidé de fermer, la semaine précédant les congés de Noël, une crèche privée à Aubel, et ce, pour une durée indéterminée.

La crèche est toujours fermée à l'heure actuelle. La directrice a été écartée et une puéricultrice a été pointée du doigt. L'enquête qui a fait suite à une plainte déposée par des parents à la fin du mois de novembre dernier aurait permis de recueillir une quinzaine de témoignages de maltraitance.

Madame la Ministre, où en est l'enquête de l'ONE qui est menée en parallèle à l'enquête judiciaire?

Où en sont les recrutements d'une nouvelle directrice et puéricultrice?

Quelles propositions concrètes et rapides faites-vous à la quarantaine de familles qui sont en attente de solutions pour la garde de leurs enfants? Certes, certains parents ont été en mesure de garder leurs enfants pendant les congés de Noël, mais tous sont maintenant dans l'embarras. La région verviétoise connaît une pénurie de places dans les crèches.

Fallait-il d'emblée fermer la crèche? Était-ce la solution la plus adéquate? Aucune autre mesure n'était envisageable, sachant que les autres puéricultrices pouvaient continuer à travailler?

Quelles mesures préventives envisagez-vous pour éviter que de telles situations ne se reproduisent dans d'autres crèches de la Fédération Wallonie-Bruxelles?

Plusieurs scandales se sont produits en Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles n'est maintenant plus épargnée. Il convient donc de prendre le sujet au sérieux.

Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance. - La qualité de l'accueil et la sécurité des enfants sont au cœur de mon attention. La fermeture d'une crèche n'est pas une décision facile à prendre, même si elle est temporaire. Une telle décision n'est jamais prise à la légère, vu ses conséquences sur les enfants et les familles. Il est toutefois utile dans certaines situations, comme la maltraitance, d'agir rapidement, au bénéfice des enfants.

Le cas de la crèche d'Aubel démontre que les mécanismes d'accompagnement, d'évaluation et de contrôle de l'ONE fonctionnent bien, puisqu'ils ont permis de gérer cette situation difficile. Environ 80 agents de l'ONE, dont je salue le travail essentiel, œuvrent à ces missions sur le terrain. L'ONE a agi rapidement et de manière innovante, en essayant de constituer une équipe temporaire qui entrera en fonction le plus vite possible: nous espérons que cette entrée en fonction interviendra d'ici la fin du mois, précisément pour les raisons que vous évoquez. La recherche d'un nouveau pouvoir organisateur qui remplisse les conditions d'autorisation peut en effet prendre du temps. L'idée est de remplacer temporairement le personnel nécessaire, le temps de trouver un repreneur.

La sécurité des enfants est fondamentale et les mécanismes de protection fonctionnent. L'ONE travaille à trouver des solutions rapidement. Je souligne d'ailleurs que l'ONE consacre beaucoup d'énergie et de temps à éviter au maximum les fermetures et les pertes de places, à Aubel comme ailleurs: c'est un travail auquel je tiens à rendre hommage.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Il ne s'agit pas ici de jeter l'opprobre sur l'ensemble des lieux d'accueil. La plupart font leur travail avec exemplarité.

Cependant, l'affaire dont il est question ici m'inquiète fortement. Je sais, grâce à mon travail sur le terrain, que certains parents n'avaient pas osé porter plainte ou dénoncer les faits de maltraitance plus tôt, avant le mois de novembre. Les rumeurs de maltraitance circulaient pourtant déjà depuis quelque temps. Certains parents craignaient de voir la crèche fermer ses portes, ce qui, dans un contexte de pénurie de places, aurait mis des dizaines de familles dans l'embarras. Heureusement, un couple a finalement décidé de porter plainte.

Cette situation est liée à la pénurie et je salue les subventions conséquentes qu'ont libérées la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles pour la création de places.

Dans le cas présent, un agent de l'ONE ferme une crèche durant sept semaines et peine à recruter une puéricultrice et une directrice. Vous affirmez qu'une solution sera trouvée d'ici la fin du mois. Je l'espère. Mais en attendant, les parents ne peuvent pas se contenter de solutions temporaires, ce n'est pas acceptable. N'y avait-il pas d'autres solutions que de fermer la crèche durant une si longue période?

Il est vraiment difficile de recruter du personnel de qualité. J'attends avec impatience la campagne de promotion du métier d'accueillante; vous aviez annoncé son lancement pour le début de cette année et je ne manquerai pas de revenir sur le sujet en commission.