Question sur la formation continue des professeurs au numérique
Question de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, sur l'enquête PISA "Politiques efficaces et écoles à succès", le retard numérique et la réforme de la formation continue des enseignants.
Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Madame la Ministre, la presse relayait la semaine passée les résultats de la dernière enquête du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) menée en 2018 par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Cette enquête intitulée «Politiques efficaces et écoles à succès» portait notamment sur les compétences numériques des élèves. Cet aspect est devenu prioritaire depuis que la crise sanitaire a poussé les écoles à adopter une véritable stratégie d'hybridation, mêlant enseignement présentiel et cours à distance.
Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur la question de l'équipement et de la connectivité des écoles et des élèves, sujet primordial faisant l'objet d'une task force créée par le Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Monsieur Jeholet, et le Ministre Daerden.
Je vous interroge plutôt sur la capacité des enseignants à s'approprier les outils informatiques et sur leur formation au numérique.
Selon la récente enquête PISA, seuls 33 % des directeurs d'établissements scolaires en Fédération Wallonie-Bruxelles estiment que les enseignants ont les compétences techniques et pédagogiques pour relever le défi numérique. En Flandre, le chiffre s'élève 70 %, tandis que la moyenne pour les pays membres de l'OCDE est de 65 %.
Outre la réforme de la formation initiale des enseignants qui relève de la compétence de la Ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Glatigny, quelles mesures comptez-vous prendre pour permettre à tous les enseignants de maîtriser les outils informatiques et les inciter à s'en servir plus fréquemment?
Le 29 septembre, vous indiquiez dans le journal «Le Soir» que le budget pour la formation continue des enseignants serait triplé d'ici 2022. Vous annonciez également qu'une modification des décrets était prévue afin de doter les enseignants d'un plan de formation continue étalé sur 6 ans. Profiterez-vous de cette réforme pour donner à chaque enseignant la possibilité de maîtriser les compétences nécessaires pour relever le défi numérique? Le numérique fera-t-il partie d'un socle commun de formations obligatoires pour tous les enseignants en fonction en Fédération Wallonie-Bruxelles?
Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation.- Madame la Députée, la dernière enquête PISA date de 2018. Les enseignants y ont répondu voici plus de deux ans et, fort heureusement, la situation a bien évolué depuis.
La formation continue des enseignants, au même titre que la formation initiale, est un levier de changement essentiel. Le gouvernement souhaite continuer à y investir.
Nous avons renforcé et diversifié l'offre de formations dans le domaine du numérique. Toutefois, la participation à ces sessions se fait toujours sur une base volontaire. La formation continue fait partie de la charge des enseignants et le gouvernement a choisi, jusqu'à présent, de ne pas leur imposer des formations supplémentaires dédiées au numérique. Cela pourrait toutefois changer à l'avenir.
Tout comme l'ensemble de la formation continue, la formation au numérique s'effectue tant en réseau, où elle répond aux objectifs spécifiques du projet pédagogique d'un établissement, qu'en inter-réseaux, où elle se penche sur toutes les compétences transversales au numérique.
L'Institut de la formation en cours de carrière (IFC) offre désormais 90 formations. Nous avons créé neuf sessions supplémentaires pour les référents numériques dans les écoles. Par ailleurs, la plateforme HAPPI propose un module d'hybridation en e-learning qui rencontre un franc succès.
L'avant-projet de décret sur la réforme de la formation continue des enseignants prévoit, outre de tripler des montants, de développer de nouveaux outils tels que les modules en e-learning ou la formation en immersion dans d'autres établissements scolaires. Ces outils permettront d'ouvrir encore d'autres portes.
Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Certes, l'enquête PISA date de 2018, mais les constats restent les mêmes, comme me l'ont affirmé beaucoup de directeurs de l'arrondissement de Verviers. Très peu d'enseignants maîtrisent les outils numériques. Certains, parmi les plus jeunes, s'y attellent, mais souvent les plus âgés y renoncent, car ils n'ont pas les compétences ou les connaissances nécessaires.
À l'heure où le numérique est un tournant prioritaire, les 100.000 enseignants francophones doivent être formés aux nouvelles technologies. Si ce n'est pas le cas, à quoi bon équiper les écoles et les élèves en outils numériques?
Je suis ravie d'entendre que cette thématique fait partie intégrante des programmes de formation continue. Je serai très attentive à ce point lors des prochaines discussions sur la réforme des décrets. Par contre, il conviendrait de rendre ces formations au numérique obligatoires. Depuis la crise sanitaire, cet aspect a pris une tout autre dimension.