Question sur la formation des imams

08/09/2020

Question de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur, sur la formation des imams en Fédération Wallonie-Bruxelles (suivi).

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Madame la Ministre, j'étais intervenue en janvier dernier sur la future formation consacrée aux imams en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour rappel, depuis février 2020, la Flandre a mis en place, en collaboration avec la KU Leuven, l'Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et le niveau fédéral, un cursus de formation pour les imams afin d'assurer un «islam de Belgique», adapté au contexte démocratique belge et européen, respectueux de ses lois et de ses valeurs. La recommandation de créer un tel cursus avait été formulée par la Commission d'enquête parlementaire instituée à la suite des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.

Vous aviez alors fait état de trois projets très concrets qui étaient sur les rails en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Tout d'abord, vous me répondiez avoir rencontré en décembre 2019 les représentants de l'Institut de promotion des formations sur l'islam (IPFI), chargés de la création d'une chaire d'islamologie pratique. Un accord des recteurs d'université avait été obtenu pour l'organisation conjointe de cette chaire. Le programme de cours, pour être reconnu par l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES), sera valorisé à dix crédits, soit 90 heures de cours. Vous précisiez encore que la proposition du contenu de cette chaire avait été envoyée à 40 chercheurs externes et au comité scientifique de l'IPFI, qui vient d'ailleurs être renouvelé. Il était prévu que le contenu des cours soit fixé dans les prochains mois pour débuter en septembre 2020 ou en janvier 2021.

En second lieu, vous aviez fait état, en sus des deux certificats déjà proposés par l'Université Saint-Louis-Bruxelles et par l'ULiège en collaboration avec l'ULB, de la création de deux nouveaux certificats, ayant reçu l'appui de l'EMB, qui seront proposés par l'UCLouvain. Vous m'annonciez que ces deux certificats avaient été attestés par l'ARES le 21 mai 2019 et qu'ils étaient en cours de préparation.

Enfin, vous me précisiez que l'IPFI travaillait également à la création d'un bachelier en sciences religieuses et sociales, ainsi qu'à un master en théologie musulmane.

Où en est la création de la chaire d'islamologie pratique? Le contenu des cours a-t-il été fixé depuis lors? A-t-elle débuté en septembre 2020? Dans la négative, pourra-t-elle débuter dès janvier 2021?

Où en est la création des deux nouveaux certificats? Sont-ils déjà proposés par l'UCLouvain?

Où en sont les travaux de l'IPFI sur la création d'un bachelier en sciences religieuses et sociales et d'un master en théologie musulmane? Une exception au moratoire sur les nouvelles habilitations a-t-elle pu être obtenue à cette fin?

Enfin, pourriez-vous me confirmer que, pour pouvoir exercer en Fédération Wallonie-Bruxelles, les imams devront obligatoirement avoir suivi une de ces formations? Les imams actuellement en place devront-ils se mettre à jour pour pouvoir continuer à exercer?

Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur.- Madame la Députée, il a été convenu lors de la rencontre avec les recteurs, que vous mentionnez, de créer un comité de pilotage chargé de travailler à la mise en œuvre de la chaire interuniversitaire d'islamologie pratique et plus particulièrement sur les questions liées aux modalités pratiques: propositions thématiques, gestion administrative, choix des intervenants.

Une quarantaine de chercheurs, dont certains exercent en Fédération Wallonie-Bruxelles, a accepté d'intervenir pour définir le contenu de cette chaire, chacun dans son domaine de prédilection et d'expertise. Le contenu des cours a été soumis à l'avis du comité scientifique de l'IPFI, conformément à l'article 9, §1, 3° du décret du 14 décembre2016 portant sur la création d'un Institut de promotion des formations sur l'islam. Un programme provisoire des cours a déjà été proposé, les libellés et le choix des intervenants faisant encore l'objet de discussions en interne. Comme il s'agit du lancement de la chaire, l'université qui l'accueillera cette année proposera la partie principale du programme des cours pendant le 1er quadrimestre de 2021, le lancement complet de la chaire étant prévu pour septembre 2021.

Deux nouveaux certificats ont effectivement été créés par une des facultés de l'UCLouvain. Il s'agit plus précisément de deux dossiers de demande d'agrément d'un programme de formation continue déposé à l'ARES. Ces deux formations sont destinées aux imams ainsi qu'à d'autres publics: personnel religieux, fonctionnaires, acteurs socioculturels, etc., qui pourraient être désireux de s'informer ou d'approfondir leurs connaissances sur l'islam et les communautés musulmanes d'Europe. Ces deux certificats sont organisés à la demande de l'EMB et ont obtenu l'agrément de l'ARES, mais le lancement des deux formations n'a pas encore eu lieu. Aussi, l'IPFI n'a reçu à ce jour aucune demande de subside pour ces deux certificats, ni de la part de l'université organisatrice ni de l'EMB.

Par ailleurs, l'IPFI soutient financièrement deux formations en français langue étrangère destinées exclusivement aux imams en Fédération Wallonie-Bruxelles et organisées par l'Université Saint-Louis-Bruxelles et l'ULB, en partenariat avec l'EMB.

En outre, les deux projets de création d'un bachelier en sciences religieuses et sociales et d'un master en théologie musulmane font bien partie des missions de l'IPFI, conformément à l'article 3 du décret précité. Cependant, ayant donné priorité à la création de la chaire, le comité de direction de l'IPFI avait inscrit ces deux projets sur le moyen terme de sa feuille de route. Néanmoins, le comité de direction a l'intention de travailler lors de cette nouvelle année académique, parallèlement à la création de la chaire, au projet de bachelier en sciences religieuses et sociales. Ces premiers travaux constitueront une base concrète pour la création d'un master en théologie musulmane.

À terme, notre intention est d'offrir une formation complète liée à l'islam qui n'existe pas encore en Belgique. C'est dans cette perspective que jeudi dernier, le gouvernement a arrêté, sur ma proposition, la nouvelle composition du comité de direction et du comité scientifique de l'IPFI.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Je vous remercie, Madame la Ministre, pour vos réponses. Cette question me tient à cœur, car j'estime qu'il est primordial de mettre un terme à toute ingérence possible de pays étrangers dans la formation d'imams exerçant dans les mosquées belges.

Je ne manquerai pas de rester attentive à l'élaboration et la mise en place de ces nombreux projets.

J'espère également qu'à terme, les imams qui exercent en Belgique devront tous se mettre à niveau et suivre obligatoirement une formation pour pouvoir continuer à pratiquer. Je ne manquerai pas de revenir sur cette question, mais en attendant il faut bien que les travaux portant sur le bachelier et le master avancent.