Question sur la généralisation du néerlandais ou de l'allemand comme première langue moderne

08/11/2022

Question écrite de Madame Stéphanie Cortisse, Députée, à Madame Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, relative à la généralisation de l'apprentissage du néerlandais ou de l'allemand comme première langue moderne en FWB

Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR).- Madame la Ministre, en Commission de ce 25 octobre, je vous ai interrogée à propos de la généralisation de l'enseignement du néerlandais ou de l'allemand comme première langue moderne en FWB.

Ma question orale étant jointe à celles d'autres députés, vous n'avez pas répondu à l'ensemble de mes interrogations, raison pour laquelle je me permets d'y revenir par la présente question écrite.

Je vous précisais que deux études me paraissent essentielles afin de convaincre le grand public : une sur le niveau de néerlandais des élèves bruxellois au sortir de la S6 (qui eux se voient déjà enseigner cette langue depuis la P3), mais aussi une étude sur le fait que l'apprentissage du néerlandais ou de l'allemand dès la P3 faciliterait ensuite l'apprentissage d'une seconde langue moderne comme l'anglais dès la S2.

Madame la Ministre, mes questions sont les suivantes :

  • De telles études ont-elles été menées ?
  • Si oui pourriez-vous nous en présenter les conclusions ?
  • Si non, ne pourriez-vous pas les mener ?

Je vous remercie pour vos réponses.

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation.- Madame la Députée, les deux types de recherche que vous évoquez n'ont pas été menés en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Ils requièrent en effet une expertise de pointe en termes de technique d'échantillonnage, de maîtrise des contenus disciplinaires, d'élaboration des questionnaires-tests ou encore d'analyse et d'interprétation des données. Ils requièrent par conséquent des moyens humains et financiers importants. En outre, ils ne s'avèreraient pertinents que dans le cadre d'une perspective longitudinale, mieux à même de tenir compte de la variabilité éventuelle des résultats entre des cohortes d'élèves.

Ainsi, concernant le niveau de néerlandais des élèves francophones bruxellois au sortir de la sixième année du niveau d'enseignement secondaire, une telle analyse n'aurait de sens que dans le cadre d'une approche à la fois longitudinale et comparative - i.e. à l'aune du niveau de néerlandais des élèves francophones de région de langue française. Il s'agirait donc de mener une recherche de plus grande ampleur que celle que vous évoquez, ne serait-ce que sur le plan du public-cible visé.

Une analyse d'impact de l'apprentissage précoce d'une langue moderne relativement à l'apprentissage ultérieur d'une seconde langue moderne dépasserait quant à elle le contexte belge francophone stricto sensu. En d'autres termes, il ne s'agirait pas tant d'une analyse situationnelle propre au contexte d'apprentissage de la FWB, que d'une analyse cognitive des aptitudes langagières d'individus âgés de 8 à 18 ans. Une telle analyse nécessiterait l'étude et le suivi d'un groupe-test et d'un groupe-contrôle, et ce sur une échelle temporelle significative permettant de contrôler la variabilité conjoncturelle des résultats.

Pour toutes ces raisons, une réflexion préalable approfondie, associant l'ensemble des acteurs académiques, administratifs et scolaires concernés, devrait être menée au sujet de la faisabilité scientifique, méthodologique, opérationnelle et financière des deux études susmentionnées.

À l'heure actuelle, mon travail en matière d'enseignement des langues se concentre sur une série d'actions et de mesures directement issus de l'Avis n°3 du Pacte pour un Enseignement d'excellence : l'implémentation du nouveau référentiel disciplinaire de langues modernes, le soutien que les périodes d'accompagnement personnalisé peuvent apporter à cette implémentation ainsi que l'arrivée du cours de langue moderne (LM) dès la troisième année du niveau d'enseignement primaire dès l'année scolaire 2023-2024.

Par ailleurs, conformément à la Déclaration de politique communautaire 2019-2024, la récente décision du Gouvernement d'imposer à tous le néerlandais (ou l'allemand) comme LM I et de contraindre davantage la continuité du choix de LM I entre les niveaux d'enseignement primaire et secondaire constitue une nouvelle garantie du caractère prioritaire accordé au renforcement quantitatif et qualitatif de l'apprentissage des langues.

En conclusion, sans rejeter l'intérêt et la pertinence de mener et de subventionner des recherches dans le domaine linguistique, l'arrivée de nombreuses réformes en la matière nécessite de postposer cette entreprise afin d'en mesurer pleinement les effets.