Question sur la lettre ouverte des représentants des directions du fondamental libre
Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de la lettre ouverte des directeurs de l'enseignement fondamental libre
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Ce lundi, Madame la Ministre, vous
avez reçu une lettre ouverte des directeurs de l'enseignement fondamental du
réseau libre. Les directeurs y expriment leurs inquiétudes devant la
multiplication des réformes du Pacte pour un enseignement d'excellence et la
surcharge administrative qui en découle pour eux.
Or, l'avis n° 3 du
Groupe central prévoyait que les directions passent d'une gestion
administrative et multitâches à un leadership pédagogique et éducatif.
Ces directeurs ne
remettent pas en cause le Pacte; au contraire, ils en vantent les mérites. Mais
ils s'inquiètent, car ils ne font pas partie du Comité de concertation du
Pacte. Le Comité de concertation est composé des fédérations de pouvoirs
organisateurs et de Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), des représentants des
associations de parents et des organisations syndicales. Cependant, les
directeurs ne se sentent pas toujours représentés par ces acteurs et ils
souhaitent donc – légitimement à mon avis – faire partie intégrante de ce
Comité de concertation.
Ma question sera
très simple: ne faudrait-il pas accepter la présence de représentants des
directions, de l'enseignement fondamental ou secondaire, au sein du Comité de
concertation du Pacte?
Mme Caroline
Désir, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée,
ne nous voilons pas la face! Nous menons de front un nombre important de
réformes. Je ne vous apprends rien: le Pacte pour un enseignement d'excellence
compte 18 chantiers. Ces réformes structurelles induisent des changements
lourds et profonds, que ce soit dans l'organisation de l'école ou dans la
pratique du métier. Nous ne faisons pas ces réformes pour embêter le monde
enseignant ou les directions d'école. Nous les menons, car nous estimons
qu'elles permettent d'améliorer le système scolaire dans toutes ses dimensions.
C'est dans cette voie qu'il nous faut travailler.
J'aimerais envoyer
le message suivant aux directions et aux membres des personnels de
l'enseignement fondamental: les réformes se sont principalement concentrées
dans ce niveau d'enseignement ces dernières années, en raison de
l'implémentation du tronc commun. Mais nous arrivons au bout! Il n'y aura pas
de nouveaux paquets de réformes qui s'empileront dans les prochaines années,
sauf l'intégration progressive du tronc commun. C'est un message que je veux
leur transmettre.
Nous avons toujours
essayé d'étaler les réformes en différentes phases et échéances, et ce, compte
tenu de la crise sanitaire. Nous avons toujours souhaité que les réformes
restent soutenables d'un point de vue administratif. Très tôt, depuis le début
du Pacte, nous avons identifié qu'il fallait soutenir davantage les directions
de l'enseignement fondamental sur le plan administratif. Nous y avons consacré
des moyens importants. Nous avons aussi dégagé des moyens supplémentaires dans
le cadre de l'accord sectoriel: quasi 8 millions d'euros en plus, à partir de
la rentrée scolaire de septembre 2023, ce qui porte l'enveloppe globale
consacrée à l'aide administrative à 45 millions d'euros. Notre volonté est de
rendre ce budget le plus efficient possible pour que, sur le terrain, les directions
sentent la différence.
Pour revenir à
votre question, c'est durant la précédente législature qu'a été définie la
manière dont la concertation devrait se dérouler à propos des chantiers du
Pacte, avec les organisations syndicales, les fédérations de pouvoirs
organisateurs et les fédérations d'association de parents. Vous imaginez bien
qu'il est fort difficile aujourd'hui de réinventer un autre équilibre. En
revanche, je vous rejoins à ce sujet: nous devons trouver une manière pour
mieux impliquer les directions d'établissement, car elles ne se sentent pas
toujours entendues ou représentées. Nous le constatons encore à la lecture de
leur récente lettre ouverte.
Je n'ai refusé
aucune réunion avec les directions de l'enseignement fondamental. Nous nous réunissons
très souvent. J'ai fait le compte avant de monter à la tribune: j'ai tenu une
petite dizaine de réunions avec elles, soit personnellement, soit par
l'intermédiaire de mon cabinet, soit de manière thématique, soit encore en
interréseaux. Je les rencontre donc régulièrement et je démens le contraire. Je
compte d'ailleurs bien poursuivre en cette voie. Une nouvelle réunion est
programmée au mois de mars. La lettre ouverte appelait d'ailleurs à une
nouvelle réunion vers la fin du mois de mai. Il est donc évident que nous
continuerons, pour tous les chantiers du Pacte, à tenir compte de l'avis des
directions et à veiller à la bonne articulation des différentes réformes.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie
de votre réponse qui couvre très largement mes questions. Vous avez rappelé à
bon escient les aides administratives supplémentaires accordées aux directions
d'établissement.
Nous vivons
actuellement un moment assez particulier. D'un côté, certaines organisations
syndicales menacent de se retirer du Pacte pour un enseignement d'excellence en
cas d'adoption de la réforme sur l'évaluation des enseignants. De l'autre,
certaines directions d'établissements veulent faire partie du Comité de
concertation pour être entendues dans le cadre des réformes du Pacte. Selon
vous, il est trop tard pour intégrer les directions d'établissements au Comité
de concertation. Selon moi, il est trop tôt pour que les organisations
syndicales se retirent du Pacte.
Il est important de
mieux consulter les directions d'établissements en amont afin qu'elles
participent à la concertation sur les réformes à réaliser. Certaines
discussions doivent encore être menées sur la mise en place progressive du
Pacte. Il est essentiel de conserver l'adhésion des directions
d'établissements, des acteurs de terrain et des équipes enseignantes et de les
associer à l'ensemble du processus.