Question sur la nécessité de créer un type 9 dans l’enseignement spécialisé pour les élèves autistes
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de la nécessité de créer un type 9 dans l'enseignement spécialisé pour les élèves présentant un trouble du spectre de l'autisme
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, en Fédération Wallonie-Bruxelles, l'enseignement spécialisé est organisé en types, en degrés de maturité – pour l'enseignement fondamental –, en formes et phases – pour l'enseignement secondaire – en fonction des besoins de l'élève. Les huit types sont le retard mental léger, le retard mental modéré ou sévère, les troubles du comportement, les déficiences physiques, les maladies ou convalescences, les déficiences visuelles, les déficiences auditives et les troubles de l'apprentissage.
En Communauté
flamande, il existe un neuvième type pour les élèves qui présentent un trouble
du spectre de l'autisme.
À la suite de
plusieurs rencontres de terrain au sein d'écoles d'enseignement spécialisé, aux
niveaux tant fondamental que secondaire, plusieurs directions m'ont fait part
de leur regret qu'un type 9 n'existe pas en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il
correspond pourtant à un réel besoin.
Les enfants
présentant un trouble du spectre de l'autisme sont «casés» parfois en type 1,
parfois en type 2 et parfois en type 3. Or, selon les professionnels de
terrain, il ne faudrait pas mettre ensemble un élève de type 3 «caractériel» et
un élève de type 3 «autiste», puisque ceux-ci n'ont pas du tout les mêmes besoins.
Si certaines écoles
ont développé la méthode Treatment and Education of Autistic and related
Communication handicapped Children (traitement et éducation des enfants
autistes ou atteints de troubles de la communication associés) (TEACCH) et
scolarisent ces enfants en type 3 au sein de classes inclusives, elles estiment
toutefois qu'il faudrait créer un type 9 aux enfants souffrant d'autisme.
Enfin, les
directions reçoivent de plus en plus de demandes pour des élèves présentant un
trouble du spectre de l'autisme et doivent même refuser certaines inscriptions
par manque de place. Bien qu'ils ne sachent pas expliquer la raison de
l'augmentation des demandes pour ce type de besoins, cette dernière est bien
réelle.
Madame la Ministre,
cette problématique vous a-t-elle déjà été rapportée ? Quelles sont les
différentes solutions possibles pour scolariser les élèves présentant un
trouble du spectre de l'autisme dans l'enseignement spécialisé ? Pour quelles
raisons n'existe-t-il pas de type 9 en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Sa
création est-elle envisageable ?
Mme Caroline
Désir, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée,
la Communauté flamande a effectivement créé un type 9 dans l'enseignement
spécialisé. Sachez toutefois qu'il est réservé aux élèves atteints de trouble
du spectre autistique, mais ne présentant pas de déficience intellectuelle. Une
telle organisation ne correspond aucunement à notre objectif de construction
d'une école plus inclusive et c'est pour cette raison que la Fédération Wallonie-Bruxelles
a décidé de mettre en œuvre une pédagogie adaptée à l'autisme, quel que soit le
type d'enseignement.
Cette pédagogie
adaptée – comme les autres pédagogies – est soumise à un cahier des charges
spécifique repris en détail dans les circulaires de rentrée de l'enseignement
spécialisé. Les écoles organisant une pédagogie adaptée peuvent notamment
aménager les rythmes journaliers et hebdomadaires des élèves en fonction des
cas particuliers.
Il est également
possible d'ouvrir des classes et implantations à visée inclusive pour des
élèves relevant de l'enseignement spécialisé de type 2 et/ou de type 3 porteurs
d'autisme.
Concernant les
formations, tant l'Institut interréseaux de la formation professionnelle
continue (IFPC) que les fédérations de pouvoirs organisateurs (PO) et
Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) proposent des modules spécifiquement liés
à l'autisme afin de permettre aux équipes éducatives d'appréhender cette
thématique et de mettre notamment en œuvre la méthode TEACCH. Je ne sais pas si
vous avez déjà eu l'occasion de le constater sur le terrain, mais de plus en
plus d'enseignants sont formés à cette méthode. D'ailleurs, très concrètement,
l'organisation des classes que fréquentent des enfants avec autisme en
témoigne.
Enfin, pour les
élèves présentant un trouble du spectre de l'autisme scolarisés dans
l'enseignement ordinaire, un protocole d'aménagement raisonnable peut être
élaboré et l'école peut, dans ce cadre, bénéficier du soutien du pôle
territorial.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Madame la Ministre, vous avez
confirmé ce que je constate sur le terrain : nous essayons en effet de former
les enseignants à la TEACCH et de constituer des classes inclusives adaptées
aux élèves autistes de types 2 et 3, parfois même de type 1. Les responsables
d'école des enseignements fondamental et secondaire que j'ai rencontrés dans
l'arrondissement de Verviers se débrouillent, mais rencontrent malgré tout des
problèmes. En plus de l'augmentation des demandes à laquelle ils font face, placer
des autistes dans le type 3 à côté d'élèves «caractériels» dans une même classe
pose réellement problème. Ils appellent donc vraiment la création de ce type 9
de leurs vœux. Je reviendrai vers vous pour vous adresser leurs demandes une
fois qu'ils me les auront expliquées en profondeur.