Question sur la nécessité de créer un type 9 dans l’enseignement spécialisé pour les élèves autistes

28/03/2023

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de la nécessité de créer un type 9 dans l'enseignement spécialisé pour les élèves présentant un trouble du spectre de l'autisme

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, en Fédération Wallonie-Bruxelles, l'enseignement spécialisé est organisé en types, en degrés de maturité – pour l'enseignement fondamental –, en formes et phases – pour l'enseignement secondaire – en fonction des besoins de l'élève. Les huit types sont le retard mental léger, le retard mental modéré ou sévère, les troubles du comportement, les déficiences physiques, les maladies ou convalescences, les déficiences visuelles, les déficiences auditives et les troubles de l'apprentissage.

En Communauté flamande, il existe un neuvième type pour les élèves qui présentent un trouble du spectre de l'autisme.

À la suite de plusieurs rencontres de terrain au sein d'écoles d'enseignement spécialisé, aux niveaux tant fondamental que secondaire, plusieurs directions m'ont fait part de leur regret qu'un type 9 n'existe pas en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il correspond pourtant à un réel besoin.

Les enfants présentant un trouble du spectre de l'autisme sont «casés» parfois en type 1, parfois en type 2 et parfois en type 3. Or, selon les professionnels de terrain, il ne faudrait pas mettre ensemble un élève de type 3 «caractériel» et un élève de type 3 «autiste», puisque ceux-ci n'ont pas du tout les mêmes besoins.

Si certaines écoles ont développé la méthode Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped Children (traitement et éducation des enfants autistes ou atteints de troubles de la communication associés) (TEACCH) et scolarisent ces enfants en type 3 au sein de classes inclusives, elles estiment toutefois qu'il faudrait créer un type 9 aux enfants souffrant d'autisme.

Enfin, les directions reçoivent de plus en plus de demandes pour des élèves présentant un trouble du spectre de l'autisme et doivent même refuser certaines inscriptions par manque de place. Bien qu'ils ne sachent pas expliquer la raison de l'augmentation des demandes pour ce type de besoins, cette dernière est bien réelle.

Madame la Ministre, cette problématique vous a-t-elle déjà été rapportée ? Quelles sont les différentes solutions possibles pour scolariser les élèves présentant un trouble du spectre de l'autisme dans l'enseignement spécialisé ? Pour quelles raisons n'existe-t-il pas de type 9 en Fédération Wallonie-Bruxelles ? Sa création est-elle envisageable ?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, la Communauté flamande a effectivement créé un type 9 dans l'enseignement spécialisé. Sachez toutefois qu'il est réservé aux élèves atteints de trouble du spectre autistique, mais ne présentant pas de déficience intellectuelle. Une telle organisation ne correspond aucunement à notre objectif de construction d'une école plus inclusive et c'est pour cette raison que la Fédération Wallonie-Bruxelles a décidé de mettre en œuvre une pédagogie adaptée à l'autisme, quel que soit le type d'enseignement.

Cette pédagogie adaptée – comme les autres pédagogies – est soumise à un cahier des charges spécifique repris en détail dans les circulaires de rentrée de l'enseignement spécialisé. Les écoles organisant une pédagogie adaptée peuvent notamment aménager les rythmes journaliers et hebdomadaires des élèves en fonction des cas particuliers.

Il est également possible d'ouvrir des classes et implantations à visée inclusive pour des élèves relevant de l'enseignement spécialisé de type 2 et/ou de type 3 porteurs d'autisme.

Concernant les formations, tant l'Institut interréseaux de la formation professionnelle continue (IFPC) que les fédérations de pouvoirs organisateurs (PO) et Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) proposent des modules spécifiquement liés à l'autisme afin de permettre aux équipes éducatives d'appréhender cette thématique et de mettre notamment en œuvre la méthode TEACCH. Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de le constater sur le terrain, mais de plus en plus d'enseignants sont formés à cette méthode. D'ailleurs, très concrètement, l'organisation des classes que fréquentent des enfants avec autisme en témoigne.

Enfin, pour les élèves présentant un trouble du spectre de l'autisme scolarisés dans l'enseignement ordinaire, un protocole d'aménagement raisonnable peut être élaboré et l'école peut, dans ce cadre, bénéficier du soutien du pôle territorial.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, vous avez confirmé ce que je constate sur le terrain : nous essayons en effet de former les enseignants à la TEACCH et de constituer des classes inclusives adaptées aux élèves autistes de types 2 et 3, parfois même de type 1. Les responsables d'école des enseignements fondamental et secondaire que j'ai rencontrés dans l'arrondissement de Verviers se débrouillent, mais rencontrent malgré tout des problèmes. En plus de l'augmentation des demandes à laquelle ils font face, placer des autistes dans le type 3 à côté d'élèves «caractériels» dans une même classe pose réellement problème. Ils appellent donc vraiment la création de ce type 9 de leurs vœux. Je reviendrai vers vous pour vous adresser leurs demandes une fois qu'ils me les auront expliquées en profondeur.