Question sur la pérennité des confréries gastronomiques

22/12/2022

Question écrite de Madame Stéphanie Cortisse, Députée, à Madame Bénédicte Linard, Ministre de la Culture, relative la pérennité des confréries gastronomiques wallonnes et bruxelloises

Mme Stéphanie Cortisse, Députée.- Madame la Ministre, les confréries gastronomiques wallonnes et bruxelloises sont essentielles afin de mettre à l'honneur les produits du terroir, de sauvegarder des gestes ancestraux et de les transmettre aux jeunes générations sous peine de voir ce patrimoine gastronomique tomber dans l'oubli. Elles mettent véritablement en valeur le patrimoine culturel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La Seigneurie de la Vervî-Riz, née il y a plus de 30 ans, est un exemple concret de confrérie active et essentielle. Elle fait rayonner l'image de Verviers, de sa gastronomie (la tarte au riz), de son folklore et de ses traditions aussi bien en Belgique qu'à l'étranger.

Toutefois, nombre de confréries se plaignent du vieillissement de leurs membres, de la difficulté de recruter des plus jeunes futurs membres actifs et engagés, et d'avoir des chapitres de plus en plus désertés. De plus, elles n'arrivent plus à trouver des bénévoles pour les aider dans leurs diverses activités.

Madame la Ministre, mes questions sont les suivantes : Combien y a-t-il de confréries gastronomiques en FWB ? Quel est le rôle du Grand Conseil de la Tradition Gastronomique et Culturelle de Wallonie et de Bruxelles (TGWB) ? Comment sont-elles financées ? La FWB propose-t-elle des subsides ou des appels à projets afin de leur permettre de développer des activités ? Des actions sont-elles en cours ou à l'étude afin de revaloriser les différentes confréries gastronomiques de la FWB et d'en assurer la pérennité ? Je vous remercie pour vos réponses.

Mme Bénédicte Linard, Ministre de la Culture.- Madame la Députée, afin de remettre tout d'abord la question dans un contexte plus général, permettez-moi de rappeler que la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) exerce ses compétences en matière de patrimoine immatériel de différentes façons :

  • Elle peut délivrer à une manifestation le titre de Chef-d'œuvre du patrimoine culturel immatériel de la Communauté française ;
  • Dans la limite des crédits budgétaires, des subventions peuvent être accordées dans le but de favoriser la préservation d'une manifestation reconnue comme Chef-d'œuvre, d'enregistrer son aspect sur des supports physiques et pour la réalisation, l'acquisition et la restauration de l'équipement indispensable à la pratique, au maintien ou à la transmission de la manifestation ;
  • Des subventions peuvent aussi être accordées à des projets portant sur les enquêtes, la recherche, les publications de toute nature en matière d'ethnologie, d'arts et de traditions populaires.

Dès lors, pour que la FWB puisse soutenir financièrement une confrérie gastronomique, il faudrait :

  • Soit qu'elle soit reconnue comme Chef d'œuvre du patrimoine culturel immatériel ;
  • Soit qu'elle propose la réalisation d'une étude ethnologique, d'un travail de recherche ou d'une publication sur ces activités.

Notre législation ne nous permet pas d'en financer directement le fonctionnement.

Cela appelle dès lors la question suivante : une confrérie gastronomique peut-elle prétendre au titre de Chef d'œuvre du patrimoine culturel immatériel ?

Pour ce faire, il faudrait qu'elle remplisse plusieurs critères qui prouvent, en son sein, la transmission, de génération en génération, de connaissance et de savoir-faire, transmis par le geste, de praticiens à apprentis praticiens.

Il faudrait en outre que la communauté patrimoniale porteuse du savoir-faire démontre la mise en place d'un plan de sauvegarde visant à assurer la viabilité du patrimoine culturel immatériel via la documentation, la recherche, la préservation, l'identification des menaces qui la guettent, la mise en place de mesures de protection et de promotion de ce patrimoine.

Ceci étant, force est de constater que, la plupart du temps, les confréries gastronomiques ne sont pas elles-mêmes détentrices du savoir-faire. Elles organisent des concours, des banquets, des activités de promotion qui mettent en valeur le savoir-faire d'autres artisans qui sont, eux, les véritables acteurs du patrimoine immatériel.

Les confréries jouent certes un rôle très important de mise en lumière d'un patrimoine gastronomique et représentent ainsi un maillon de la sauvegarde du savoir-faire mais elles pourraient difficilement être considérées elles-mêmes comme patrimoine immatériel, ceci étant bien entendu sans préjudice de l'avis que pourrait rendre la Commission des patrimoines culturels si toutefois une demande de reconnaissance devait être introduite.

Le Grand Conseil de la Tradition Gastronomique et Culturelle de Wallonie et de Bruxelles (TGWB), que vous citez, répertorie 77 confréries gastronomiques sur le territoire de la FWB. Cet organisme et certaines confréries sont soutenus de façon ponctuelle par la Région wallonne, sous la thématique « Rayonnement / Développement régional » pour leurs actions en faveur de la promotion de produits commerciaux et touristiques (compétence de la Région wallonne).

Je vous remercie pour votre question.