Question sur la réforme de l'alternance

25/04/2022

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mr Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président, à propos de la réforme de l'alternance

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Monsieur le Ministre-Président, je vous ai déjà interpellé à plusieurs reprises concernant la réforme de l'enseignement en alternance. Ainsi, au mois de janvier dernier, je vous ai interrogé sur les suites réservées à votre proposition d'élaboration d'une note d'orientation commune aux gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Région wallonne et de la Région de Bruxelles-Capitale. Je vous ai également demandé si, conformément à cette note d'orientation, une méthodologie, une feuille de route transversale et un comité de pilotage avaient pu être mis en place.

Dans votre réponse, vous disiez avoir adressé un courrier à cet égard aux ministres-présidents wallon et bruxellois au mois de septembre 2021. Ce courrier étant resté sans réponse, à l'exception des accusés de réception et de quelques échanges informels, vous aviez relancé vos homologues. Seul le ministre-président bruxellois avait envoyé une réponse formelle à la fin du mois de décembre 2021 afin de tenir une rencontre interministérielle. Vous aviez prévu d'inviter rapidement l'ensemble des ministres concernés à une réunion pour discuter à nouveau des termes de la note d'orientation commune à adopter.

Le ministre-président wallon a-t-il enfin donné suite à vos sollicitations? Avez-vous pu vous réunir avec l'ensemble des ministres concernés au sein des trois entités? Si oui, quelles sont les principales conclusions de cette rencontre? Où en sont l'instauration de la méthodologie, la rédaction de la feuille de route transversale et la constitution du comité de pilotage? De manière générale, pourriez-vous faire le point sur ce dossier?

M. Pierre-Yves Jeholet, ministre-président. - Madame la députée, vous connaissez ma ténacité et l'importance particulière que j'accorde à l'avancée de ce dossier. En Suisse, en Allemagne et ailleurs en Europe, les filières de l'enseignement ou de la formation en alternance ont suffisamment démontré leur capacité à être vectrices d'émancipation pour de nombreux jeunes. Elles contribuent à la relance et au maintien des indicateurs socio-économiques de ces régions. La réforme de l'apprentissage menée en France depuis 2018, nonobstant ses divergences avec nos propres systèmes, en constitue une parfaite illustration.

Avoir une filière d'excellence en matière d'alternance pourra répondre à un double problème: d'une part, le manque de qualification de certains jeunes dans une série de métiers, notamment dans les métiers en pénurie de main-d'œuvre et, d'autre part, le manque de personnel qualifié auquel sont confrontées les entreprises qui sont dès lors contraintes de refuser certaines activités et certains marchés. Puisqu'elle répond aux besoins des entreprises, l'alternance est dès lors indispensable pour former des jeunes et moins jeunes et pour favoriser le développement économique des Régions wallonne et bruxelloise.

Je me réjouis de vous annoncer qu'après de nombreuses concertations entre ministres et cabinets compétents, les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne viennent d'inscrire, à leurs agendas respectifs, l'adoption d'une note conjointe relative à la méthodologie à mettre en œuvre en vue d'un renforcement transversal de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle, en particulier l'alternance. Cette note sera également inscrite en Région de Bruxelles-Capitale. En tant que ministre-président, je ne peux en effet pas avancer avec la Région wallonne sans avancer avec la Région bruxelloise. Les contacts ont eu lieu non seulement entre ministres, mais aussi entre cabinets, pour coordonner cette note méthodologique qui me semble essentielle.

Les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Région wallonne et de la Région de Bruxelles-Capitale ainsi que le collège de la Commission communautaire française (COCOF) partagent une même volonté d'avancer.

L'approche méthodologique vise à définir et à entamer la mise en œuvre d'une feuille de route transversale dans le but de repenser structurellement les dispositifs et le paysage de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle, en particulier de la formation en alternance. L'objectif est de fournir une réponse aux défis de la Wallonie et de la Région de Bruxelles-Capitale.

La méthodologie proposée repose sur deux approches qui se déroulent en parallèle.

La première approche, à moyen et à long termes, a pour objectif de réaliser un état des lieux transversal de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle, en particulier de la formation en alternance, afin d'établir une compréhension factuelle commune du point de départ. Cet état des lieux tiendra compte des spécificités régionales et intégrera l'avis des apprenants, des opérateurs et des secteurs. Sur la base des principaux domaines d'action ressortant de l'état des lieux, les gouvernements seront amenés à définir et à lancer la réalisation d'une feuille de route d'amélioration systémique.

La deuxième approche, à court terme, vise à instaurer un plan d'action basé sur les Déclarations de politique communautaire, régionale et générale de chacune des entités. Elle comprend notamment les projets du Plan de relance de la Wallonie, le chantier de réforme de l'enseignement qualifiant mené dans le cadre du Pacte pour un enseignement d'excellence, et de la Stratégie Go4Brussels 2030. Elle sera éventuellement étoffée d'actions nouvelles et supplémentaires émanant des acteurs, des structures et des dispositifs existants. Le but est d'apporter une réponse rapide aux problématiques des apprenants, des opérateurs et des entreprises. La méthodologie proposée entend donc s'articuler de manière cohérente au sein de l'ensemble des chantiers menés par chacun des gouvernements.

Même si aucune mesure n'a encore été arrêtée, la présence autour de la table de l'ensemble des entités constitue la meilleure garantie de ne pas accroître la concurrence entre les acteurs de ces entités. En outre, ces dernières ne peuvent plus se permettre de dispersion de moyens. Il en va aussi de l'efficacité de nos politiques au service des apprenants et de nos entreprises, laquelle sera au centre de mes préoccupations.

Le comité de pilotage qui accompagnera ces travaux a été constitué. Il se réunira rapidement afin de lancer les travaux avant l'été.

Enfin, concernant la commission d'homologation, les contacts ont été noués entre la Région wallonne et la ministre de l'Éducation. Les discussions se poursuivent. La Fédération Wallonie-Bruxelles souhaite avancer avec les deux Régions. Il paraît impératif de se concentrer sur ce qui nous rassemble et nous permet d'aller de l'avant. En effet, aucune querelle, institutionnelle ou autre, n'a lieu d'être au vu de l'importance du chantier, tant pour les apprenants que pour les entreprises.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Monsieur le Ministre-Président, je suis ravie d'apprendre que les choses bougent enfin du côté de la Région wallonne. Grâce à votre travail et à votre détermination, la Fédération Wallonie-Bruxelles sera pleinement associée à ce chantier qu'elle a initié. Imaginer une réforme de la formation en alternance sans penser en même temps à l'enseignement en alternance n'aurait pas eu de sens. La concertation entre les différentes entités fédérées est évidemment essentielle! Je continuerai donc à suivre l'évolution de ce dossier avec attention. Je suis ravie des progrès enregistrés.

J'espère qu'il en sera de même pour le chantier des Science, technology, engineering and mathematics (STEM). Ce chantier concerne plus particulièrement la ministre Glatigny qui essaie, elle aussi, d'organiser une concertation avec les autres entités fédérées. Il y a pour l'instant un blocage à ce niveau. Or, comme pour l'alternance, toutes les entités devraient coopérer. J'espère qu'il en sera ainsi!