Question sur la session d'examens de décembre
Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de la session d'examens de décembre
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, comme chaque année, la presse se fait l'écho des écoles qui maintiennent ou non la session d'examens de décembre. Cette année, de nombreuses écoles du réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) ont décidé d'annuler cette session pour poursuivre les apprentissages jusqu'aux vacances.
Cette décision a toujours relevé de la liberté pédagogique des établissements.
Le pourcentage d'écoles ayant décidé de supprimer cette session varie-t-il fortement d'un réseau à l'autre ? Observez-vous une évolution par rapport à la situation qui prévalait avant la crise sanitaire ? On sait que beaucoup d'écoles ont préféré maintenir les apprentissages le plus longtemps possible, même si, selon nous, passer des examens constitue en soi un apprentissage.
La question de la place des évaluations, de leur fréquence et de leurs objectifs est-elle débattue au sein du Comité de concertation du Pacte pour un enseignement d'excellence, comme le prévoyait l'avis n° 3 ?
Ne craignez-vous pas une concurrence entre les écoles qui maintiennent des examens - que ce soit au mois de décembre ou au mois de juin - et les autres, quant à la perception du niveau d'exigence par les élèves et leurs parents ?
Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. - Madame la Députée, le fait d'organiser ou non une session classique d'examens au mois de décembre relève de la liberté pédagogique des établissements. Cela a toujours été le cas. Il n'y a pas de directive de la Fédération Wallonie-Bruxelles à cet égard. Il en va de même pour le mois de juin. Cette question fait partie du règlement des études des écoles.
Je ne dispose pas de statistiques systématiques sur le sujet. Nous pourrions interroger les écoles, mais un tel recensement constituerait une charge de travail supplémentaire. Même les fédérations de pouvoirs organisateurs (PO) n'en disposent pas.
Il existe des cas de figure très différents au sein d'une même fédération de PO voire d'un même PO. Ni WBE ni le Secrétariat général de l'enseignement catholique (SeGEC) ne donnent aux PO de directives dans un sens ou dans l'autre.
Je tiens à insister sur un point. Une réflexion s'enclenche clairement dans les équipes pédagogiques. Il y a, dans une partie des écoles, un mouvement vers l'abandon progressif des examens de décembre. Je vous donne ici des retours de terrain sans valeur scientifique. En discutant avec des équipes pédagogiques, lors de mes visites de terrain, je constate qu'elles y réfléchissent et cherchent toutes la meilleure manière de procéder. Certaines décident effectivement de renoncer à l'organisation d'une session classique d'examens, pour regagner du temps en faveur de l'apprentissage. D'autres substituent des contrôles ou des évaluations formatives à des sessions classiques d'examens. J'ai aussi constaté des formules où les élèves ne sont plus interrogés que sur certaines des matières principales sous forme d'examen, en laissant de côté les petits cours. Toutes les formules existent. Pour l'instant, la réflexion est intense dans les équipes pédagogiques.
Il n'y a pas pour autant de perte d'exigence ou de qualité. Cela répond en partie à votre question sur une concurrence éventuelle entre écoles. Partout où j'ai entendu ces réflexions, elles s'accompagnaient d'une volonté de maintenir un niveau d'exigence élevé et surtout de continuer à évaluer les élèves d'une façon ou d'une autre. Il n'y a jamais d'abandon de l'évaluation.
Pour terminer, j'en profite pour dire que l'avis n° 3 prévoyait effectivement la nécessité d'un changement de posture par rapport aux évaluations en général. L'objectif était de rééquilibrer le dosage entre des évaluations sommatives sous la forme de sessions d'examens et des évaluations formatives ou de diagnostic.
J'insiste sur le fait que notre volonté n'est pas de supprimer totalement des évaluations sommatives. Je pense comme vous qu'elles ont du sens à certains moments de la scolarité. Elles ne doivent sans doute pas être organisées de manière systématique, deux ou trois fois par an. Cela prend du temps ; deux semaines sont totalement mobilisées pour les examens. D'autres façons d'évaluer sont très qualitatives et peuvent aussi porter des fruits.
La réflexion est en cours. Dans le cadre du chantier n° 2 du Pacte, nous rédigeons actuellement un guide relatif aux évaluations. Le travail une fois terminé sera soumis à la concertation des acteurs de l'enseignement membres de la commission des évaluations.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Je vous remercie pour cette réponse rassurante, Madame la Ministre. Le but n'est évidemment pas de supprimer les évaluations, qu'elles soient formatives ou sommatives. Si les évaluations formatives sont encouragées, les évaluations sommatives conservent toujours leur sens.
On lit parfois dans la presse que des devoirs ou des évaluations constituent des violences éducatives. Cela va beaucoup trop loin. J'estimais pertinent d'aborder le sujet, au regard du nombre d'articles parus dans la presse.
Je note qu'il n'existe pas de statistiques faisant état de différences entre les écoles ou réseaux d'enseignement.
Il est important, dans le cadre de l'adoption des nouveaux rythmes scolaires, de permettre aux écoles de pondérer leurs activités et de trouver leur propre rythme, sans toutefois supprimer systématiquement les évaluations de fin d'année.
Que ce soit dans l'enseignement primaire ou dans le secondaire, les évaluations préparent les élèves qui le souhaitent à faire des études supérieures. Pour certains, une absence d'évaluation peut donner l'illusion que l'effort n'est plus nécessaire. C'est bien là ma crainte: la suppression des évaluations dans certaines écoles.
La réforme des
rythmes scolaires n'en est toutefois qu'à ses débuts et les choses doivent se
mettre en place progressivement. Il faudra y veiller. Nous ne manquerons pas de
rester attentifs à la question.