L'aide aux directions avec charge de classe

02/06/2025

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation, à propos de l'aide aux directions avec charge de classe

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Dans le rapport que j'ai rédigé à la suite de ma tournée des 150 écoles de l'arrondissement de Verviers, plusieurs directions ont évoqué spontanément les difficultés liées à leur statut de direction avec charge de classe.

Si certains directeurs et directrices apprécient avoir encore une charge de classe et ne voudraient pas occuper une fonction de direction à temps plein, d'autres, au contraire, estiment que cette situation est difficilement gérable et ne leur permet pas de s'investir suffisamment, que ce soit dans leur rôle d'enseignant ou dans celui de direction. Ils expliquent rencontrer des difficultés à gérer les urgences inhérentes à leur rôle de direction lors des périodes où ils sont face à leur classe, ce qui les oblige parfois à laisser leurs élèves seuls. Plusieurs estiment qu'ils devraient bénéficier de périodes de direction équivalant à au moins un mi-temps pour faire correctement leur travail. Beaucoup voudraient une aide administrative supplémentaire. Certains estiment encore qu'il est anormal que le seuil de 180 élèves entraîne à la fois une exonération des charges de classe et le droit à une aide administrative, alors qu'aucun de ces deux avantages n'est accessible si ce seuil n'est pas atteint, l'aide administrative devant alors être transformée en capital-périodes pour soulager la direction d'une partie de sa charge de classe. En outre, certains regrettent que leur charge de classe complique leur rôle de leadership et génère des difficultés lorsqu'il s'agit d'imposer un cadre, de faire des remarques ou encore d'évaluer leurs enseignants.

Madame la Ministre, j'ai déjà exposé cette problématique à votre prédécesseuse, Caroline Désir, lors de la réunion de la commission de l'Éducation qui s'est tenue le 3 octobre 2023. Malheureusement, mon plaidoyer a été vain.

J'étais donc très heureuse d'apprendre que, dans le cadre du conclave relatif à l'ajustement budgétaire de 2025, vous avez décidé de vous atteler à cette problématique. Vous avez notamment annoncé que près de 200 directions de l'enseignement fondamental seront libérées totalement de leur charge de classe et que 140 directions bénéficieront d'une charge de classe allégée afin qu'elles puissent se consacrer pleinement au pilotage pédagogique.

Combien de directions avec charge de classe compte l'enseignement francophone? Ce nombre a-t-il varié au cours des cinq dernières années?

Quels sont les nouveaux seuils permettant à une direction d'être déchargée totalement ou partiellement de ses périodes en classe? Pouvez-vous les comparer aux seuils actuels?

Combien d'équivalents temps plein (ETP) de nouveaux instituteurs seront-ils recrutés en conséquence? Quel est l'impact budgétaire de cette nouvelle mesure?

Celle-ci entrera-t-elle bien en vigueur dès la prochaine rentrée scolaire? Comment et quand cette décision sera-t-elle communiquée aux directions concernées?

Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, actuellement 466 directions de l'enseignement fondamental ont une charge de classe sur un total de 1 935 directions. Cela représente près d'un quart des directions et ce n'est pas rien. L'évolution sur les cinq dernières années montre une augmentation significative du nombre de directions avec charge de classe, puisqu'elles étaient 421 en 2021-2022, soit à peine un cinquième des directions à l'époque.

Le projet de décret-programme portant diverses dispositions relatives à l'enseignement, aux bâtiments scolaires, à l'enfance et aux relations intrabelges, actuellement soumis à la concertation avec les syndicats, les fédérations de pouvoirs organisateurs et Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE), précise les nouveaux seuils.

Ainsi, le directeur d'une école dont le nombre d'élèves est inférieur à 40 – au lieu de 50 actuellement – sera tenu d'assurer 18 périodes de cours; le directeur d'une école dont le nombre d'élèves est situé entre 40 et 80 – contre 50 et 130 actuellement – est tenu d'assurer 12 périodes de cours; le directeur d'une école dont le nombre d'élèves est situé entre 80 et 140 – contre 130 et 180 actuellement – est tenu d'assurer 6 périodes de cours; enfin, le directeur d'une école dont le nombre d'élèves est supérieur ou égal à 140 – au lieu de 180 actuellement – n'est pas tenu d'assurer une charge de cours.

Cette mesure va créer 85 ETP pour un coût estimé à 5,2 millions d'euros.

Cela représente environ 200 directions qui n'auront plus de charge de classe et 140 qui verront leur charge horaire allégée.

Cette mesure est soumise à concertation cette semaine et devrait entrer en vigueur dès la rentrée scolaire prochaine, sous réserve de l'adoption par le Parlement de ce même projet de décret-programme. Elle sera communiquée aux écoles par une circulaire spécifique.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie non seulement pour cette mesure, mais aussi pour la considération dont vous faites preuve à l'égard des directions de manière générale. Souvent, les directeurs se sentent délaissés dans les réformes relatives à l'enseignement. Vous les écoutez, notamment par le biais de la commission consultative des directions, que vous avez récemment créée.

Cette mesure est une avancée pour les directions avec charge de classe. Pour avoir fait la publicité de cette mesure – qui est toujours en discussion, mais devrait entrer en vigueur à la suite de l'adoption du projet de décret-programme – auprès des directions que je connais et qui m'avaient soumis ces problématiques-là, je peux dire qu'elle est extrêmement bien accueillie sur le terrain, même par les directions qui n'avaient pas de charge de classe: ces dernières estiment en effet que leurs collègues doivent pouvoir travailler de la même manière qu'elles.

J'espère que cette bonne nouvelle sera communiquée, car les réseaux sociaux et la presse se font trop souvent l'écho des mesures «négatives» qui sont prises pour des raisons de bonne gouvernance et de nécessaire rationalisation. Quand des mesures positives et tout aussi nécessaires sont prises, cette fois en vue de renforcer le leadership des directions – conformément au Pacte pour un enseignement d'excellence, même si celui-ci ne prévoyait pas de budget pour ce faire –, il faut aussi que cela se sache. Je ne manquerai dès lors pas de communiquer la nouvelle dans ma région. Je me réjouis à l'idée d'adopter le projet de décret-programme et de voir ses effets percoler dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles.