Question sur l'aide psychologique de première ligne pour les élèves

24/01/2023

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de l'aide psychologique de première ligne pour les élèves

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, lors de la réunion du 26 octobre dernier de notre commission, vous avez indiqué, au sujet de la santé mentale des jeunes et de la surcharge de travail des centres PMS, « qu'il existe d'autres intervenants qualifiés et que la prise en charge des jeunes sur le plan psychologique ne fait pas partie des missions principales des centres PMS ».

Or force est de constater que les centres PMS reçoivent beaucoup de demandes d'interventions dites curatives, et non plus préventives, sur le plan psychologique, que cela soit de la part d'enseignants, de parents ou d'élèves eux-mêmes. En première ligne, les centres PMS ne peuvent tout simplement pas refuser d'intervenir, alors que tous les autres services de seconde ligne sont saturés.

Vous avez rappelé les montants considérables débloqués par le ministre fédéral de la Santé en faveur du soutien des psychologues de première ligne, le budget étant passé de 39 millions à 152 millions d'euros. Vous avez également rappelé la circulaire 8761 publiée le 21 octobre 2022, visant à fournir aux écoles et aux centres PMS la liste des personnes vers lesquelles orienter les élèves et leurs parents en cas de difficultés d'ordre psychologique.

Madame la Ministre, avez-vous connaissance du nombre de psychologues supplémentaires qui ont pu être engagés par les réseaux de santé mentale grâce à ce budget fédéral supplémentaire? Il me revient de visites de terrain et de centres PMS que, dans certains réseaux de santé mentale, seuls 27 % du budget supplémentaire fédéral seraient utilisés, faute de candidats psychologues, alors que les demandes des jeunes, transmises par les centres PMS, dépassent l'offre. Le confirmez-vous?

Des discussions sont-elles en cours avec le ministre fédéral de la Santé publique pour optimaliser ce système?

Si, pour des questions institutionnelles évidentes, le budget supplémentaire dégagé par l'État fédéral ne peut être directement versé aux centres PMS par l'intermédiaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ne serait-il pas possible pour les centres PMS d'engager des psychologues avec un mécanisme de remboursement grâce à une convention signée avec l'Institut national d'assurance maladie invalidité (INAMI)? Les centres PMS m'ont indiqué que cela se faisait dans d'autres circonstances. Je pense notamment aux réseaux de santé mentale. Selon les responsables des centres PMS que j'ai rencontrés, cela permettrait certainement de recruter plus de psychologues, vu la plus grande stabilité que représenterait cette solution d'engagement par un centre PMS.

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. - Madame la Députée, selon les informations du cabinet de mon collègue, le ministre Frank Vandenbroucke, 2 976 conventions avaient été conclues jusqu'en novembre 2022 entre les réseaux de soins en santé mentale et des professionnels de la santé, psychologues ou orthopédagogues cliniciens. Cela représente plus de 29 000 heures par semaine de prestations réalisables. Ces chiffres sont en constante augmentation.

Il faut toutefois noter qu'il existe des différences importantes entre les réseaux de soins en santé mentale pour le public des adultes et ceux destinés aux enfants. En effet, alors que les premiers consomment le budget qui leur est dévolu, les réseaux pour les enfants et adolescents sont confrontés à de plus grands défis, tant pour le recrutement de prestataires que pour l'atteinte de ces publics cibles.

C'est pourquoi nos deux cabinets soutiennent les collaborations entre les réseaux de soins en santé mentale et les centres PMS. L'information en ce sens a d'ailleurs été diffusée aux centres PMS en octobre 2022, par le biais d'une circulaire. Depuis, les échanges sont réguliers et des partenariats naissent sur le terrain entre les psychologues de première ligne, des psychologues cliniciens conventionnés avec les réseaux, des centres PMS et des écoles, même si le déploiement n'est pas encore pleinement effectif, la phase exploratoire étant toujours en cours.

Quant au recrutement de psychologues de première ligne dans les centres PMS, la convention INAMI de financement des centres psychologiques de première ligne prévoit que des institutions, organismes ou services peuvent également conclure une convention avec un réseau. Le cadre existe donc pour permettre ces engagements dans les centres PMS, mais la procédure à initier est plus ou moins complexe en fonction des pouvoirs organisateurs.

En résumé, c'est un nouveau dispositif à propos duquel nous avons communiqué en octobre dernier, qui se met doucement en place et qui offre de nombreuses opportunités, mais qui oblige aussi des acteurs qui ne se connaissaient pas à collaborer entre eux. Il faut organiser ces collaborations, mais on entrevoit de nombreuses perspectives dans ce domaine.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, les conséquences des différentes périodes de confinement sur la santé mentale des jeunes se font encore ressentir à l'heure actuelle. Il est indispensable de tout mettre en œuvre pour que les budgets supplémentaires conséquents dégagés par le pouvoir fédéral pour de l'aide psychologique de première ligne envers les jeunes puissent effectivement être utilisés. Cela nécessite de poursuivre les discussions de collaboration avec le ministre fédéral de la Santé, pour rendre complètement opérationnel ce dispositif tout à fait innovant. C'est d'ailleurs ce que vous faites. Je ne manquerai pas de revenir vers vous à cet égard et de continuer à suivre cette question.

Si des collaborations s'organisent, il me revient de certains centres PMS dans la région de Liège que, même si les collaborations sont bonnes, il n'y a pas assez de psychologues engagés par les services de santé mentale. Les centres PMS ne savent dès lors pas renvoyer les jeunes vers des psychologues de première ligne, alors que les budgets sont disponibles. C'est un réel problème. Même si cela ne relève pas de vos compétences, vous pourriez peut-être en discuter avec la ministre Morreale et le ministre fédéral de la Santé. C'est très important, car cela bénéficie à l'enseignement et aux enfants.