Question sur le projet "Ma Commune dit oui aux langues régionales"

08/06/2021

Question écrite de Madame Stéphanie CORTISSE, Députée, à Madame Bénédicte LINARD, Ministre de la Culture, relative au projet "Ma commune dit oui aux langues régionales"

Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR).- Madame la Ministre, lors de la précédente législature, votre prédécesseure la Ministre Alda Gréoli avait instauré le projet "Ma commune dit oui aux langues régionales".

Ce projet a pour but la création d'un label et la constitution d'un réseau de communes labellisées s'engageant à mettre en œuvre une série d'actions concrètes en faveur des langues régionales présentes sur leur territoire.

Il repose ainsi sur deux éléments principaux : la signature d'une convention par laquelle la Commune s'engage à promouvoir les langues régionales endogènes sur son territoire, et l'octroi d'un label par un Comité de labellisation ad hoc, qui accompagne la Commune dans la mise en œuvre des actions auxquelles elle s'est engagée.

Pour obtenir ce label, les communes doivent s'engager à mettre en œuvre au minimum 15 actions parmi celles listées, dont au minimum 2 dans chacun des domaines cités (communication, culture, enseignement, signalétique, tourisme et vie économique), ainsi qu'obtenir un total de 100 points, sachant que chaque action équivaut à 5 ou 10 points.

Madame la Ministre, mes questions sont les suivantes :

Je vous remercie pour vos réponses.

Mme Bénédicte Linard, Ministre de la Culture.- Je commencerai par saluer le travail de ma prédécesseure dans la mise en œuvre du label «Ma commune dit oui aux langues régionales». 

La première évaluation de cette action fait état d'un bilan très positif. Menée par le CLRE, le Service de l'évaluation des politiques publiques de la Direction de la recherche de la Fédération Wallonie-Bruxelles et l'Observatoire des politiques culturelles, cette évaluation repose sur le travail d'un groupe de discussion rassemblant les communes labellisées. Toutes les communes ont estimé qu'elles souscriraient de nouveau au projet s'il était reconduit. Le label représente à leurs yeux un outil de diagnostic, de prospective, de planification et de sensibilisation. Il offre également une reconnaissance, de la part des pouvoirs publics, de l'important travail réalisé par les acteurs et les associations de terrain. Le dispositif reste donc bien évidemment ouvert et j'encourage de nouvelles communes à poser leur candidature. Parmi les points positifs, le bilan relève la lisibilité du processus, la pertinence des actions proposées aux communes et la pondération des actions et leur adéquation avec la durée d'attribution du label de trois ans. Parmi les points d'amélioration, citons le renforcement de la communication vers le public, tant par les communes que par le CLRE et le Musée de la Vie wallonne, le prestataire de services désigné par marché public. Le bilan relève aussi le besoin de pérenniser le dispositif en incitant les mandataires politiques à inscrire la concrétisation des actions dans des plans stratégiques transversaux. Enfin, l'évaluation pointe aussi la possibilité de développer le catalogue des services mis à disposition des communes et de permettre l'accès à des dispositifs financiers existants et prévus par le décret du 24 mars 2006 relatif à la mise en œuvre, la promotion et le renforcement des Collaborations entre la Culture et l'Enseignement. L'enseignement des langues régionales constitue assurément un axe important de leur sauvegarde. Le Conseil de la langue française et de la politique linguistique (CLFPL) mène actuellement une réflexion relative au cours d'éveil aux langues et soumettra bientôt des propositions. Par ailleurs, l'action «Ma commune dit oui aux langues régionales» impose aux communes labellisées d'organiser au moins deux actions éducatives. Ces différents dispositifs sont relativement souples et rencontrent souvent l'adhésion des parents. Enfin, la Direction de la recherche est en train de lancer une étude sociolinguistique sur la vitalité des langues régionales endogènes sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les futures données seront précieuses pour mieux identifier les besoins linguistiques et territoriaux et développer des actions plus ciblées avec l'appui des pouvoirs locaux. Voici une dizaine de jours, j'ai assisté à la cérémonie de labellisation des nouvelles communes. En tant que pure Bruxelloise, une echte brusseleir qui grandi au son des schieven architek et des schieve lavabo, j'ai eu un immense plaisir à découvrir ces langues régionales. Les différents bourgmestres et échevins de la culture se sont exprimés dans leur langue. Ce fut un riche moment d'échange de particularismes linguistiques. Il était enthousiasmant de constater la vivacité des langues régionales appelées à prendre de l'extension. Cette cérémonie fut bien différente des réunions du Comité de concertation (Codeco) et autres organes de suivi de la crise sanitaire auxquelles j'assiste régulièrement. J'y ai rencontré des personnes fières et désireuses de défendre et de partager leur langue, qui a parfois été jugée trop populaire ou vulgaire et reléguée au rang de patois. La dynamique a changé, puisqu'on constate un regain d'intérêt pour ces langues qui façonnent notre identité.

Voici donc le premier bilan de l'opération « Ma commune dit oui aux langues régionales endogènes ». Réalisé par le Service des langues régionales endogènes, le Service de l'évaluation des politiques publiques (au sein de la Direction de la Recherche) et l'Observatoire des politiques culturelles, ce bilan repose sur la constitution d'un focus groupe composé des communes labellisées. Vous y lirez qu'il est positif, malgré quelques éléments d'amélioration souhaités par les communes interrogées.

Pour le surplus, voici le complément de réponses à vos questions :

Lors de la cérémonie de labellisation du 8 mai dernier, 15 communes supplémentaires sont venues rejoindre les 13 déjà labellisées en 2018.

Comme vous savez sans doute, la convention proposée à la signature des communes liste 36 actions possibles relevant de quatre domaines : communication ; culture ; enseignement ; signalétique, tourisme et vie économique.

Les actions les plus fréquemment mises en place sont les engagements dans le domaine de la communication, comme la « signature de la Charte pour les langues régionales ou minoritaires » (version locale de la Charte européenne pour les langues régionales ou minoritaires) et la réalisation, en collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), d'une enquête sur la connaissance des langues régionales endogènes au sein de la population.

Pour ce qui concerne les engagements culturels, la « mise à disposition d'infrastructures pour des spectacles et activités en langues régionales endogènes pour les particuliers ou les associations qui en font la demande », « l'organisation annuelle d'un spectacle en langues régionales endogènes au sein du centre culturel » (ou d'une institution culturelle équivalente gérée par la commune) ou encore la « constitution et valorisation d'un fonds d'ouvrages en langues régionales endogènes à la bibliothèque communale » (actualisé annuellement) sont des engagements fréquemment privilégiés par les communes.

Le Comité de labellisation accompagne les communes dans la mise en œuvre des actions auxquelles elles se sont engagées. Il est composé de représentants de la FWB-Culture, du Conseil de la langue française, des langues régionales endogènes et des politiques linguistiques, de l'Union des Villes et des Communes, de la Fédération des Provinces wallonnes et du Commissariat général au Tourisme. Chaque commune est tenue de communiquer un rapport annuel d'activités. Le Comité de labellisation évalue les actions entreprises et vérifie si les engagements sont respectés. Si la commune éprouve des difficultés à mettre en place certaines d'entre elles, le Service des langues régionales endogènes active le réseau de communes labellisées et les opérateurs actifs sur le territoire pour apporter une solution aux problèmes.

La diffusion et la promotion du label « Ma commune dit oui aux langues régionales » est réalisée via les sites Culture.be et languesregionales.cfwb.be, les réseaux sociaux, un fichier d'adresses ciblé, les communes adhérentes et les opérateurs soutenus.

Enfin, les réponses aux questions écrite 284 du 27 janvier 2021 de Madame Galant et orale n°9 de la Commission du 23 février 2021 de Madame Roberty vous informeront également sur d'autres actions de préservation des langues régionales en FWB. Parmi elles, citons prioritairement la sensibilisation du jeune public et le développement de la belle collection de littérature de jeunesse bilingue « Les babelutes » (langue régionale-français). Citons également le lancement d'une étude sociolinguistique sur la vitalité des langues régionales endogènes sur le territoire de la FWB par la Direction de la recherche, en collaboration avec l'Observatoire des Politiques Culturelles et le Service des langues régionales. Ce diagnostic très attendu permettra d'identifier plus clairement les besoins dans les différentes langues en FWB. Mon Administration pourra, par exemple, utilement sensibiliser les pouvoirs locaux à la promotion des langues sur leur territoire, et proposer, avec leur appui, une action plus ciblée articulée aux besoins des différentes langues.

Je vous remercie pour votre question.