Question sur le test de maîtrise du français pour les étudiants futurs enseignants

11/01/2024

Question écrite de Madame Stéphanie Cortisse, Députée, à Madame Caroline Désir, Ministre de l'Education, relative aux résultats du test de maîtrise de la langue française pour les étudiants futurs enseignants

Mme Stéphanie Cortisse.- Madame la Ministre, une des nouveautés de la formation initiale des enseignants (FIE) est l'organisation d'une épreuve de maîtrise approfondie de la langue française (EMLF), organisée début octobre, en première année d'études supérieures, pour les futurs profs de la maternelle à la troisième secondaire. Facultative, elle s'adresse aux étudiants de première année en tout début de cursus. Ceux qui la réussissent valident automatiquement les cinq crédits correspondants. Les autres doivent ajouter ce cours à leur programme et le valider comme les autres.

L'épreuve était composée de deux parties : répondre à un questionnaire à choix multiples (QCM) permettant de vérifier la bonne compréhension d'un écrit, et rédiger un texte argumentatif. Elles correspondent au niveau C1 du cadre européen de référence pour les langues (qui va de A1 à C2, on n'est donc pas au niveau le plus élevé). Pour réussir, il fallait trois conditions : obtenir 60 % de réponses correctes au QCM, atteindre 97 % de formes correctes dans l'argumentaire écrit (sont considérées comme incorrectes les erreurs d'orthographe, de grammaire, de lexique, de syntaxe et de ponctuation) et obtenir une évaluation d'au moins 50 % pour le contenu de cette production personnelle.

Sur les 4.340 étudiants actuels des filières concernées, 3.442 se sont inscrits à l'épreuve et 3.102 l'ont présentée (soit 70 % des étudiants concernés). Le QCM a été réussi par 63 % des candidats. L'argumentaire, par contre, a fait échouer beaucoup de monde : seulement 47 % ont satisfait aux exigences d'orthographe, de grammaire, etc. Pire : la production écrite d'à peine 34 % des participants a été jugée satisfaisante sur le fond. Résultat : seulement 21 % des étudiants (655) ayant présenté la nouvelle épreuve l'ont réussie, comme le relate La Libre Belgique dans un article de presse paru le 6 décembre dernier.

Interrogée dans cet article de presse, vous avez répondu, Madame la Ministre, que vous ne souhaitiez pas faire de commentaire car cela concernerait l'enseignement supérieur. Or, soyons de bon compte, ces étudiants ont passé le test à l'entame de leur cursus dans l'enseignement supérieur et c'est bien évidemment à l'enseignement obligatoire qu'il revient d'apprendre le français, l'écriture, l'orthographe, la grammaire, la syntaxe et la ponctuation aux élèves.

Un jour après la parution des résultats à l'épreuve internationale PISA où nos élèves ont encore reculé en lecture, cela pose à nouveau la question du niveau de notre enseignement obligatoire dans une matière aussi essentielle qu'est le français, qui plus est pour des étudiants voulant devenir enseignants ! On est en droit de se demander comment ces étudiants ont pu réussir leur CESS.

Cela fait également écho à la demande de mon groupe de relever le niveau d'exigence de réussite aux épreuves externes certificatives de l'enseignement obligatoire de 50 à 60 %, à l'heure où certains voudraient carrément supprimer l'épreuve du CEB avec l'arrivée du nouveau tronc commun. Nous devons maintenir le CEB, ainsi que le CE1D (à transformer en CTC, certificat du tronc commun), ainsi que le CESS, en relevant leur seuil de réussite. Nous proposons également avec mon groupe d'instaurer une nouvelle épreuve externe certificative qui évalue les apprentissages de base en fin de 3e primaire.

Pour ce qui concerne le CEB, dans l'accord de Gouvernement repris dans la Déclaration de Politique Communautaire (DPC) 2019-2024, il est d'ailleurs expressément prévu, rappelons-le, que : « Le Gouvernement renforcera le niveau d'exigence du CEB en chargeant la Commission des évaluations d'adapter l'épreuve aux nouveaux référentiels du tronc commun et de s'assurer que l'épreuve du CEB permet d'évaluer correctement les acquis attendus des élèves en fin de sixième année de l'enseignement primaire et dans l'objectif de poursuivre avec fruit leur parcours scolaire. Le cas échéant, l'épreuve externe sera adaptée ».

Madame la Ministre, mes questions sont les suivantes :


Mme Caroline Désir, Ministre de l'Education.- Madame la Députée, le test facultatif de maîtrise de la langue française organisé en début de cursus auprès des étudiants-futurs enseignants porte sur le niveau de maîtrise attendu en fin de cursus. Par conséquent, il ne peut servir à éclairer le niveau des élèves au sortir de l'enseignement obligatoire. Il éclaire juste sur les compétences à atteindre pour passer du niveau d'un élève au terme de ses études secondaires à celui d'un enseignant. Vous conviendrez qu'on ne peut pas avoir les mêmes attentes vis-à-vis de l'un ou de l'autre.

En tout état de cause, je me réjouis de constater que près d'un étudiant sur deux maîtrise très bien l'orthographe à l'entame de ces études. Deux-tiers d'entre eux ont par ailleurs démontré une compréhension fine d'un texte scientifique au niveau de littératie élevé, et ce en tout début de formation.

Jusqu'à présent, les travaux du groupe de travail « post-tronc commun » ont essentiellement porté sur la structure et sur l'agencement des filières d'enseignement, afin d'assurer la double transition entre le tronc commun d'une part, et la fin de l'enseignement obligatoire d'autre part. Dès lors, les questions relatives à la certification et au périmètre des attendus en fin d'enseignement secondaire supérieur n'ont pas encore été abordées aussi précisément.

Le Chantier n°2 du Pacte pour un Enseignement d'excellence, dédié au tronc commun, poursuit, quant à lui, les réflexions relatives aux évaluations externes certificatives (EEC) que représentent le CEB et le futur CTC, conformément aux dispositions décrétales inscrites dans le Code de l'enseignement.

Comme vous le savez – puisque les dimensions relatives aux épreuves externes avaient été discutées lors de l'élaboration de la déclaration de politique communautaire – le Code ne prévoit pas d'EEC en fin de troisième primaire. Des évaluations externes non certificatives sont néanmoins organisées en troisième et en cinquième années afin d'informer les équipes éducatives quant aux acquis de leurs élèves, à travers un diagnostic des difficultés rencontrées et des pistes d'actions pédagogiques mises à disposition sur enseignement.be et sur e-classe.