Question sur l'échange de professeurs de langues entre Communautés

04/01/2021
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président, sur les échanges de professeurs de langues natifs entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Communauté flamande et la Communauté germanophone.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- En décembre 2019, je vous interrogeais sur la nécessité de renforcer les échanges de professeurs de langues natifs entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Communauté flamande et la Communauté germanophone.

La Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit clairement qu'en vue de «renforcer quantitativement et qualitativement l'apprentissage des langues», il convient notamment de développer les échanges d'enseignants entre Communautés.

Pour rappel, si un nouveau cadre légal a été adopté en 2014 afin de faciliter les possibilités d'échanges d'enseignants entre Communautés, ces échanges sont toutefois très rarement organisés.

Vous avez précisé avoir déjà rencontré vos homologues flamand, Jan Jambon, et germanophone, Oliver Paasch, et avoir décidé ensemble de créer un groupe de travail incluant les différentes administrations et les ministres compétents, en vue d'identifier les causes de cet échec, de supprimer les freins existants et de permettre l'intensification des échanges.

Monsieur le Ministre-Président, une année s'est écoulée depuis. Ce groupe de travail a-t-il pu être mis en place, malgré la crise que nous connaissons? Pourriez-vous en dire davantage sur cette volonté commune d'intensifier les échanges de professeurs de langue natifs entre les trois Communautés de notre pays? Quelles sont les premières pistes de réflexion à cet égard?

M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président.- Madame la Députée, j'ai en effet rencontré il y a environ un an mes homologues ministres-présidents de la Flandre et de la Communauté germanophone. À cette occasion, j'ai abordé avec chacun d'eux la question de l'échange d'enseignants entre Communautés.

La DPC prévoit en effet qu'un tel mécanisme doit être développé. Par ailleurs, à titre personnel, j'y tiens énormément. Je ne peux concevoir que notre diversité linguistique soit une barrière et non une richesse.

Plus récemment en date du 10 décembre dernier, mon gouvernement a approuvé le programme de coopération entre la Communauté française et la Communauté germanophone pour 2021-2024. Ce programme sera par ailleurs prochainement débattu au sein de cette Commission.

Ce programme de coopération prévoit que la Communauté germanophone et la Fédération Wallonie-Bruxelles ambitionnent de favoriser l'échange d'enseignants dits «native speakers». En effet, l'apprentissage d'une langue par un professeur enseignant dans sa langue maternelle ou paternelle est une plus-value pour l'élève qui ne doit plus être démontrée.

Ainsi, les deux Communautés s'engagent à identifier les freins à cet échange d'enseignants et à éventuellement adapter les textes légaux et administratifs. Les services compétents assureront la promotion de cette nouvelle possibilité qui s'offrira au personnel enseignant.

Dans la mesure du possible, ce dispositif sera également mis en place avec la Flandre.

C'est une intention louable, mais nous savons que la mise en œuvre est évidemment compliquée. Nous avons un problème de pénurie, non seulement en Flandre et en Fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi en Communauté germanophone. Lors de votre précédente question, je vous avais fait part de la chronologie des différents mécanismes qui ont précédemment été mis en place, mais qui - nous devons malheureusement le constater - ne portent pas leurs fruits. Je ne reviendrai pas sur ces constats.

Le groupe de travail qui devait être mis en place, comme vous l'avez mentionné dans votre question, n'a pas pu l'être en raison de la crise sanitaire que nous connaissons. Toutefois, j'ai chargé mon cabinet d'organiser cette première réunion en ce début d'année. Elle réunira les personnes compétentes du ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le cabinet de la ministre de l'Enseignement ainsi que le mien. Dans un premier temps, le groupe de travail sera propre à notre Fédération et aura pour mission d'analyser les freins et possibilités qui s'offrent concrètement à nous afin de favoriser l'échange d'enseignants entre Communautés. Une fois ce travail réalisé, le groupe s'étendra aux autres Communautés.

Je vous remercie pour l'intérêt que vous portez à cette importante problématique et question ainsi qu'à l'échange de professeurs.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Je suis persuadée comme vous, Monsieur le Ministre-Président, que les relations entre les Communautés de notre pays peuvent et doivent être renforcées dans bien des matières et notamment en ce qui concerne l'apprentissage des langues.

Je me réjouis donc que vous alliez dans cette direction au moyen du programme de travail 2021‑2024 que vous avez adopté avec votre gouvernement le 10 décembre dernier, mais aussi par l'intermédiaire du groupe de travail d'abord spécifique à la Fédération Wallonie-Bruxelles et ensuite élargi par la suite aux différentes Communautés.

Ce point me paraît essentiel pour améliorer la qualité de notre enseignement dans le domaine de l'apprentissage des langues étrangères, à côté d'autres mesures comme l'éveil aux langues dès les années maternelles, les nouveaux référentiels du tronc commun qui imposent l'apprentissage d'une première langue moderne dès la troisième année primaire ou encore le développement de l'enseignement en immersion. En ce qui concerne cette dernière mesure qui est également prévue par la Déclaration de politique communautaire (DPC), j'interrogerai la ministre de l'Éducation sur cette question demain en commission.

Je ne manquerai pas de suivre le dossier avec attention et de revenir vers vous au moment opportun. Comme vous l'avez dit, l'accord de coopération avec la Communauté germanophone sera discuté au sein de votre commission. Je ne manquerai pas d'être attentive à la mesure spécifique sur l'échange des professeurs natifs entre les Communautés.