Question sur les collaborations entre les acteurs de l'école et de l'Accueil Temps Libre
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation, à propos des collaborations entre le secteur de l'accueil temps libre (ATL) et l'enseignement obligatoire
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - La réforme de l'accueil temps libre (ATL) fait partie des principaux objectifs de votre gouvernement durant cette mandature. Lors de sa séance du 25 mars dernier, il vient d'ailleurs d'adopter une note d'orientation sur laquelle je ne manquerai pas d'interroger ce même jour la ministre Linard. Dans son chapitre relatif à l'enseignement obligatoire, la Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit, de «veiller à mieux articuler la politique éducative mêlant scolaire et extrascolaire, en associant les acteurs des secteurs concernés» et, dans son chapitre relatif à l'enfance, «d'élaborer une stratégie avec les acteurs scolaires et extrascolaires, en vue de la construction d'une politique éducative cohérente mêlant scolaire et extrascolaire».
Je rejoins totalement cet objectif de renforcement de la collaboration entre les accueillants extrascolaires et les équipes éducatives afin d'avoir une vision intégrée de l'ATL avec l'école. Cette demande, forte et récurrente, émane de tous les acteurs du secteur de l'ATL que j'ai pu rencontrer avec mon groupe. Dans l'avis n° 3 du Groupe central du Pacte pour un enseignement d'excellence et plus précisément dans son axe stratégique n° 2, l'accent est mis sur le renforcement des collaborations entre les acteurs de l'école, notamment par le biais de l'élaboration du plan de pilotage et le conseil de participation. Rien n'est toutefois prévu concernant la collaboration entre le secteur de l'ATL et les écoles.
Une des manières d'y parvenir serait d'inclure les accueillants extrascolaires dans les conseils de participation des écoles. Cet organe, qui se réunit au moins quatre fois par an, doit débattre et émettre des avis sur le projet d'établissement, sur le règlement d'ordre intérieur, sur le plan de pilotage et le contrat d'objectifs de l'école. Étonnamment, il regroupe le directeur, des élus communaux ou provinciaux lorsque le pouvoir organisateur est communal ou provincial, des enseignants, des parents, des élèves, du personnel administratif et ouvrier des écoles (PAPO) ainsi que des membres représentant l'environnement social, culturel et économique de l'établissement, mais pas les accueillants extrascolaires.
Dans ma propre commune, au titre de conseillère communale, je participe à un conseil de participation de l'école primaire communale et la concierge y siège en tant que membre du PAPO. Là aussi, les accueillantes extrascolaires n'y sont pas du tout représentées. Pour ma part, c'est un des premiers points sur lesquels nous pourrions travailler pour les inclure afin de mêler les vies scolaire et extrascolaire. De cette manière, les accueillantes extrascolaires se sentiraient mieux intégrées au sein de l'établissement scolaire. Par ailleurs, l'offre et la qualité de l'accueil extrascolaire devraient faire partie intégrante des plans de pilotage des écoles, qui devraient dès lors être élaborés non seulement en concertation entre le directeur et les équipes éducatives, mais aussi, sur le plan du secteur de l'accueil extrascolaire, avec les accueillants et coordinateurs ATL.
Madame la Ministre, les acteurs de l'ATL ne pourraient-ils pas être intégrés dans la composition des conseils de participation des écoles? L'offre et la qualité de l'accueil extrascolaire ne pourraient-elles pas faire partie intégrante des plans de pilotage des écoles? Je parle pour l'avenir puisque certains plans de pilotage ont déjà été rentrés. Sur ce point, les acteurs de l'ATL ne devraient-ils pas collaborer avec le directeur et les équipes éducatives à l'élaboration des plans de pilotage? De manière générale, quelle collaboration existe-t-il aujourd'hui entre la ministre Linard et vous-même sur la réforme du secteur ATL et, plus particulièrement, sur l'élaboration d'une stratégie avec les acteurs scolaires et extrascolaires, comme le relève la DPC «en vue de la construction d'une politique éducative cohérente entre les deux secteurs»?
Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation. - Je vous remercie d'abord, Madame la Députée, pour cette question tout en partageant votre avis sur la nécessaire révision des articulations et coordinations entre les univers scolaire et extrascolaire.
Dans cet esprit, j'ai précisément tenu à organiser les concertations utiles sur la réforme des rythmes annuels avec la ministre de l'Enfance. Ensemble, nous avons reçu nombre d'acteurs et d'opérateurs de l'ATL.
Tout récemment, sur la proposition de la ministre Linard, le gouvernement a adopté la note d'orientation déterminant les axes de travail de la future réforme du secteur de l'ATL. En particulier, un des axes de cette note concerne la question de l'imbrication de l'école avec les opérateurs de l'accueil extrascolaire.
Toujours selon l'approche défendue par la ministre Linard, cette nécessaire coordination doit d'abord être pensée par les opérateurs eux-mêmes. Composée de représentants du secteur ATL et de l'école, une commission transversale est chargée d'inventorier les pistes d'action favorisant le décloisonnement entre les éducations formelle et informelle en vue de garantir un continuum pédagogique et une alliance éducative véritable au service de tous les jeunes. Les propositions que vous faites pourraient faire l'objet d'une analyse partagée par ces opérateurs.
Ceci étant, le cadre actuel prévoit déjà la possibilité de collaborations plus étroites tant pour l'exécution du plan de pilotage que pour une présence des partenaires de l'école au sein des conseils de participation. Concernant la première de vos propositions, en fonction des objectifs spécifiques et des actions identifiées en vue de les atteindre, l'école est tout à fait en mesure d'intégrer les associations de l'ATL dans sa stratégie. Le Code de l'enseignement permet déjà l'intégration des opérateurs l'ATL dans la composition des conseils de participation des écoles puisqu'il prévoit d'y intégrer l'ensemble de la communauté éducative et ses partenaires, notamment les associations avec lesquelles l'établissement travaille.
Plus fondamentalement,
une autre culture de travail doit émerger entre les
opérateurs scolaires et extrascolaires. J'espère que
les mesures prises par mes départements, couplées à la stratégie de la ministre Linard, permettront de
mieux avancer dans ce sens.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Je vous remercie vivement, Madame la Ministre, pour vos réponses et l'intérêt que vous portez à mes propositions. Le renforcement des collaborations entre les accueillants extrascolaires et les équipes éducatives est un enjeu primordial. Faut-il le décréter, rendre cette collaboration obligatoire? Je pense que oui, car, sur le terrain, la collaboration ne coule pas de source, même entre les enseignants ou entre ceux-ci et le directeur de l'école ou encore entre les équipes éducatives et les parents d'élèves.
Pour cette raison, l'accent est d'ailleurs mis dans le Pacte pour un enseignement d'excellence sur le renforcement des collaborations entre les opérateurs de l'école notamment, je l'ai déjà dit, par le biais de l'élaboration du plan de pilotage et le conseil de participation de l'école. Puisque ces collaborations sont un peu forcées par le pacte, pourquoi ne pas le faire entre les opérateurs de l'accueil extrascolaire et l'école? Je le répète, il me paraît pertinent d'inclure les opérateurs de l'ATL dans le double mécanisme que j'ai déjà évoqué.
Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut une vision intégrée de l'ATL avec l'école, mais je n'entends jamais évoquer les pistes concrètes pour y parvenir. En voici deux. J'espère que vous en tiendrez compte dans vos réflexions avec la ministre Linard. Je vais également lui soumettre ces idées pour que l'analyse soit faite par les opérateurs dans le cadre de sa stratégie reprise dans sa note, mais j'attends de connaître d'abord la méthodologie de mise en œuvre. Elle me répondra tout à l'heure sur cette question particulière. Je ne manquerai pas de suivre ce dossier avec attention à la fois auprès de vous et de la ministre Linard.