Question sur les conditions d'âge pour passer les examens
			            Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, sur les dérogations aux conditions d'âge requis au moment de l'inscription aux examens organisés par les jurys.
Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Le rapport annuel 2018 du médiateur fait état de la situation vécue par un élève de 11 ans à haut potentiel. Fin 2019, il aurait souhaité passer le certificat d'études du deuxième degré de l'enseignement secondaire (CE2D). Étant donné qu'il ne remplis-sait pas les conditions requises, notamment en ce qui concerne l'âge minimum de 14 ans, ses parents ont demandé une dérogation à l'administration, qui l'a refusée. Le médiateur a réitéré la demande et il vous a sollicitée, également en vain.
Comme  le  précise  le  médiateur, «il  paraît contre-productif de rendre impossible l'épanouissement  de  facultés  hors  norme  dont  fait preuve  l'un  ou  l'autre  enfant.  Le  risque  est  grand de  voir  ces  jeunes  développer  une  désaffiliation scolaire  en  réaction  à  un  système  qui  non  seulement ne leur permet pas de développer leur talent, mais  qui  de  plus  les  condamne  à  de  longues  années  d'ennui  et, in  fine,  de  désintérêt,  voire  de dégoût  face  à  l'apprentissage.  Il  semble  raisonnable   d'encourager   l'appétit   face   aux   connaissances». 
Le médiateur recommande dès lors de revoir le décret du 27 octobre 2016 portant organisation des jurys de la Communauté française de l'enseignement secondaire ordinaire, en prévoyant la possibilité de déroger aux conditions d'âge requises au moment de l'inscription à ces examens.
Est-ce  que  cette  demande  du  médiateur  sera suivie  d'effets?  Pourquoi  n'avez-vous  pas  accédé à  la  demande  des  parents?  Est-ce  pour  une  question  de  maturité  ou  pour  ne  pas  surcharger  les sessions   du   jury? 
Cette condition d'âge existe également dans l'enseignement ordinaire. Comment expliquer le cas du petit L. Simons, surdoué de 9 ans, qui tente de terminer un cursus universitaire avant ses 10 ans? Je vous avais déjà interrogée à ce propos lors de la commission du 17 décembre 2019. Vous m'aviez répondu que c'était un cas exceptionnel et que son parcours relevait du choix de ses parents, mais qu'une réflexion plus approfondie s'imposait. À la lumière de ce deuxième cas soulevé par le médiateur, je pense que vous devez pousser cette réflexion plus avant.
Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation. - Le  refus d'inscription  délivré  à  cet élève  de  11  ans  a  été  arrêté  sous  la  législature précédente;  je  ne  peux  donc  pas  agir  sur  cette  décision. 
Néanmoins, je précise que pour inscrire un élève  au  jury  central  dans  l'objectif  d'obtenir  un CE2D,  l'âge  requis  est  de  14 ans  ou  de  13 ans  si l'élève  a  fréquenté  durant  deux  ans  le  premier degré  de  l'enseignement  secondaire. 
J'ai  pris  note de  l'avis  du  médiateur  face  à  la  situation  de  cet élève   vraisemblablement   en   souffrance   dans   le déroulement de son parcours scolaire. Les aménagements  raisonnables  ont  été  encouragés  pour  y  répondre  et  sont  envisageables tout au long du cursus scolaire afin d'accompagner     l'élève     dans     sa     singularité. 
Comme  je  l'ai  déjà  évoqué au  cours de la réunion du  17 décembre  dernier,  la  Fédération  Wallonie-Bruxelles met à disposition des équipes éducatives des  fiches-outils  reprenant  les  spécificités  propres des enfants à haut potentiel. Ces fiches leur proposent  non  seulement  des  pistes  et  des  idées,  mais également   différents   dispositifs.   Le   but   est   de permettre  à  ces  équipes  de  trouver  le  soutien  pédagogique  nécessaire  et  de  s'en  inspirer. 
L'école doit  être  inclusive  pour  tous  les  enfants,  tant  pour ceux  qui  éprouvent  des  difficultés  que  pour  ceux qui disposent d'un haut potentiel. Les  sauts  de  classe  sont  loin  d'être  la  panacée  pour  ces  derniers.  Ils  peuvent  constituer  une réponse   partielle   ou   ponctuelle   aux   difficultés, mais  aussi  en  provoquer  d'autres. 
Il  est  effectivement  important  de  rappeler  qu'il  est  impératif  de prendre  en  compte  le  développement global  de l'enfant.  Outre  la  sphère  cognitive,  il  faut  prendre en considération les domaines affectif, relationnel, et émotionnel. C'est  pourquoi,  pour  chaque  élève  en  difficulté,  une  approche  globale  incluant  la  participation de tous les partenaires doit être mise en œuvre entre  la  famille,  l'école,  le  centre  psycho-médico-social  (PMS)  et  les  autres  professionnels. 
Le regard de chacun éclairera la question de l'accompagnement et de l'orientation de l'élève dans un souci de bien-être, d'épanouissement et, dans le cas cité, de stimulation du potentiel souligné par le médiateur. Une telle approche doit diminuer ostensiblement le risque de décrochage scolaire dû à l'ennui.
Une modification des textes réglementaires n'est pas forcément la solution à adopter ou à généraliser. Au contraire, elle pourrait s'apparenter à une solution rapide qui épargne la réflexion et ne se concentre que sur un pan du développement, sans aborder les moyens d'une approche collective dynamique, centrée sur l'enfant dans sa globalité unique et spécifique.
Mme  Stéphanie  Cortisse  (MR).- Pour  un élève  qui  est  doté  de  capacités  exceptionnelles,  la perte  de  l'appétit  pour  l'apprentissage  est  un  plus grand  danger  qu'une  confrontation  à  une  différence de maturité. Dans ces cas très rares, ce n'est pas  aux  élèves  qui  présentent  des  caractéristiques particulières  de  se  plier  à  la  rigueur  des  règles générales. 
L'une  des  missions  principales  des  pouvoirs publics  dans  l'enseignement  est  de  s'assurer  que chaque   élève   avance   dans   sa   scolarité   à   son rythme. 
 Madame  la  Ministre,  lorsque  vous  répondiez  à  ma  précédente  question,  vous  disiez  que  le parcours de l'élève relève du choix des parents. Si leur  décision  est  mûrement  réfléchie,  je  regrette qu'une  règle  imposant  un  âge  minimum  empêche l'évolution  souhaitée  par  les  parents. 
Vous pourriez envisager une modification du décret de manière à y insérer une exception pour ce type d'élèves hors norme.
