Question sur les classes par degrés face aux nouveaux référentiels et l'accompagnement personnalisé
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos des difficultés des classes par degré face aux nouveaux référentiels et l'accompagnement personnalisé
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Lors de mes visites dans des
établissements scolaires, des directions et enseignants m'ont fait part de deux
types de difficultés qu'ils rencontrent dans des classes «verticales»,
c'est-à-dire des classes organisées par degrés où sont regroupés des élèves de
première et deuxième années primaires, de troisième et quatrième années, etc.
Tout d'abord, les
anciens référentiels et programmes offraient plus de latitude aux instituteurs
titulaires d'une classe par degrés pour dispenser les apprentissages. Les
enseignants pouvaient, par exemple, regrouper la matière des deux années et en
dispenser une moitié ou l'autre alternativement d'une année scolaire à une
autre. Ce n'est plus possible dans le cadre des nouveaux référentiels et
programmes, qui doivent être vus strictement par année d'enseignement.
En outre, les
classes verticales du troisième degré posent un autre problème, car les
nouveaux référentiels et grilles horaires des cinquième et sixième années
primaires entreront en vigueur en 2024 et 2025 respectivement. L'entrée en
vigueur ne sera pas simultanée, alors que ce fut le cas pour les autres degrés
d'enseignement primaire: les nouveaux référentiels ont été introduits en 2022
pour les deux premières années d'enseignement et en 2023 pour les deux
suivantes.
Ensuite, le décret
du 20 juillet 2022 relatif au dispositif de l'accompagnement personnalisé
précise que les périodes d'accompagnement personnalisé ne peuvent servir à
dédoubler une classe et que le co-enseignement doit être privilégié. Si cette
disposition fait sens d'un point de vue pédagogique, pour une majorité
d'écoles, elle est beaucoup moins logique dans des classes organisées par
degrés. En effet, les instituteurs de ces classes aimeraient dédoubler leurs
classes par année d'enseignement à l'aide des périodes d'accompagnement
personnalisé. À cet égard, la circulaire 8936 du 1er juin 2023, intitulée
«Informations relatives à la mise en œuvre du tronc commun durant l'année
scolaire 2023-2024», précise que «dans ce cas, la balise n° 2 (interdiction
d'une réduction systématique de la taille de la classe) peut s'interpréter avec
souplesse. La prise en charge d'une seule des deux années d'une classe
verticale lors des périodes AP peut avoir du sens dans le cadre de la
différenciation pédagogique, à condition qu'elle ne mène pas à la constitution
de groupes de besoin pérennes.»
Madame la Ministre,
une souplesse est-elle prévue pour dispenser les nouveaux référentiels et
programmes des deux années d'une classe verticale d'une année à une autre ?
Comment les
instituteurs de classes verticales du troisième degré d'enseignement primaire
pourront-ils s'adapter aux grilles horaires des cinquième et sixième années? En
effet, ces années seront désynchronisées puisque le nouveau tronc commun
concernera la seule cinquième année en 2024.
Comment faut-il
interpréter la souplesse par rapport au dédoublement d'une classe verticale
dans le cadre des périodes d'accompagnement personnalisé? À partir de combien
de périodes sur une année faut-il considérer qu'il s'agit de groupes «pérennes»
non autorisés? N'est-il pas envisageable de laisser la pleine liberté
pédagogique aux instituteurs à cet égard?
Mme Caroline
Désir, Ministre de l'Éducation. – Les nouveaux
référentiels disciplinaires définissent effectivement des attendus par année
d'études. La logique spiralaire sur laquelle ils reposent et la transversalité
qui a été souhaitée entre les disciplines offrent toutefois aux équipes
pédagogiques de nombreuses possibilités afin d'adopter des méthodes compatibles
avec une organisation verticale des classes. Les programmes peuvent également
constituer une aide à cet égard puisque certains réseaux les présentent
actuellement par degrés. Nous devrions d'ailleurs recevoir les programmes des
cinquièmes et sixièmes primaires dans les prochains mois.
Par ailleurs, le
phasage annuel qui caractérise l'entrée en vigueur du tronc commun pourrait
faire obstacle, uniquement pour l'année 2024-2025, à la cohabitation des
cinquièmes et sixièmes primaires au sein d'une classe verticale. Aucune
information faisant état de telles difficultés ne m'est parvenue jusqu'à
présent, mais je me tiens à la disposition de chacun afin d'envisager toute
piste susceptible de soutenir les écoles.
Concernant
l'utilisation des périodes d'accompagnement personnalisé, une certaine
souplesse s'envisage quant au dédoublement de classes, à condition que celui-ci
ne débouche pas sur la constitution de groupes de niveaux pérennes. Si cette
dernière notion n'est pas strictement définie, les équipes pédagogiques
disposent toutefois de l'autonomie nécessaire à l'appréciation régulière des
besoins des élèves, conformément à la démarche évolutive caractérisant le tronc
commun.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Je ne manquerai pas de transmettre
votre réponse aux écoles et pouvoirs organisateurs qui m'ont interpellée à ce
sujet, Madame la Ministre. Je leur indiquerai également de vous contacter s'ils
devaient rencontrer un problème concernant les cinquièmes et sixièmes
primaires.