Question sur les écoles de devoirs au sein de maisons de repos

12/10/2021

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, à Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance, intitulée «Écoles de devoirs au sein de maisons de repos»

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Le 24 septembre 2021, j'ai visité la maison de repos et de soins Acacias à Molenbeek-Saint-Jean. Un des éducateurs spécialisés de l'établissement y a créé un véritable havre de paix et d'amusement à l'aide de plusieurs activités ludiques pour ses résidents. Il leur permet de sortir de la routine, d'avoir une vie sociale et de ne pas ressentir ce sentiment d'isolement tant présent chez les seniors dans les maisons de repos. 

Pour relater ses aventures avec les résidents, l'éducateur en question est allé jusqu'à créer une websérie, intitulée «Papy Booom», dont une cinquantaine d'épisodes sont disponibles sur internet. 

Si je vous interroge aujourd'hui, Madame la Ministre, c'est pour vous parler du véritable projet intergénérationnel organisé dans cette maison de repos. Une école de devoirs, organisée sous la forme d'une ASBL et reconnue par l'Office de la naissance et de l'enfance (ONE), est installée au sein même de l'établissement; la plupart de ses animateurs ne sont autres que des résidents de cette maison de repos. 

Outre l'aide aux devoirs, de véritables liens se tissent entre les enfants et les résidents au travers de discussions, d'activités créatives et de jeux. Ce projet permet la transmission des savoirs des aînés vers les plus jeunes et inversement. C'est une situation mutuellement bénéfique qui permet non seulement aux enfants d'être encadrés, mais aussi aux seniors de créer du lien social et de se sentir utiles. Cet échange entre générations véhicule aussi des valeurs essentielles comme le respect ou l'entraide. 

Madame la Ministre, existe-t-il des projets similaires d'école de devoirs au sein de maisons de repos en Fédération Wallonie-Bruxelles? Dans l'affirmative, disposez-vous d'une liste de ces projets? Quels sont les éventuels freins légaux et pratiques au lancement de tels projets? Envisagez-vous d'encourager de telles initiatives en Fédération Wallonie-Bruxelles? 

Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance. - Si l'école de devoirs Papy Booom est la seule école de devoirs reconnue par l'ONE et véritablement implantée au cœur même d'une maison de repos, les collaborations entre écoles de devoirs et maisons de repos sont courantes. Les ateliers créatifs communs, les goûters partagés et le soutien scolaire de la part de résidents en maison de repos s'organisent en différents lieux de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

Les enfants, les jeunes et les seniors sont demandeurs de ces échanges qui s'inscrivent pleinement dans la dynamique d'ouverture des écoles de devoirs et de l'accueil temps libre (ATL) sur leur quartier. 

Avant la création de l'école de devoirs Papy Booom, reconnue par l'ONE depuis le 1er septembre 2020, la maison de repos Acacias accueillait déjà ponctuellement des enfants d'une autre école de devoirs du quartier. Ce projet est donc l'aboutissement d'une dynamique d'ouverture de la maison de repos sur son environnement social direct. 

La création d'une école de devoirs au sein d'une maison de repos ou de soins peut nécessiter quelques accommodations. En effet, une école de devoirs doit être organisée par un pouvoir public ou une ASBL. En fonction du statut de la maison de repos, une autre personnalité juridique devra être créée le cas échéant. 

L'école de devoirs doit également être portée par une équipe pédagogique. En ce qui concerne l'école de devoirs Papy Booom, une dizaine de résidents assurent l'animation avec un éducateur et une ergothérapeute de la maison de repos. Outre leur grande motivation, ces derniers ont des compétences dans les domaines de la pédagogie et de la gestion de projets, ce qui garantit la réussite de la rencontre des deux publics. La maison de repos met donc du personnel à disposition en vue de la réussite du projet. 

L'accès des enfants, des jeunes et de leur famille aux maisons de repos et de soins impose également des aménagements. J'entends par là notamment l'adaptation de la gestion des entrées et des horaires, l'occupation des locaux et la cohabitation avec les résidents non impliqués dans le projet. L'espace, le mobilier et le matériel mis à disposition de l'école de devoirs doivent, par exemple, être adaptés aux enfants. 

Ce sont là des défis professionnels surmontables. Cependant, les mesures prises pour contenir la propagation de l'épidémie de Covid-19 constituent un frein réel à ces activités. Elles ont grandement fragilisé les collaborations des maisons de repos avec leur environnement social. 

Comme je l'ai déjà exprimé plusieurs fois dans le cadre de cette Commission, le droit au repos et aux loisirs est un droit fondamental pour tout enfant. Or, à l'heure actuelle, trop d'enfants en Fédération Wallonie-Bruxelles ne bénéficient d'aucun loisir. C'est pourquoi le gouvernement s'est fixé l'ambition, d'une part, de mieux articuler la politique éducative en mêlant le milieu scolaire et l'accueil extrascolaire et, d'autre part, de revoir, en concertation avec les secteurs, les législations concernant l'ATL et les écoles de devoirs. Le gouvernement souhaite offrir à tous les enfants un accueil extrascolaire et des loisirs de qualité, dans une continuité et une cohérence pédagogique avec l'école. C'est dans ce sens qu'il travaille. 

Dans ce contexte, sans nier l'intérêt du développement de projets intergénérationnels qui favorisent l'inclusion, la mixité, l'ouverture et la diversité, ma priorité reste, dans le cadre de l'actuelle réforme de l'ATL, de rassembler les activités au sein ou à proximité des écoles et, notamment, d'encourager et d'encadrer le partage des locaux, dans une perspective d'accessibilité à toutes et tous. Cela n'empêche évidemment pas de soutenir des initiatives en maison de repos telles que l'école de devoirs Papy Booom. 

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, je note qu'il n'existe pas d'autres projets similaires à «Papy Booom» en Fédération Wallonie-Bruxelles. Je le regrette, car les activités qui y sont organisées sont extraordinaires. Même si les locaux communs sont assez petits, l'aménagement réalisé est agréable à vivre, tant pour les enfants que pour les résidents de la maison de repos. Je vous conseille vivement de visiter cette école de devoirs. Vous aurez alors envie de soutenir le développement de ce type de projets par le biais de la Fédération Wallonie-Bruxelles. 

Par ailleurs, les freins ne sont pas seulement légaux ou pratiques; un réel changement des mentalités est nécessaire. Il faut casser les stéréotypes liés aux maisons de repos et aux jeunes de certains quartiers. Cette résidence en est un bel exemple. 

Nous devrions développer ce type de projets en parallèle aux écoles de devoirs attenantes aux établissements scolaires.