Question sur les épreuves certificatives externes 2021 (suivi)

09/03/2021
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation, concernant les épreuves certificatives externes de 2021 (suivi)

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, je vous ai récemment interrogée en séance plénière sur la circulaire 7971 «Dispositions relatives à l'octroi du certificat d'études de base (CEB) à l'issue de l'épreuve externe commune pour l'année scolaire 2020‑2021» et la circulaire 7972 «Directives relatives à l'organisation des épreuves externes certificatives «CE1D» et «CESS»«de l'année scolaire 2020‑2021». Ces deux circulaires, publiées le 16 février dernier, détaillent la procédure et les modalités pratiques de passation des épreuves externes certificatives de ce mois de juin 2021.

Je tiens à nouveau à saluer le choix de votre gouvernement de maintenir le passage des épreuves certificatives externes cette année, alors qu'elles avaient dû être annulées l'année dernière, à cause de la crise sanitaire. Cette décision permettra de retrouver un peu de normalité après deux années scolaires chamboulées et d'évaluer l'état des connaissances et des compétences acquises par nos élèves. C'est essentiel pour le pilotage de notre enseignement et surtout pour repérer les lacunes des élèves et procéder à des remédiations.

Vous m'avez rassurée concernant le contenu de ces épreuves qui tiennent bien compte de la liste des apprentissages essentiels fixée en septembre 2020, même si elles ont été établies et imprimées avant la crise sanitaire. En revanche, vous n'avez pas résolu une autre problématique sur laquelle j'ai attiré votre attention. En effet, les circulaires prévoient que, si des apprentissages essentiels n'ont pas été abordés par les élèves, dans certains établissements ou certaines classes, les équipes pédagogiques disposent d'une latitude pour ne pas tenir compte de certaines questions dans leurs cotations a posteriori.

Vous m'avez précisé que, préalablement à la passation de l'épreuve, chaque enseignant devra établir une liste des matières vues et non vues par rapport aux questions des épreuves. Quand il devra donner la note à l'élève, il tiendra compte de ces matières. Il pourra donner une note à titre indicatif ne tenant pas compte des points des questions portant sur des matières non vues. Il y aura donc deux notes: une note officielle et une note ne tenant compte que de la matière vue. Le jury d'école ou le conseil de classe pourra se baser sur ces deux notes pour décider d'octroyer ou non le certificat à l'élève. La décision doit être motivée, en détaillant ces divers éléments, afin d'assurer la transparence du processus.

Je regrette qu'on ne tienne compte des apprentissages essentiels non vus que dans les cotations et pas en amont. En passant leurs examens, les élèves risquent de tomber sur des questions qui ne leur disent rien. Cette situation peut engendrer des doutes sur le fait d'avoir vu ou non cette matière. Il en découle un stress supplémentaire et inutile. Me mettant à leur place, je m'imagine devant une épreuve de fin d'année alors que j'ignore si la matière a été vue ou pas ou si un chapitre a été oublié ou pas. Indéniablement, c'est une source de stress pour tous les élèves.

Madame la Ministre, par souci de clarté en faveur des élèves et pour permettre à ces derniers plus de sérénité dans le passage des examens, serait-il possible de demander aux enseignants, qui doivent de toute façon lister les matières que leurs élèves n'ont pas vues, de marquer ou de supprimer les questions concernées avant le passage des épreuves? J'imagine aussi que les élèves, au moment de passer ces dernières, demanderont aux enseignants si telle ou telle matière a été vue. D'une école à l'autre, les solutions apportées ne seront probablement pas les mêmes. Certains enseignants, voyant leurs élèves stressés, leur donneront des réponses, mais d'autres ne le feront pas. Avez-vous donc pu examiner ma proposition depuis nos échanges précédents?

Je précise que, si, pour des raisons de pilotage de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, vous et votre administration estimez indispensable que toutes les questions soient posées à tous les élèves et pour chaque épreuve, rien n'empêcherait les enseignants de marquer préalablement d'une petite croix les questions portant sur de la matière non vue et donc de prévenir les élèves. De plus, ces questions ne seront pas cotées ou le seront selon le système des deux cotes en veillant à prévenir les élèves. Va-t-on leur demander d'y répondre quand même pour des raisons de pilotage de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles? S'ils s'en sentent capables, tant mieux. Au moins, ce serait clair et les élèves sauraient quelle matière ils ont vue ou pas. Qu'en pensez-vous?

J'en viens maintenant à tout autre chose, d'ordre plus technique. Pour la première fois, conformément à la circulaire 7971, les inscriptions des élèves par les écoles primaires seront réalisées au moyen de l'application CEBSI. Pour l'enseignement ordinaire, les écoles doivent compléter le formulaire de cette application au plus tard le 23 avril et dans l'enseignement spécialisé pour le 26 mars. Pourriez-vous nous rassurer sur la facilité d'utilisation de cette nouvelle application par les écoles qui nécessite la création de comptes personnels d'accès? En quoi cette application facilitera-t-elle la tâche des directions d'école comme cela est annoncé dans la circulaire 7971?

Enfin, quelles seront les consignes sanitaires pour l'organisation des épreuves externes certificatives? Nous espérons tous un retour en présentiel à 100 % au plus vite de tous les élèves de l'enseignement secondaire, ce qui a normalement été décidé pour après les vacances de Pâques, sauf si la situation sanitaire se dégrade. Avez-vous imaginé l'hypothèse où l'hybridation pour 50 % du temps serait toujours ou de nouveau de mise à partir de la troisième année secondaire en raison de la situation sanitaire du mois de juin? Comment serait organisé le passage du certificat d'enseignement secondaire supérieur (CESS) dans ce cas?

Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation. - Madame la Députée, vos questions soulignent l'importance de la communication à établir pour rassurer les élèves et leurs parents à propos des épreuves de fin d'année. Sachez à cet égard qu'il a d'ores et déjà été demandé aux directions de relayer l'information au sujet des mesures spécifiques à cette année scolaire particulière. Une capsule vidéo a également été mise en ligne sur le site www.enseignement.be ainsi que sur ma page Facebook, mais il est évidemment important que cette communication soit réitérée un peu avant les épreuves. 

L'enseignant doit en effet communiquer clairement à ses élèves les éventuels contenus essentiels non vus qui pourraient faire l'objet d'un recalcul des résultats. Le fait de permettre aux enseignants de supprimer les questions avant l'épreuve pour éviter que l'élève n'y soit confronté est une option qui a été analysée, mais qui n'a pas été retenue. En effet, elle comporte le risque majeur de pénaliser un élève qui disposerait de la bonne réponse malgré tout et dont les points ne pourraient pas être pris en compte. En outre, ce qui sera fait l'année prochaine pour remédier aux lacunes des élèves engendrées par la crise sanitaire ne sera en adéquation avec la réalité que si elles sont correctement mesurées au moyen des résultats aux évaluations externes. Il est donc important, pour le pilotage, de soumettre les élèves à toutes les questions qui constituent une épreuve. Relevons par ailleurs que l'ouverture des paquets d'épreuves s'effectue à partir de 7h00 chaque matin et que les épreuves commencent entre 8h15 et 8h45. Si on s'en tient à votre scénario, l'enseignant disposera seulement d'une heure le matin même des épreuves pour en lire l'intégralité et décider des questions à supprimer ou non. De plus, dans l'agitation du démarrage de l'épreuve, il y a également un risque de confusion pour les élèves concernant les questions qui auraient été supprimées ou non. 

En ce qui concerne l'application CEBSI, il a été décidé de la lancer cette année après deux ans de tests auprès d'une cinquantaine d'écoles puisque les directions et leurs secrétariats ont salué le gain de temps qu'elle offre par rapport à l'ancien système. D'un point de vue technique, CEBSI évite aux directions d'encoder leurs données relatives aux élèves depuis leur propre application d'inscription, au sein d'un fichier Excel, et de les transmettre par courriel à un inspecteur. En effet, dans CEBSI, les données des élèves sont directement disponibles et il suffit de valider la liste pour que l'inscription au CEB soit confirmée. Certes, pour des raisons de sécurité des données, l'application est uniquement accessible par les comptes personnels. Cependant, une fois la création du compte réalisée, la direction pourra accéder à toutes les autres applications métiers avec ce compte. 

Quant à l'organisation pratique des épreuves, au regard de la crise sanitaire, il est a priori prévu qu'elles aient lieu en présentiel. Toutefois, par prudence, étant donné que la situation sanitaire évolue quotidiennement, il a été communiqué aux écoles que les conditions de passation des épreuves dépendront strictement des conditions sanitaires en vigueur au moment des épreuves. La direction et les PO devront par ailleurs s'assurer que le nombre d'élèves rassemblés pour la passation n'est pas supérieur à celui d'un groupe classe. Enfin, sachez que mes équipes travaillent en collaboration avec l'administration sur les différents scénarios qui pourraient survenir avant le mois de juin. Dès lors, si la situation sanitaire en vigueur au début du mois ne pouvait pas permettre l'organisation prévue, de nouvelles consignes devront immédiatement être communiquées aux écoles.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - En ce qui concerne ma proposition, je suis un peu déçue de votre réponse. Je vous remercie néanmoins d'avoir analysé cette piste. Je vous avais vue acquiescer de la tête lors de ma réplique en séance plénière. Vous comprenez donc le problème que je soulève, à savoir un stress dans le chef des élèves.

Je comprends que, de manière pratique, cela peut être compliqué à mettre en œuvre. Ne devrait-on toutefois pas épargner, après des moments particulièrement compliqués dans leur parcours scolaire, cette inquiétude aux élèves? Pourquoi ne pas ouvrir les questionnaires deux heures à l'avance? Les enseignants auraient le temps de lister les questions concernant la matière vue en cours. Je me permets d'insister à nouveau parce qu'au moment venu, on pourra parler de panique.

J'en viens à l'application CEBSI. Je salue cette réelle avancée dans la simplification des tâches administratives des directions d'école de l'enseignement fondamental. C'est une des nombreuses mesures prises par le gouvernement en ce sens.

Enfin, pour l'organisation des épreuves, on ne sait effectivement pas quelle sera la situation sanitaire au mois de juin. Il faut toutefois pouvoir anticiper. On peut imaginer plusieurs modalités en fonction du code couleur des écoles.