Question sur les liens ente les Organisations de Jeunesse et le monde scolaire

11/02/2020

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Valérie Glatigny, ministre de la Jeunesse à propos de ponts entre les organisations de jeunesse et le monde scolaire.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Madame la Ministre, les liens entre les organisations de jeunesse (OJ) et le monde scolaire sont particulièrement importants.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, en vertu de l'article 66 du décret du 26 mars 2009 fixant les conditions d'agrément et d'octroi de subventions aux organisations de jeunesse, chaque OJ reconnue a droit à un détaché pédagogique. Il est un lien essentiel entre le monde scolaire et le secteur de la jeunesse, dont les finalités sont proches.

Actuellement, il n'est possible aux OJ de ne bénéficier que d'un seul détaché pédagogique, peu importe son régime horaire, qu'il soit à mi-temps ou à temps plein. Ainsi, les OJ sont poussées à demander des détachements d'un enseignant à temps plein afin de maximiser les bienfaits qu'il peut leur apporter. Dans l'autre sens, les OJ sont des partenaires privilégiés des écoles puisqu'elles favorisent des méthodes d'apprentissage différentes de celles qui y sont pratiquées habituellement.

Une solution, émanant des OJ elles-mêmes, pourrait améliorer la situation et les liens entre ces deux secteurs. Il s'agit de répartir deux mi-temps d'enseignant sur un temps plein par OJ, avec l'accord des enseignants. Ceci permettrait à chacun des détachés de conserver un pied dans chaque secteur et ainsi de construire des partenariats durables et enrichissants entre le monde scolaire et les organisations de jeunesse.

Que pensez-vous de cette proposition de répartition de l'équivalent-temps plein détaché sur deux enseignants par organisation de jeunesse? Cette proposition a-t-elle déjà été discutée dans vos services ou au gouvernement?

Quelles autres actions prévoit le gouvernement pour renforcer les liens entre les deux secteurs? Quelles sont les mesures déjà existantes et effectives, et celles à venir? Disposons-nous d'outils permettant de mesurer l'efficacité des politiques existantes?

Mme Valérie Glatigny, ministre de la Jeunesse.- Le décret du 26 mars 2009 a largement élargi les possibilités de détachement pédagogique aux organisations de jeunesse.

En effet, depuis lors, cette fonction est ouverte tout au long de la carrière des enseignants et des éducateurs nommés, et non seulement jusqu'à quarante ans comme précédemment. Par ailleurs, le détachement est désormais permis durant dix-huit années et non six.

Cela étant, ce décret est toujours améliorable, surtout lorsqu'il s'agit d'offrir davantage de souplesse aux bénéficiaires. Lors de ma récente rencontre avec les représentants de la commission consultative des organisations de jeunesse, j'ai abordé la question de la flexibilité dans la gestion des détachés pédagogiques.

Créer la possibilité de les détacher à mi-temps, alors qu'ils ne peuvent aujourd'hui qu'exercer à temps plein, ne serait pas inintéressant. Cela permettrait à la fois de se conformer au droit des enseignants à réduire leur temps de travail, mais aussi de répondre aux demandes d'autres qui souhaitent garder un emploi à mi-temps dans leur école et être attachés à une OJ pour l'autre mi-temps, faisant ainsi bénéficier les deux secteurs de leur expertise. Cette solution permettrait aux organisations de jeunesse qui le souhaitent de disposer de deux détachés pédagogiques à mi-temps pour des projets ou des lieux d'activité différents.

Cette piste doit naturellement être concertée avec la ministre Désir que je ne manquerai pas de contacter afin de mener une réflexion conjointe à ce sujet.

Concernant le renforcement des liens entre les secteurs de la jeunesse et de l'enseignement, je réaffirme l'importance que j'accorde à la réussite de la plateforme jeunesse-enseignement, qui rassemble des représentants des différents pouvoirs organisateurs de l'enseignement, des fédérations de jeunesse, ainsi que de l'administration de la Jeunesse et de l'administration de l'Enseignement et des deux cabinets.

Ceux-ci ont pour mission d'envisager la question de l'accueil des activités du secteur de la jeunesse dans les infrastructures scolaires et, ensuite, de souligner les accords pédagogiques et méthodologiques respectifs pouvant être partagés par les deux secteurs.

Après avoir pris le temps de mieux se connaître mutuellement, de se mettre au clair sur les missions communes et spécifiques à chacun et de déterminer ainsi les espaces où des passerelles mériteraient d'être créées, les membres de la plateforme ont mis en place un groupe de travail dans l'intention d'organiser une journée de rencontre et d'échange de pratiques de partenariat entre les secteurs de l'enseignement et de la jeunesse. La relation entre l'enseignement et la culture par le parcours d'éducation culturelle et artistique, l'appui concernant le suivi des élèves en décrochage et les questions liées à l'ambiance de classe devraient faire partie du programme de cette journée.

D'autres sujets pourraient également faire l'objet d'échanges de bonnes pratiques pédagogiques et méthodologiques comme l'éducation à la philosophie et à la citoyenneté, l'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, l'interculturalité, l'éducation à l'environnement et au développement durable, l'éducation aux médias, etc.; autant de domaines où les secteurs de la jeunesse et de l'enseignement peuvent travailler main dans la main dans l'intérêt du jeune.

Selon nos informations, cette première journée s'adressera prioritairement aux directeurs de zone, aux délégués au contrat d'objectifs, aux conseillers au soutien et à l'accompagnement, et bien sûr aux principaux responsables du secteur de la jeunesse et aux représentants de l'administration. Des contacts sont en cours pour garantir la participation et l'intérêt de ces acteurs.

En fonction de l'évolution de cette première journée, prévue encore cette année, cette plateforme pourrait alors être déclinée ensuite au niveau régional et au niveau provincial pour réunir les directions et leurs équipes pédagogiques -enseignants, accueillants- et les acteurs de jeunesse locaux. Il s'agira in fine d'un processus progressif visant à construire au mieux des partenariats de terrain.

Pour garantir la pérennité de cette plateforme et de ses projets durant cette législature, et je l'espère bien au-delà, mes services sont d'ores et déjà entrés en relation avec ceux de la ministre Désir et je ne doute pas que cette collaboration sera fructueuse.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Je vous remercie pour cette réponse très complète, Madame la Ministre. Je salue votre intérêt pour la proposition concrète relative aux détachés pédagogiques émanant des organisations de jeunesse, ainsi que votre intention de vous concerter avec la ministre Désir. Je salue également votre intérêt pour la création de liens entre le milieu scolaire et tous les acteurs du secteur de la jeunesse. Je ne manquerai pas de suivre avec attention tous ces beaux projets.