Question sur les résultats de la dernière enquête PIRLS en lecture
Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos des résultats de la dernière enquête PIRLS sur la lecture
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Madame la Ministre, PIRLS mène une
grande enquête internationale tous les cinq ans afin de mesurer le niveau de
compréhension à la lecture des élèves de quatrième année primaire.
La dernière enquête
reçue date de 2021 et les résultats sont particulièrement alarmants. En effet,
la Fédération Wallonie-Bruxelles est en bas du classement des pays de l'Union
européenne avec un score de 494. Certes, on se stabilise, mais l'on régresse de
trois points par rapport à la précédente enquête de 2016. Notons qu'il s'agit
du plus mauvais score de la Fédération depuis le début des enquêtes PIRLS en
2006.
Je suis en
possession de quelques chiffres par rapport à cette étude menée pour nos élèves
francophones. Seulement 3 % atteignent le niveau avancé, 20 % atteignent le
niveau élevé, 39 % sont au niveau intermédiaire et 27 % sont au niveau bas.
Plus grave, 11 % n'atteignent même pas le niveau bas.
Madame la Ministre,
en quoi le Pacte et les nouveaux référentiels vont-ils inverser la tendance au
niveau de la compréhension à la lecture? Quels sont les objectifs de la
Fédération Wallonie-Bruxelles à cet égard? Quels sont les indicateurs pour
mesurer la progression de nos élèves? Des mesures complémentaires à celles du
Pacte pour un enseignement d'excellence sont-elles envisagées par le
gouvernement en ce qui concerne la compréhension à la lecture et, plus
fondamentalement, les compétences de base?
Mme Caroline
Désir, Ministre de l'Éducation. – Le niveau de lecture
des élèves francophones est un sujet important, vaste et souvent commenté.
La nouvelle enquête
PIRLS a été menée en 2021, au moment où les élèves renouaient avec l'école
après plusieurs mois de suspension en raison de la crise de la Covid-19. Le
premier enseignement positif de l'enquête est que le choix de maintenir les
écoles au maximum ouvertes durant cette période a permis de limiter la casse en
matière d'apprentissages. Les experts que nous avons largement rencontrés
autour de l'analyse de l'enquête PIRLS le disent. L'autre bonne nouvelle est
que nous stabilisons nos résultats, alors que certains pays accusent une chute
assez vertigineuse de ces chiffres. Ce n'est pas notre cas, car nous n'avons
perdu que trois points. Les chercheurs considèrent que cette perte n'est pas
significative. Nous avons stabilisé les résultats en lecture alors qu'ils
diminuaient depuis plusieurs années. Ces bonnes nouvelles sont bien entendu
relatives puisque nous nous situons en bas de classement. Nous ne devons donc
pas nous réjouir de ces résultats. Nous devons évidemment faire beaucoup mieux
et nous avons énormément d'ambition en la matière.
Il a été pointé
positivement, tant au moment de ma rencontre avec les chercheuses de l'ULiège
que dans la presse et dans les différentes analyses autour de ces enquêtes, que
l'enquête avait été réalisée à un moment où notre tronc commun ne touchait pas
encore les enfants de niveau primaire. Selon leur analyse des résultats, le
référentiel de français répond très bien aux difficultés qui sont pointées. Ce
n'est pas vraiment une surprise puisque les référentiels ont été pensés et
conçus en réaction aux résultats des enquêtes PIRLS de 2011 et de 2016. Nous y
voyons donc un facteur d'espoir, car ils ont été calibrés pour remédier aux
difficultés qui y sont soulignées, que vous avez relevées, notamment les
grandes inégalités scolaires qui se révèlent au travers de ces compétences en
lecture.
Évidemment, le
travail ne s'arrête pas là. Ces enquêtes servent aussi à nourrir la réflexion,
et surtout à produire des outils pédagogiques pour les enseignants. J'ai même
proposé qu'ils soient complétés par des webinaires destinés aux instituteurs et
aux institutrices. Nous pouvons tirer des enseignements très concrets de
l'analyse. Par exemple, les élèves de quatrième année primaire ne sont pas
soumis à une complexité textuelle ou à une diversité des genres de textes suffisantes.
Ces questions peuvent être très concrètement améliorées sans trop de
difficultés. Nous mettrons tous ces points en musique pour accompagner le
déploiement du tronc commun, avec des outils à la disposition du corps
enseignant.
Le format d'une
question d'actualité sur un tel sujet crée de la frustration. Toutefois,
j'imagine que nous aurons l'occasion de le traiter à nouveau en commission.
Nous devons consacrer plus de temps à étudier les causes de cette situation et
les réponses que nous comptons y apporter, au regard de l'enquête PIRLS 2021.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – La compréhension à la lecture est la
base de tout. Comment les élèves peuvent-ils réussir en mathématiques, en
sciences, en histoire ou dans tout autre domaine du tronc commun s'ils n'ont
pas une bonne compréhension de ce qu'ils lisent? D'ailleurs, les concepteurs de
l'enquête PIRLS définissent la compréhension à la lecture comme un pilier de la
réussite scolaire, mais aussi du développement personnel et citoyen des élèves.
Certes, la
Fédération Wallonie-Bruxelles se stabilise et semble avoir limité la casse au
regard d'autres pays en période de Covid-19, mais la faiblesse manifeste des
performances en compréhension à la lecture de nos élèves francophones n'en est
pas moins alarmante.
Cette situation me
préoccupe beaucoup, et j'espère que les nouveaux référentiels, qui n'étaient
pas encore en vigueur en 2021, porteront leurs fruits. Mais il faut agir
au-delà de ce que prévoit le Pacte, en ce qui concerne non seulement la
compréhension à la lecture, mais aussi et plus généralement – et ce point est
cher à mon groupe – les apprentissages et les compétences de base.
Nous ne manquerons
évidemment pas de revenir vers vous en commission.