Question sur les résultats de la dernière enquête PIRLS en lecture

24/05/2023

Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos des résultats de la dernière enquête PIRLS sur la lecture

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, PIRLS mène une grande enquête internationale tous les cinq ans afin de mesurer le niveau de compréhension à la lecture des élèves de quatrième année primaire.

La dernière enquête reçue date de 2021 et les résultats sont particulièrement alarmants. En effet, la Fédération Wallonie-Bruxelles est en bas du classement des pays de l'Union européenne avec un score de 494. Certes, on se stabilise, mais l'on régresse de trois points par rapport à la précédente enquête de 2016. Notons qu'il s'agit du plus mauvais score de la Fédération depuis le début des enquêtes PIRLS en 2006.

Je suis en possession de quelques chiffres par rapport à cette étude menée pour nos élèves francophones. Seulement 3 % atteignent le niveau avancé, 20 % atteignent le niveau élevé, 39 % sont au niveau intermédiaire et 27 % sont au niveau bas. Plus grave, 11 % n'atteignent même pas le niveau bas.

Madame la Ministre, en quoi le Pacte et les nouveaux référentiels vont-ils inverser la tendance au niveau de la compréhension à la lecture? Quels sont les objectifs de la Fédération Wallonie-Bruxelles à cet égard? Quels sont les indicateurs pour mesurer la progression de nos élèves? Des mesures complémentaires à celles du Pacte pour un enseignement d'excellence sont-elles envisagées par le gouvernement en ce qui concerne la compréhension à la lecture et, plus fondamentalement, les compétences de base?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. – Le niveau de lecture des élèves francophones est un sujet important, vaste et souvent commenté.

La nouvelle enquête PIRLS a été menée en 2021, au moment où les élèves renouaient avec l'école après plusieurs mois de suspension en raison de la crise de la Covid-19. Le premier enseignement positif de l'enquête est que le choix de maintenir les écoles au maximum ouvertes durant cette période a permis de limiter la casse en matière d'apprentissages. Les experts que nous avons largement rencontrés autour de l'analyse de l'enquête PIRLS le disent. L'autre bonne nouvelle est que nous stabilisons nos résultats, alors que certains pays accusent une chute assez vertigineuse de ces chiffres. Ce n'est pas notre cas, car nous n'avons perdu que trois points. Les chercheurs considèrent que cette perte n'est pas significative. Nous avons stabilisé les résultats en lecture alors qu'ils diminuaient depuis plusieurs années. Ces bonnes nouvelles sont bien entendu relatives puisque nous nous situons en bas de classement. Nous ne devons donc pas nous réjouir de ces résultats. Nous devons évidemment faire beaucoup mieux et nous avons énormément d'ambition en la matière.

Il a été pointé positivement, tant au moment de ma rencontre avec les chercheuses de l'ULiège que dans la presse et dans les différentes analyses autour de ces enquêtes, que l'enquête avait été réalisée à un moment où notre tronc commun ne touchait pas encore les enfants de niveau primaire. Selon leur analyse des résultats, le référentiel de français répond très bien aux difficultés qui sont pointées. Ce n'est pas vraiment une surprise puisque les référentiels ont été pensés et conçus en réaction aux résultats des enquêtes PIRLS de 2011 et de 2016. Nous y voyons donc un facteur d'espoir, car ils ont été calibrés pour remédier aux difficultés qui y sont soulignées, que vous avez relevées, notamment les grandes inégalités scolaires qui se révèlent au travers de ces compétences en lecture.

Évidemment, le travail ne s'arrête pas là. Ces enquêtes servent aussi à nourrir la réflexion, et surtout à produire des outils pédagogiques pour les enseignants. J'ai même proposé qu'ils soient complétés par des webinaires destinés aux instituteurs et aux institutrices. Nous pouvons tirer des enseignements très concrets de l'analyse. Par exemple, les élèves de quatrième année primaire ne sont pas soumis à une complexité textuelle ou à une diversité des genres de textes suffisantes. Ces questions peuvent être très concrètement améliorées sans trop de difficultés. Nous mettrons tous ces points en musique pour accompagner le déploiement du tronc commun, avec des outils à la disposition du corps enseignant.

Le format d'une question d'actualité sur un tel sujet crée de la frustration. Toutefois, j'imagine que nous aurons l'occasion de le traiter à nouveau en commission. Nous devons consacrer plus de temps à étudier les causes de cette situation et les réponses que nous comptons y apporter, au regard de l'enquête PIRLS 2021.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – La compréhension à la lecture est la base de tout. Comment les élèves peuvent-ils réussir en mathématiques, en sciences, en histoire ou dans tout autre domaine du tronc commun s'ils n'ont pas une bonne compréhension de ce qu'ils lisent? D'ailleurs, les concepteurs de l'enquête PIRLS définissent la compréhension à la lecture comme un pilier de la réussite scolaire, mais aussi du développement personnel et citoyen des élèves.

Certes, la Fédération Wallonie-Bruxelles se stabilise et semble avoir limité la casse au regard d'autres pays en période de Covid-19, mais la faiblesse manifeste des performances en compréhension à la lecture de nos élèves francophones n'en est pas moins alarmante.

Cette situation me préoccupe beaucoup, et j'espère que les nouveaux référentiels, qui n'étaient pas encore en vigueur en 2021, porteront leurs fruits. Mais il faut agir au-delà de ce que prévoit le Pacte, en ce qui concerne non seulement la compréhension à la lecture, mais aussi et plus généralement – et ce point est cher à mon groupe – les apprentissages et les compétences de base.

Nous ne manquerons évidemment pas de revenir vers vous en commission.