Question sur les résultats des épreuves externes certificatives 2022

07/07/2022

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos des résultats des épreuves certificatives externes 2022

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, en cette fin d'année scolaire, je souhaiterais vous interroger afin de connaître les résultats aux épreuves certificatives externes de 2022. Comme vous l'avez rappelé lors de la séance plénière du 8 juin dernier, les épreuves du certificat d'études de base (CEB), du certificat d'études du premier degré de l'enseignement secondaire (CE1D) et du certificat d'enseignement secondaire supérieur (CESS) ne permettent pas seulement d'octroyer un diplôme. Elles sont aussi de véritables outils de pilotage de notre système scolaire permettant à la Fédération Wallonie-Bruxelles d'évaluer de manière standardisée le niveau des élèves à trois moments importants du parcours scolaire: la sixième année primaire, ainsi que les deuxième et sixième années de l'enseignement secondaire.

Quels sont les taux de réussite du CEB, du CE1D et du CESS cette année? Pour le CEB, quel est le taux de réussite au sein du 1er degré différencié? Pourriez-vous distinguer les taux de réussite par tranche, c'est-à-dire les résultats entre 50 et 60 %, 60 et 70 % et ainsi de suite jusque 100 %? Pourriez-vous également les comparer aux résultats de 2021 et de 2019, les épreuves n'ayant pas eu lieu en 2020 en raison de la crise sanitaire? Quelles conclusions tirez-vous des résultats de cette année sur le plan des apprentissages et du retard scolaire dû à la crise sanitaire?

D'autres épreuves que l'examen oral de langues modernes du CE1D sont-elles concernées par des fuites? Le cas échéant, quelles sont les disciplines affectées et quelles suites sont-elles réservées à ces fuites? Y a-t-il finalement eu des difficultés liées aux modalités de correction externe et collective des épreuves du CEB? Par ailleurs, une récente circulaire annonçait que, tout en maintenant le principe d'une correction externe du CEB, une réflexion serait menée pour améliorer les conditions de travail des membres du personnel impliqués dans les corrections externes. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?

Un directeur m'a par exemple demandé comment un enseignant d'une classe double de cinquième et sixième années primaires dans une petite école pouvait gérer les élèves de cinquième année lorsqu'il s'absentait pour corriger le CEB.

Pourriez-vous faire le bilan des perturbations engendrées par la grève nationale du 20 juin dans la passation des épreuves du CEB et du CE1D? Combien d'élèves ne se sont-ils pas présentés et combien ont-ils pu présenter des justificatifs correspondant à des circonstances exceptionnelles? Pourriez-vous également faire le point sur les évaluations externes non certificatives de cette année scolaire? Enfin, pourriez-vous faire l'état des lieux des examens qui ont dû être annulés dans certaines écoles en raison de la pénurie d'enseignants?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. - Je structurerai ma réponse en commençant par vous détailler le bilan de l'organisation de la passation des épreuves externes certificatives. J'aborderai ensuite la question des résultats obtenus par les élèves et les conclusions qui en découlent. J'annoncerai aussi les dates auxquelles les épreuves du CEB, du CE1D et du CESS se dérouleront en 2023. J'apporterai enfin des précisions sur les épreuves externes non certificatives organisées au mois d'octobre 2021.

À l'heure actuelle, quatre rapports d'incidents pour le CEB ont été envoyés à la Direction générale de l'enseignement obligatoire (DGEO), notamment concernant la régularité de la passation des épreuves et des cas avérés ou suspectés de tricherie. La DGEO réservera à ces dossiers la suite qu'elle jugera nécessaire, eu égard à la nature des incidents rapportés. Par ailleurs, il n'y a eu aucune autre fuite que celle des fiches de l'expression orale du CE1D de langues modernes. Un jeu d'épreuves de réserve était prévu et a permis de réagir rapidement, pour éviter aux élèves d'être pénalisés par la situation. Vu la rapidité de diffusion des fiches sur les réseaux sociaux qui semble désormais inévitable, le dispositif sera revu pour l'année prochaine. Je me suis constituée partie civile dans cette affaire. Les démarches nécessaires sont effectuées pour déposer une plainte contre X et pour solliciter l'ouverture d'une enquête de police, afin d'identifier les responsables des fuites.

L'année passée, nous avions eu une fuite dans l'épreuve de sciences du CE1D. Nous avions alors pris des dispositions pour que cela ne puisse plus arriver et que cette partie expérimentation soit transmise sous forme de vidéo. Nous avons donc cadenassé les choses, mais l'épreuve de langue orale reste problématique, car elle doit se dérouler sur plusieurs jours. Avec différents jeux d'épreuves, nous nous en sortons néanmoins. Malgré ces incidents, les corrections se sont globalement bien déroulées. Les rares difficultés observées au plan local ont été gérées dans le dialogue avec le pouvoir organisateur (PO) concerné. Seuls deux des 70 secteurs ont finalement dû prolonger les corrections pendant deux bonnes heures, le mercredi matin 22 juin. Pour votre parfaite information, il s'agissait des secteurs de Schaerbeek et de Molenbeek-Saint-Jean. Comme je l'ai déjà annoncé à la suite de mes réunions avec le groupe interréseaux des directions de l'enseignement fondamental (GIRDEF), l'organisation des corrections fera l'objet d'une réflexion menée en concertation avec les acteurs de l'enseignement afin d'améliorer les conditions de travail des membres du personnel.

Dans ce cadre, une attention sera portée par exemple aux enseignants de classe à double niveau dont les élèves doivent actuellement être pris en charge par d'autres collègues le temps des corrections. Entre-temps et comme chaque année, des questionnaires ont bien été communiqués aux directions et enseignants pour recueillir leurs avis et suggestions. Ces derniers ont la possibilité d'y répondre jusqu'au début du mois de juillet et jusqu'au 11 juillet pour le CEB.

Contrairement à ce qui était affirmé dans la question de Mme Vandorpe, l'ensemble des correctifs n'a pas été déposé sur la plateforme EVALEXT le premier jour des épreuves. Les guides de correction du CE1D et du CESS ont été déposés à la fin de chaque épreuve comme le prévoit la réglementation. Les guides de passation sont quant à eux communiqués quelques jours avant les épreuves, mais ne contiennent pas d'informations confidentielles.

La grève nationale du 20 juin ne semble pas non plus avoir engendré de difficultés majeures. Mon administration ne dispose pas encore d'informations chiffrées à ce sujet, mais pourra examiner d'ici quelques semaines si le taux d'absentéisme est plus élevé cette année. En tout état de cause, il ne sera pas possible de déterminer le type de justificatif communiqué par les parents, son contrôle appartenant aux écoles. Mais selon les informations que nous avons reçues des fédérations de PO, la grève n'a pas eu d'importantes conséquences. Il est également difficile d'estimer l'impact de la pénurie d'enseignants sur l'organisation des examens. Les services de l'administration ne disposent pas de données chiffrées en ce qui concerne les examens internes. Quant aux épreuves externes, ces cas de figure restent complètement exceptionnels. Cette année, moins de quatre écoles ont contacté l'administration pour signaler que l'absence d'un enseignant rendait impossible l'organisation d'épreuves. Ces problèmes concernaient le CE1D de langues modernes et l'expression orale en particulier. Dans tous les autres cas, il y a toujours un professeur pour assurer la surveillance des examens.

Quant aux résultats obtenus par les élèves aux épreuves du CEB, notons que sur les 52 173 élèves de sixième année primaire concernés, ils étaient 52 792 en 2021 et 51 069 en 2019. Quelque 44 566 élèves l'ont réussi, soit 85,42 % d'entre eux. En 2021, ils étaient 88,32 % et en 2019, 90,49 %. Le taux de réussite de 2022 est donc inférieur de 2,9 points par rapport à 2021 et de 4,9 points par rapport à 2019. Si l'on compare les scores moyens par discipline, on observe que la moyenne en français en 2022 est de 74,8 %, alors qu'elle était de 78,1 % en 2021 et de 70,98 % en 2019. En mathématiques, la moyenne s'élève cette année à 71,4 %. Elle s'élevait à 71,5 % en 2021 - ce qui est comparable - et à 74,5 % en 2019. En éveil, la moyenne est de 73 % en 2022, 76,1 % en 2021 et de 76,2 % en 2019.

Les taux de réussite par tranche seront calculés durant les prochaines semaines, ainsi que les résultats par province et pour Bruxelles. Comme l'ensemble des résultats détaillés, ils seront présentés à la commission de pilotage à la rentrée. Par ailleurs, dans le premier degré différencié de l'enseignement ordinaire, les premiers résultats font état de 11,1 % de réussite en première année différenciée contre 15,2 % en 2021 et de 19,88 % en deuxième année différenciée contre 27,7 % en 2021. Les résultats définitifs seront communiqués au mois de septembre prochain. Je ne dispose pas encore du nombre de recours introduits pour le CEB, qui peuvent être introduits jusqu'au 8 juillet, c'est-à-dire demain. Les décisions seront communiquées aux parents au plus tard le 31 août.

En ce qui concerne les conclusions qu'entraînent ces résultats quant à l'évolution des apprentissages en Fédération Wallonie-Bruxelles, il est probable que cette tendance à la baisse observée ces deux dernières années soit liée à la crise sanitaire. Après trois années scolaires perturbées par les confinements, les quarantaines et les fermetures de classes, il n'est pas tellement surprenant que les résultats soient légèrement inférieurs en 2021 et en 2022. La pandémie a eu un impact énorme sur la continuité des apprentissages. Il était impossible qu'elle reste totalement sans conséquence sur les élèves, en particulier les plus fragiles. Par ailleurs, personne ne peut mesurer quelle aurait été la situation si tous les dispositifs n'avaient pas été établis pour organiser la remédiation et soutenir les élèves au cours de cette crise.

Nous devrons rester extrêmement attentifs à l'évolution de la situation, sans pour autant dramatiser. Il faudra juguler la baisse au plus vite. Au vu des circonstances, celle-ci reste toutefois contenue à ce stade. Les résultats se situent dans la fourchette inférieure, mais ils ne connaissent pas une dégringolade majeure. L'administration me signale aussi que l'épreuve n'est pas à 100 % comparable d'une année à l'autre. Elle est parfois un peu plus difficile ou un peu plus facile, même si le maximum est fait pour limiter l'écart.

Je remercie encore les directions et les équipes éducatives qui se sont démenées pendant ces trois années scolaires pour maintenir un maximum d'élèves à niveau et pour résorber autant que possible les retards d'apprentissage. Je félicite également les élèves, qui ont su maintenir le cap dans des moments parfois très difficiles. La clé pour la suite est de continuer à proposer une vie scolaire normale aux élèves, seule garantie d'une véritable continuité des apprentissages, si nous ne sommes pas frappés par de nouvelles vagues de Covid-19. Conjuguée à la mise en œuvre des réformes du Pacte pour un enseignement d'excellence, cette normalisation devrait permettre de résorber petit à petit les effets de la crise dans les prochaines années.

Par ailleurs, sur proposition de la commission de pilotage et après consultation des fédérations de pouvoirs organisateurs et Wallonie Bruxelles Enseignement (WBE), les dates de passation des épreuves externes certificatives de 2023 ont été arrêtées par le gouvernement le 1er juillet. Ainsi, les épreuves du CEB auront lieu les matinées des lundi 26, mardi 27, jeudi 29 et vendredi 30 juin 2023. L'épreuve du CE1D de langues modernes aura lieu le vendredi 23 juin pour la partie écrite et se déroulera entre le vendredi 23 et le mercredi 28 juin pour la partie orale. L'épreuve de mathématiques sera organisée le lundi 26 juin, celle de français le mardi 27 juin et celle de sciences le mercredi 28 juin. Pour le CESS, l'épreuve d'histoire se déroulera le vendredi 23 juin et celle de français le lundi 26 juin. Ces dates sont plus tardives qu'habituellement puisque les élèves travailleront en 2023 jusqu'au 7 juillet.

Enfin, les évaluations externes non certificatives du mois d'octobre 2021 étaient destinées à l'ensemble des élèves de troisième année primaire, cinquième année primaire et de quatrième année secondaire. Les évaluations destinées aux élèves de l'enseignement fondamental portaient sur la lecture et la production d'écrit, l'évaluation dans l'enseignement secondaire - identique pour chaque filière - portait uniquement sur la lecture. Tous les résultats ont été communiqués aux écoles au mois de février dernier. Les documents, résultats et commentaires sont également accessibles sur le site www.enseignement.be et sur la plateforme e-classe. Ils présentent les résultats de l'échantillon représentatif de la Fédération Wallonie- Bruxelles dans son ensemble, ainsi que par catégories d'indice socio-économique. Par ailleurs, des pistes didactiques, également accessibles sur www.enseignement.be, ont été rédigées et communiquées aux enseignants.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Je vous remercie, Madame la Ministre, pour votre réponse très complète. Je ne manquerai pas de revenir vers vous en septembre prochain pour affiner les résultats concernant le CEB ou plutôt la réussite de la sixième année d'enseignement primaire après recours et délibération du conseil de classe. À propos des résultats du CE1D, le taux de réussite est un indicateur réellement important puisque nous savons que les élèves qui l'ont passé en fin de deuxième année d'enseignement secondaire n'ont pas décroché leur CEB en 2020 en raison de la crise sanitaire. Ce résultat-là sera, par conséquent, à suivre avec attention. Pour le CESS, nous serons également attentifs. J'ai également noté que vous répondrez plus tard à mon interrogation sur le taux de réussite par tranches. Cet indicateur me paraît également important pour affiner notamment notre proposition sur le niveau d'exigence du CEB.