Question sur les résultats des épreuves externes certificatives 2022

13/09/2022

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, intitulée «Résultats des épreuves certificatives externes de 2022»

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, lors de la réunion de commission du 7 juillet dernier, je vous ai interrogée à propos des résultats aux épreuves certificatives externes de 2022.

Pour rappel, si le certificat d'études de base (CEB), le certificat d'études du premier degré de l'enseignement secondaire (CE1D) et le certificat d'enseignement secondaire supérieur (CESS) permettent d'octroyer un diplôme, elles sont en outre de véritables outils de pilotage de notre système scolaire, permettant à la Fédération Wallonie-Bruxelles d'évaluer, de manière standardisée, le niveau des élèves à trois moments importants de leur cursus, en sixième année de l'enseignement primaire, en deuxième et sixième années de l'enseignement secondaire.

Si je vous réinterroge ce jour, c'est parce que vous deviez attendre la rentrée pour répondre à l'ensemble de mes interrogations. Pourriez-vous à présent nous communiquer les taux de réussite du CE1D et du CESS pour 2022? Pourriez-vous les comparer aux résultats de 2021 et de 2019, non pour 2020 puisqu'avec la crise sanitaire, ces épreuves n'ont pas eu lieu cette année-là? Quelles conclusions en tirez-vous sur le plan des apprentissages et du retard scolaire dû à la crise sanitaire? Pour le CEB, vous nous annonciez que le taux de réussite était de 85,42 %, mais que ce résultat ne tenait pas encore compte des recours qui pouvaient être introduits jusqu'au 8 juillet, ni des délibérations des conseils de classe. Pourriez-vous à présent nous donner plus d'informations à cet égard, tant pour la 6e année primaire que pour le 1er degré différencié?

Pourriez-vous également distinguer les taux de réussite du CEB par décile? Vous nous annonciez en juillet que les taux de réussite par tranches seraient calculés durant les prochaines semaines, ainsi que les résultats par province et pour Bruxelles et que, comme l'ensemble des résultats détaillés, ils seraient présentés à la Commission de pilotage du système éducatif (Copi) à la rentrée. Pourriez-vous nous détailler ces résultats?

Êtes-vous aujourd'hui en mesure de faire le bilan des perturbations engendrées par la grève nationale du 20 juin dans la passation des épreuves du CEB et du CE1D? Combien d'élèves ne se sont pas présentés? Combien ont présenté des justificatifs correspondant à des circonstances exceptionnelles? Vous nous précisiez à cet égard, en juillet, que votre administration ne disposait pas encore d'informations chiffrées à ce sujet, mais pourrait examiner pendant les vacances si le taux d'absentéisme est plus élevé́ cette année que les années précédentes, sans grève un jour de CEB ou de CE1D.

Enfin, de manière plus générale, pas seulement en ce qui concerne les années où se tiennent des évaluations externes certificatives, pourriez-vous nous préciser les taux de redoublement pour l'année scolaire 2021-2022 et les comparer aux deux années scolaires précédentes? À cet égard, en réunion de commission du 18 juillet dernier, vous avez précisé que la crise de la Covid-19, ses périodes de quarantaine répétées et de fermeture d'écoles ou de classes avaient eu un impact immense sur le décrochage scolaire, pour lequel vous aviez donné des statistiques, mais aussi en termes de redoublement, pour lequel nous n'avions pas encore reçu de chiffres de votre part. Pourrions-nous les avoir?

Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation. - Je dispose des chiffres définitifs concernant le taux d'obtention du CEB. Notez que le pourcentage d'élèves ayant réussi l'épreuve a été calculé par rapport au nombre total d'élèves inscrits, qu'ils aient ou non présenté la totalité de l'épreuve. En sixième primaire, 84,64 % des élèves ont réussi les épreuves, 7,87 % d'entre eux ont eu leur CEB après délibération des jurys d'école, et 0,32 % l'ont obtenu à la suite d'un recours. En première année différenciée, 10,7 % des élèves ont réussi les épreuves, 16,2 % d'entre eux ont décroché leur CEB après délibération des conseils de classe, et 0,31 % l'ont obtenu à la suite d'un recours. En deuxième année différenciée, 18,12 % des élèves ont réussi les épreuves, 23,04 % d'entre eux ont eu leur CEB après délibération des conseils de classe et 0,26 % l'ont obtenu à la suite d'un recours. Si l'administration ne dispose pas des résultats obtenus dans chaque province, je peux vous fournir la distribution des scores des élèves de sixième primaire par décile et par discipline. En français, 8 % des élèves ont obtenu un score variant entre 50 % et 59 %, 18 % ont obtenu entre 60 % et 69 %, 29 % ont obtenu entre 70 % et 79 %, 30 % ont obtenu entre 80 % et 89 %, et 11 % ont obtenu entre 90 % et 100 %. En mathématiques, 12 % des élèves ont obtenu un score variant entre 50 % et 59 %, 17 % des élèves ont obtenu entre 60 % et 69 %, 21 % ont obtenu entre 70 % et 79 %, 23 % ont obtenu entre 80 % et 89 %, et 15 % ont obtenu entre 90 % et 100 %. Enfin, en éveil, 10 % des élèves ont obtenu un score variant entre 50 % et 59 %, 18 % ont obtenu entre 60 % et 69 %, 27 % ont obtenu entre 70 % et 79 %, 28 % ont obtenu entre 80 % et 89 %, et 10 % ont obtenu entre 90 % et 100 %.

Le taux d'échec aux épreuves du CEB est quant à lui passé de 9,2 % en 2019 à 11,7 % en 2021 et donc à 14,6 % en 2022. Si vous êtes attentifs, vous verrez que le taux de réussite et le taux d'échec mis ensemble n'équivaut pas à 100 %. La raison est que le nombre total d'inscrits à l'épreuve est pris en compte, y compris ceux qui ne s'y sont pas présentés. S'il est probable que cette hausse soit en partie liée à la crise sanitaire, nous ne pouvons tout de même pas l'affirmer avec certitude puisque nous ne pouvons pas non plus totalement comparer les épreuves d'une année à l'autre. Bien que nous essayons de les rendre comparables le plus possible, un biais est toujours possible.

Les résultats au CE1D et du CESS ne sont pas encore entièrement disponibles, ils le sont habituellement fin septembre. Des rappels ont encore été lancés par mes services pour compléter les dernières données manquantes de certains établissements. J'espère obtenir les résultats définitifs dans une semaine.

Il est aussi trop tôt pour tenir un bilan des perturbations causées par la grève du 20 juin dernier sur l'organisation des épreuves. En effet, les services de l'administration ne pourront comparer les taux d'absentéisme que lorsqu'ils disposeront des derniers résultats manquants des deux épreuves.

Les taux de redoublement, par contre, sont déjà connus. Dans l'enseignement primaire ordinaire, 2,8 % des élèves sont redoublants, ils étaient 2,3 % en 2021 et 2,8 % en 2020. Nous revenons donc au taux de 2020. Dans l'enseignement secondaire ordinaire, 10,8 % des élèves redoublent, ils étaient 6,3 % en 2021, année particulière, et 13,9 % en 2020. Il y a donc une augmentation par rapport à 2020.

Après trois années scolaires perturbées par les confinements, l'hybridation, les mesures sanitaires de quarantaine et de fermeture de classes, toutes les tendances que je viens d'évoquer ne sont évidemment pas surprenantes. Le contexte a eu un impact énorme sur la continuité des apprentissages et il est impensable qu'il n'y ait aucune conséquence sur les élèves et en particulier sur les plus fragiles d'entre eux. Nous devrons rester extrêmement attentifs. Cependant, j'aimerais aussi mettre en avant que l'heure n'est pas à la dramatisation. La baisse des taux de réussite reste à ce stade contenue vu les circonstances. J'en profite pour remercier les directions et les équipes éducatives qui se sont véritablement démenées ces dernières années pour maintenir un maximum d'élèves à niveau et récupérer autant que possible les retards d'apprentissage. Il est aussi important de féliciter les élèves qui ont gardé le cap, malgré des moments parfois très difficiles. Les dispositifs adoptés par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la définition des essentiels pendant la crise de la Covid-19 ont certainement permis d'atténuer les effets, mais ils ne constituent évidemment pas une solution à long terme.

La clé est de pouvoir continuer à proposer une vie scolaire normale aux élèves avec une continuité dans l'apprentissage conjuguée à la mise en œuvre des réformes du Pacte, qui sont entre autres la réforme des rythmes scolaires, les nouveaux référentiels et l'accompagnement personnalisé. Cette normalisation permettra de résorber petit à petit les effets de la crise dans les prochaines années.

Comme je m'y étais engagée, je suis en contact avec Mme Morreale pour renforcer les liens entre les partenaires du réseau d'opérateurs intrascolaire et extrascolaire, afin de soutenir, de manière optimale, les équipes éducatives et les centres PMS dans leur accompagnement des élèves et des familles. Notre collaboration va bon train. Nous entamerons une démarche similaire avec les Bruxellois. Toutefois, cette Région ne vit pas la même situation de décrochage scolaire. Nous devrons donc adapter notre projet à son cas. Nous souhaitons fluidifier les relations entre les opérateurs et éclairer les offres de service potentielles. Je confirme que le gouvernement wallon a pris des contacts avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, plus particulièrement concernant le chantier 13 du Pacte afin de coordonner les travaux de ce dernier avec son plan de relance. La note d'orientation relative à l'élaboration d'un plan de lutte contre le décrochage scolaire vient d'être présentée au comité de concertation du Pacte. Elle sera soumise au gouvernement dès la fin des échanges. Le projet élaboré par la Région wallonne vise à favoriser l'accrochage scolaire et/ou l'insertion socioprofessionnelle des jeunes de 15 à 29 ans fréquentant des écoles secondaires d'enseignement général, technique, professionnel; l'enseignement en alternance; la formation professionnelle pour des adultes. Il cherche également à favoriser la prise en charge pluridisciplinaire des jeunes NEET (Not in Education, Employment or Training). Une collaboration entre la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région pourrait être organisée, pour autant qu'elle s'articule au plan de lutte contre le décrochage scolaire, élaboré dans le cadre du chantier 13. Une complémentarité des deux entités s'avérerait opportune au niveau de l'axe de compensation qui concerne l'accompagnement, hors de l'école, des élèves que les actions de prévention et d'intervention n'ont pas permis de raccrocher et pour lesquels une solution alternative à l'école doit être envisagée.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, j'analyserai les chiffres de réussite au CEB et au taux de redoublement. Je les comparerai à ceux d'avant la crise sanitaire. Je vous réinterrogerai fin septembre sur le CE1D, le CESS, mais aussi sur l'effet de la grève du 20 juin. Par ailleurs, je suis ravie d'entendre que vous avancez bien sur la thématique du décrochage scolaire, que je continuerai à suivre avec attention.