Question sur les seniors et l'éducation permanente

07/07/2020

Question de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Bénédicte Linard, Vice-Présidente du Gouvernement et Ministre de la Culture, intitulée «Intégration des seniors dans les politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles et en particulier en matière d'éducation permanente»

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Après ma question sur l'intégration des seniors en matière culturelle, je reviens vers vous, Madame la Ministre, au sujet de l'éducation permanente en faveur des seniors.

Je ne rappellerai pas les principes de la Déclaration de politique communautaire (DPC) en matière culturelle. Je voudrais seulement ajouter que le chapitre 11 de la DPC prévoit que l'éducation permanente est au cœur du développement d'une citoyenneté active.

L'Association francophone des universités tous âges de Belgique (AFUTAB), rassemblant les universités de tous âges (UTA), joue un rôle prépondérant en matière d'éducation permanente en faveur des aînés. Elle répond aux attentes des citoyens qui, à un moment de leur vie, ressentent le besoin d'apprendre autrement et de s'impliquer dans la société: conférences, séminaires, excursions, voyages, services à la collectivité, etc.

Sur son site internet, l'AFUTAB précise avoir pour missions de permettre à l'ensemble des UTA d'être: des lieux de sensibilisation et de formation dans les domaines de la santé, de la consommation, de l'intégration, de la communication, de la culture, de l'accès au patrimoine, de l'histoire et de la conscience identitaire; des lieux d'ouverture pour stimuler le goût de la solidarité et de la complémentarité; des lieux de rencontre où l'on peut partager ses expériences et s'enrichir de celles des autres, sans être soumis aux jugements; des lieux d'activités créatrices pour apprendre ensemble à agir utilement dans l'environnement immédiat; des lieux solidaires activement engagés dans l'ouverture aux publics moins favorisés matériellement et/ou culturellement; des lieux stimulants dans le domaine du volontariat des aînés conçu comme démarche citoyenne.

J'estime qu'il est essentiel de renforcer l'accès à ces universités du troisième âge à un maximum de personnes âgées qui le souhaiteraient, mais qui ne s'y rendent pas pour diverses raisons, par peur, par manque d'information ou à cause de problèmes de mobilité.

Par ailleurs, le gouvernement s'engage dans la DPC à mettre en œuvre la réforme, réalisée en 2018, du décret du 17 juillet 2003 relatif au soutien de l'action associative dans le champ de l'éducation permanente. Cette réforme prévoit d'adopter les arrêtés d'application adéquats, en concertation avec le secteur. Il est également prévu que le gouvernement consacre une réflexion à la pertinence de soutenir des projets, démarches ou modèles d'organisation innovants ou expérimentaux et développe de nouveaux projets en éducation permanente, novateurs sur les méthodes, les contenus ou encore les publics et, plus largement, mène une réflexion approfondie et concertée sur l'adéquation des actions menées par les opérateurs au regard des besoins et attentes des citoyens.

À mon sens, ces réflexions devraient porter prioritairement sur les projets touchant les seniors et sur leurs besoins et attentes.

Madame la Ministre, pourriez-vous dresser un état des lieux de la fréquentation des universités du troisième âge en Fédération Wallonie-Bruxelles, mais également des autres projets d'éducation permanente concernant les seniors?

Des mesures concrètes dans le but de promouvoir et renforcer l'éducation permanente de nos aînés sont-elles à l'ordre du jour? Votre administration se concerte-t-elle régulièrement sur ce sujet avec la Coordination des associations de seniors (CAS) de la Fédération Wallonie-Bruxelles?

Mme Bénédicte Linard, Vice-Présidente du Gouvernement et Ministre de la Culture.- Madame la Députée, pour beaucoup d'hommes et de femmes, le temps de la retraite ne marque pas la fin de la vie active. Au contraire, le temps rendu disponible par la fin de l'activité professionnelle offre la possibilité de s'engager dans la vie de sa famille, dans celle de son quartier, dans le bénévolat, le volontariat, dans la vie associative, ou parfois militante. Certaines personnes reprennent une formation, s'intéressent à des choses nouvelles auxquelles elles n'avaient jamais eu le temps de se consacrer, se découvrent de nouvelles passions et de nouveaux centres d'intérêt. En disant ces mots, j'ai une pensée émue pour mes parents pensionnés et hyperactifs!

Pour répondre à ces besoins, il existe en Fédération Wallonie Bruxelles une quinzaine d'UTA réparties sur le territoire. Ces dernières proposent des cours, des conférences, des excursions, des voyages, mais aussi des services à la collectivité. Selon l'AFUTAB, 25.000 personnes fréquentent ces universités.

L'AFUTAB bénéficie d'une subvention de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans le cadre d'une convention pluriannuelle qui vient d'être augmentée et prolongée d'un an.

Une des caractéristiques sociologiques du public des UTA est le niveau d'études élevé de leurs publics. En cela, l'action de ces universités s'inscrit un peu en retrait du décret relatif à l'éducation permanente, qui cible en priorité un public populaire.

Néanmoins, il faut noter une volonté d'ouverture et de mixité sociale dans le chef de ces UTA. Ainsi, nombre d'entre elles collaborent avec l'ASBL Article 27, lors de l'organisation de conférences par exemple. D'autres pratiquent des tarifs réduits accordés aux personnes bénéficiant de l'aide du CPAS.

Il existe d'autres mouvements et associations reconnus en éducation permanente que les UTA, qui ont pour mission la valorisation et le développement de la participation à la vie culturelle et sociale des seniors. À travers les nombreuses activités qu'elles déploient, il s'agit de lutter contre l'âgisme, la gérontophobie ou l'infantilisation des personnes âgées, mais aussi contre le déclassement social, la précarisation et l'exclusion des seniors.

Comme je l'ai déjà évoqué dans ma réponse à votre question précédente, la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient depuis plusieurs années la CAS, une instance qui coordonne l'ensemble de ces associations. Une des missions de cette commission est de rendre des avis à la demande du gouvernement.

Je peux, en effet, la mobiliser et lui demander un avis sur l'opportunité d'un renforcement de l'éducation permanente et sur des recommandations pour y parvenir.

Néanmoins, et ce sera l'objet de ma prochaine réponse à votre prochaine question, cette commission rencontre aujourd'hui quelques difficultés qu'il faudra résoudre, afin de lui permettre de remplir pleinement les missions qui lui reviennent.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- L'éducation permanente porte bien son nom puisque l'apprentissage ne s'arrête pas à la sortie de l'école. Les institutions de l'éducation permanente jouent un rôle important pour nos aînés, car elles leur permettent de perpétuer l'éveil à la connaissance, mais également un lien social. Si de nombreuses personnes fréquentent déjà ces universités ou autres institutions d'éducation permanente, on ne touche pas toujours le bon public, mais souvent des personnes déjà très instruites, alors que ces programmes devraient s'adresser à tout le monde.

C'est une très bonne idée de demander à la CAS de travailler sur ce sujet. Je pense que celle-ci devrait s'occuper de l'ensemble des matières qui touchent aux personnes et qui relèvent des compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles.