Question sur l'esprit d'entreprendre dans l'enseignement supérieur
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur, à propos de l'esprit d'entreprendre
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Les nouveaux référentiels du tronc commun dans l'enseignement obligatoire comprennent, parmi les trois nouveaux domaines d'apprentissage transversaux, «la créativité, l'engagement et l'esprit d'entreprendre».
Ce sixième domaine novateur concerne l'aptitude à associer des actes aux idées, c'est-à-dire à transformer des réflexions en actions et en projets effectifs. L'esprit d'entreprendre suppose de l'initiative, de la créativité, de l'innovation et de l'engagement. Il demande aussi de la capacité de programmer et de gérer des projets en vue de la réalisation d'objectifs. Il s'agit de développer des précieuses soft skills comme l'esprit d'initiative, le sens des responsabilités, la créativité, la persévérance, la confiance en soi ou l'esprit d'équipe.
J'ai déjà interrogé la Ministre Désir à ce sujet en réunion du 14 novembre 2022. Je l'ai également réinterrogée ce jour.
Il ne suffit pas de publier de nouveaux référentiels; il faut aussi que les écoles développent effectivement ces apprentissages sur le terrain, surtout quand il s'agit d'un domaine transversal. Cela implique que les enseignants soient formés à l'esprit d'entreprendre, que ce soit dans le cadre de la formation continue pour les enseignants déjà en place ou dans le cadre de la formation initiale pour les futurs enseignants.
Madame la Ministre, la formation à l'esprit d'entreprendre est-elle bien comprise dans les nouveaux référentiels de la réforme de la formation initiale des enseignants (FIE)? Où en est l'élaboration de ces référentiels?
Par ailleurs, l'apprentissage à l'esprit d'entreprendre et les activités pédagogiques proposées dans le cadre du dispositif «Générations entreprenantes» de l'organisation Wallonie Entreprendre sont encore trop méconnus dans certains établissements d'enseignement supérieur. Ne serait-il pas opportun de réaliser un recensement des acteurs, des outils et des formations à l'esprit d'entreprendre et d'en informer les établissements d'enseignement supérieur? Cela pourrait se faire en collaboration avec la Ministre de l'Éducation. En effet, Mme Désir m'a confirmé qu'elle réalisait, à la demande de mon groupe, un document annexe aux référentiels du tronc commun qui recense justement ces acteurs, outils et formations.
Enfin, une promotion de ce type de dispositif est-elle effectuée à destination des établissements d'enseignement supérieur?
Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur. - Madame la Députée, vous avez rappelé à juste titre que les référentiels du tronc commun de l'enseignement obligatoire mentionnent la créativité, l'engagement et l'esprit d'entreprendre. Cela me semble essentiel pour former nos jeunes élèves et étudiants, au-delà des disciplines de base, à ces soft skills. Ces approches transversales sont indispensables pour le développement personnel et pour l'apprentissage des compétences utiles dans la vie professionnelle.
C'est pourquoi le décret du 2 décembre 2021 modifiant le décret du 7 février 2019 définissant la formation initiale des enseignants reprend lui aussi, dans ses objectifs transversaux définis à l'article 5, le principe que l'enseignant doit développer la créativité des élèves et leur esprit d'initiative et de coopération.
Il s'agit là bien sûr d'éléments qui traversent l'enseignement de toutes les disciplines, raison pour laquelle cela n'apparaît pas explicitement dans les référentiels de compétence et les contenus disciplinaires qui portent sur des matières bien précises.
Dans le préambule de chaque référentiel figure le rappel que l'enseignant doit organiser ses cours en les concevant dans le respect des objectifs transversaux, comme la créativité. Dès lors, c'est aux enseignants à prendre ces aspects en considération, dans la mise en œuvre pédagogique de ces contenus minimaux face à leur classe.
Il revient donc maintenant à chaque établissement d'établir la manière dont ces objectifs transversaux seront transposés dans les cursus de la FIE.
Mais il peut très bien être envisagé de monter des modules de formation continue en association avec Wallonie Entreprendre, pour sensibiliser les enseignants et pour les doter d'outils qu'ils pourront intégrer dans leur cours.
Par ailleurs, à l'initiative de la Ministre Désir, le Gouvernement a marqué son accord sur le principe de la réalisation d'un document de synthèse relatif à l'esprit d'entreprendre. Ce document constituera une synthèse de ce qui est disponible dans ce domaine et reprendra un inventaire des ressources et matériels disponibles.
Pour ce faire, un groupe de travail sera à constituer et j'ai insisté pour que des représentants dans l'enseignement supérieur y soient associés. En effet, il existe déjà diverses formations, comme la «mineure en esprit d'entreprise» proposée dans plusieurs programmes de bachelier de l'Université catholique de Louvain (UCLouvain). Ce groupe de travail associera également des représentants du monde de l'entreprise.
Lorsque ce groupe aura achevé sa tâche, le recensement des acteurs et des formations sera repris dans un seul document. Celui-ci sera complété par des outils et dispositifs existants pour encourager l'esprit d'entreprise. Ce document sera bien sûr diffusé dans tous les établissements de l'enseignement obligatoire et les établissements chargés de la FIE.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). - Madame la Ministre, je suis heureuse
que la Ministre Désir ait fait droit à notre demande. Et je me réjouis de
savoir que vous vous associez à cette démarche. Le document final sera diffusé
tant dans l'enseignement obligatoire que dans l'enseignement supérieur. Vous le
savez: l'esprit d'entreprendre est capital pour mon groupe et je suis donc ravie
que vous avanciez en ce sens. Je ne manquerai pas de suivre ce dossier auprès
de vous et auprès de la Ministre de l'Éducation.