Question sur l'évaluation de la nouvelle gouvernance des écoles avec les plans de pilotage et contrats d'objectifs
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de l'évaluation de la nouvelle gouvernance des écoles avec les plans de pilotage et contrats d'objectifs
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Dans le cadre de ma tournée des
écoles de l'arrondissement de Verviers, j'ai reçu des retours contrastés
concernant la nouvelle gouvernance des écoles dans lesquelles les plans de
pilotage et contrats d'objectifs sont en vigueur.
Le ressenti des
directions et équipes éducatives diffère d'une école à l'autre, d'une équipe à
l'autre, en fonction de la vague – première, deuxième ou troisième – dans
laquelle l'école se trouve, en fonction de la personnalité et des compétences
des conseillers au soutien et à l'accompagnement (CSA) et des délégués au
contrat d'objectifs (DCO) et en fonction de la familiarité des équipes avec le
travail collaboratif. Certaines écoles estiment que les plans de pilotage et
contrats d'objectifs ont eu un effet très positif en interne, d'autres beaucoup
moins. Il n'y a, en tout cas, pas d'unanimité à ce sujet.
Par contre, alors que le but du Pacte pour un enseignement d'excellence était de donner plus d'autonomie aux écoles en contractualisant des objectifs à atteindre, j'ai observé lors de mes rencontres que, sur le terrain, l'inverse se produit: formatage, contrôle excessif, absence de marge de manœuvre quant au choix des objectifs, obsolescence à cause d'indicateurs datant de plusieurs années ou encore non pertinence des indicateurs. Par exemple, pour cette dernière observation, il est en effet plus facile de choisir un objectif assorti d'indicateurs quantifiables qu'un objectif non quantifiable tel que le bien-être. Certaines écoles regrettent par ailleurs de voir certains objectifs inchangés pendant six ans, alors que, sur le terrain, la réalité peut changer plus rapidement. On m'a notamment rapporté, lors de ma tournée des écoles, que les objectifs sont parfois mal définis: des efforts étant consentis par exemple sur l'augmentation de la réussite du certificat d'études de base (CEB) en français, alors qu'il faudrait se concentrer davantage sur les sciences avec la classe de l'année suivante.
Madame la Ministre,
toutes les écoles se trouvant dans les première, deuxième et troisième vagues
ont-elles à présent rendu leur plan de pilotage? Sinon, combien d'écoles
doivent-elles encore le rendre? Toutes les écoles concernées ont-elles à
présent conclu un contrat d'objectifs? Sinon, combien manquent à l'appel?
Combien d'écoles se trouvant dans la première vague ont-elles été soumises à
l'évaluation intermédiaire de leur contrat d'objectifs? Qu'en est-il des écoles
des autres vagues?
Une évaluation de
cette nouvelle gouvernance des écoles est-elle prévue et, si oui, quand? Dans
l'affirmative, afin d'atteindre l'objectif du Pacte et de redonner de
l'autonomie aux écoles, les remarques précitées émanant des acteurs de terrain
seront-elles prises en compte lors de l'évaluation?
Mme Caroline
Désir, ministre de l'Éducation. – La nouvelle
gouvernance des écoles vise en effet à responsabiliser les équipes éducatives:
elles choisissent elles-mêmes leurs objectifs et les actions qui leur
permettront de les atteindre et de mettre leur contrat en œuvre en toute
autonomie.
Les équipes
éducatives et les directions n'avancent toutefois pas seules puisqu'elles sont
accompagnées par les CSA et font le point avec leurs DCO tous les trois ans, au
moment de la contractualisation ou au moment des évaluations.
Après quatre années
scolaires, des ajustements doivent bien sûr être réalisés puisque l'ensemble de
ces acteurs ont pu appréhender de nouvelles missions, assumer des
responsabilités et apprendre à travailler différemment, dans un contexte
souvent difficile, ne serait-ce qu'en raison de la grave crise sanitaire à
laquelle ils ont dû faire face.
En outre, certains outils mis à disposition par les services du gouvernement, tels que les indicateurs, sont eux-mêmes encore en voie de développement. Je rappelle que les DCO, les directeurs de zone (DZ) et plus largement la Direction générale du pilotage du système éducatif (DGPSE) sont à disposition pour aider et conseiller les équipes éducatives.
Les équipes
éducatives et les directions se sont massivement investies, comme en témoignent
les chiffres relatifs à la contractualisation. Lors de la première vague, 786
écoles sur 787 ont conclu leur contrat d'objectif. Elles étaient ensuite 921
sur 926 lors de la deuxième vague, puis 910 sur 947 lors de la troisième vague.
Par ailleurs, 26 nouvelles écoles ont également conclu un contrat en dehors de
ces trois vagues. Ces chiffres sont réjouissants et témoignent de la volonté
des écoles d'avancer dans ce nouveau modèle de gouvernance.
Les écoles des
première et deuxième vagues qui n'ont pas conclu leur contrat sont en fait
celles qui ne sont pas parvenues à aboutir à un plan de pilotage conforme ou
adéquat en lien avec les objectifs d'amélioration du système éducatif. Étant
donné qu'elles sont peu nombreuses, elles font l'objet d'un suivi rapproché.
Elles bénéficient ainsi chaque mois d'un accompagnement spécifique effectué par
leur DCO et leur CSA afin de les aider à définir les objectifs et les actions
en adéquation avec les objectifs d'amélioration fixés par le gouvernement.
Parfois, elles ont été soumises à un audit, ce qui explique que le délai de
contractualisation soit plus long. Les écoles de la troisième vague n'ayant pas
encore conclu de contrat sont un peu plus nombreuses, car les suivis rapprochés
ont été instaurés l'année dernière et ne sont pas terminés. Ces écoles
travaillent actuellement à leur contrat avec l'aide et le suivi de leur DCO et
de leur CSA. En partant de l'exemple des écoles de la première vague, nous
pouvons présupposer que la très grande majorité des écoles concluront également
un contrat.
Quant aux
évaluations des écoles de la première vague, elles ont démarré en février 2023
et se termineront prochainement, puisque près de 700 évaluations ont été
réalisées. Dans ce cadre, les écoles ont l'opportunité d'adapter leur plan. Les
évaluations des écoles de la deuxième vague commenceront en 2024 et celles des
écoles de la troisième vague sont prévues en 2025.
Le Code de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire prévoit bien une évaluation de la mise en œuvre du dispositif de pilotage des écoles. Cependant, le gouvernement est en train d'adopter un avant-projet de décret qui reporte cette évaluation à l'année 2024-2025, en raison de la crise sanitaire. Les critères d'analyse de la mise en œuvre de la nouvelle gouvernance des écoles devront s'accompagner, le cas échéant, de propositions d'adaptations nécessaires avant que les écoles se lancent dans un nouveau cycle de plans de pilotage et de contrats d'objectifs.
Alors que les
évaluations intermédiaires concernant les écoles de la première vague se
terminent, un premier bilan est en voie de réalisation. Ce bilan sera présenté
au gouvernement, ce qui permettra de faire le point non seulement sur la mise
en œuvre de ce nouveau modèle de gouvernance, mais aussi sur l'implication des
acteurs et sur les résultats atteints par les écoles, partant de leurs
objectifs, alors que celles-ci sont à mi-parcours du cycle de pilotage.
Enfin, un rapport
d'évaluation de l'atteinte des sept objectifs d'amélioration du système
éducatif est en cours de réalisation. Ce rapport fera le point sur la
progression du système éducatif, partant des indicateurs et valeurs de
référence adoptés par le gouvernement et définis par le Code.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Je vous remercie, Madame la Ministre,
pour votre réponse très complète. Je note que des évaluations sont prévues.
Elles permettront d'améliorer la réforme de la gouvernance des écoles.
Je tiens à ce que
les remarques que je viens de citer, qui émanent des professionnels de terrain,
soient prises en compte: ce dispositif doit être amélioré pour développer
pleinement ses effets au travers d'une contractualisation qui donnerait plus
d'autonomie aux écoles.
Je termine avec un
dernier constat qui m'a été transmis: si de nombreuses écoles estiment qu'il
s'agit d'une belle dynamique qui engendre un travail collaboratif important,
beaucoup soulignent la charge de travail administratif supplémentaire que cela
implique, en raison de la nécessité de justifier toutes les actions entreprises
lors de la mise en œuvre du contrat d'objectifs. Il faudra être attentif à cet
aspect lors de l'évaluation.