Question sur l'interdiction des évaluations sommatives la première semaine après chaque congé scolaire

16/01/2024

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de l'interdiction des évaluations sommatives la première semaine suivant chaque congé scolaire

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, avec la réforme des rythmes scolaires annuels, les évaluations sommatives ont été interdites lors de la première semaine qui suit chaque congé scolaire. C'est l'article 5 du décret du 31 mars 2022 relatif à l'adaptation des rythmes scolaires annuels dans l'enseignement fondamental et secondaire ordinaire, spécialisé, secondaire artistique à horaire réduit et de promotion sociale et aux mesures d'accompagnement pour l'accueil temps libre (décret «Rythmes scolaires») qui en dispose ainsi. 

Au début de la réforme, toutes les écoles n'avaient pas bien compris la règle et pensaient ne pas donner aux élèves des devoirs ou des évaluations formatives. Or ce n'est pas interdit. 

Toutefois, beaucoup d'écoles, dans l'enseignement secondaire tout comme dans l'enseignement fondamental, me disent regretter l'interdiction d'organiser des évaluations sommatives durant les cinq jours ouvrables qui suivent la fin de chaque période de congé. Elles signalent que cette disposition est dommageable pour les élèves parce qu'ils décrochent un peu pendant trois semaines, et qu'ils se retrouvent bombardés d'évaluations la semaine qui suit celle de la rentrée, voire parfois celle qui la précède. Les équipes éducatives voudraient conserver leur liberté pédagogique à cet égard et que l'on tienne compte du peu de nombre de semaines qu'il leur reste pour rendre les bulletins. 

Madame la Ministre, ce n'est pas la première fois que je vous fais part de cette thématique. D'autres collègues l'ont également déjà fait. Vous disiez à l'époque ne pas avoir assez de recul par rapport à l'entrée en vigueur de la réforme des rythmes scolaires pour rendre un avis sur cette question. 

Un an et demi après cette entrée en vigueur, est-il prévu d'évaluer spécifiquement les effets de cette disposition visant à interdire les évaluations sommatives la semaine de la rentrée? Ne pourrions-nous pas laisser cela à l'appréciation des équipes éducatives dans le cadre de leur liberté pédagogique?

Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, j'aimerais préciser que s'il existe une réflexion plus large sur les différentes formes que peut prendre l'évaluation dans le projet pédagogique, la disposition que vous mentionnez ne s'inscrit nullement dans une perspective quelconque d'interdire les évaluations sommatives. Une telle interdiction n'est envisagée nulle part; ni dans le Pacte pour un enseignement d'excellence, ni dans la Déclaration de politique communautaire (DPC), ni dans le projet de ma famille politique. Il est important de préciser cela vu les informations mensongères que certains font actuellement circuler à ce sujet. 

Cette disposition est le fruit d'une réserve importante exprimée par les associations représentatives des parents d'élèves concernant les pratiques de nombreuses écoles s'agissant des devoirs et des études à domicile demandés aux élèves durant leurs périodes de congé. 

Certaines équipes pédagogiques y trouvent des difficultés organisationnelles – elles avaient été évoquées pendant l'instruction de ce dossier. Ces observations ont précisément conduit à cette solution du délai de cinq jours, à mi-chemin entre les préoccupations des uns et les contraintes des autres. 

L'évaluation globale attendue sur le décret «Rythmes scolaires» intégrera bien l'analyse de ces dispositions particulières en temps convenu.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – On ne pourra effectivement pas passer à côté d'une évaluation du décret «Rythmes scolaires». 

L'interdiction des évaluations cotées durant la semaine de la rentrée qui suit chaque congé scolaire est une problématique très régulièrement citée par les acteurs de l'enseignement. Selon eux, les points constituent quelque chose d'assez culturel: lorsqu'une évaluation est formative – donc pas cotée –, les élèves n'ouvrent parfois même pas leur cahier et ils n'étudient pas. Il faut que l'évaluation soit cotée afin qu'ils s'y mettent. Cela constitue un problème. Si l'on se dirige vers plus d'évaluation formative, encore faut-il que les élèves suivent. Culturellement, à l'heure actuelle, on n'étudie pas si l'on n'est pas coté. À la demande d'une enseignante, je me suis rendue dans une école afin d'expliquer ce que constitue l'activité d'un député et le rôle du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Avant que j'entre dans la classe, les élèves ont demandé s'ils devaient m'écouter, si c'était coté ou pas. Cela devient assez terrible. 

Les points ont toujours leur importance et l'interdiction d'évaluer pendant la semaine de la rentrée pose des difficultés sur le terrain. Je ne manquerai pas d'y revenir.