Question sur l'orientation des élèves
Questions de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation, sur les activités orientantes en troisième année secondaire et que l'orientation des élèves en général.
Mme Stéphanie Cortisse (MR).- La Déclaration de politique communautaire (DPC) prévoit que le gouvernement «veillera à renforcer l'orientation positive des élèves en vue de faciliter la transition vers la quatrième année de l'enseignement secondaire». La DPC poursuit que, «dans cet esprit, il demandera au comité de concertation du Pacte d'indiquer les modalités concrètes afin de renforcer les activités orientantes en troisième année, sans affaiblir les apprentissages de base».
Cette volonté inscrite dans la DPC va clairement au-delà de l'approche éducative de l'orientation, déjà prévue par le Pacte pour un enseignement d'excellence pour figurer tout au long du tronc commun. Le tronc commun ayant été prolongé d'une année, jusqu'à la troisième secondaire, il était nécessaire de renforcer l'orientation lors de cette dernière année commune, en vue de consolider le choix d'orientation positive que les élèves devront poser en quatrième année.
À cet égard, au mois de mars dernier, j'ai eu l'occasion de vous interroger sur les modalités de ces activités orientantes. À l'époque, vous m'aviez précisé que, conformément à une note d'orientation adoptée par votre gouvernement le 28 novembre 2019 sur la base des recommandations émises par le comité de concertation du Pacte, vous vous êtes accordés sur le principe de quatre semaines orientantes comprises dans la grille horaire des élèves, réparties sur les trois premières années, avec un maximum organisé en troisième année.
Vous m'aviez par ailleurs confirmé que le gouvernement, par le biais d'un groupe de travail intercabinets, allait très prochainement entamer une réflexion sur la base des premières conclusions du groupe de travail spécifique formé au sein de la Commission des référentiels et des programmes du tronc commun chargé de donner corps à un huitième domaine consacré aux seules activités orientantes.
Madame la Ministre, qu'est-il d'ores et déjà ressorti des premières discussions au sein du gouvernement vis-à-vis de ces activités orientantes et du huitième domaine à créer? Dans quelle mesure, ces discussions influencent-elles le projet de réforme de l'orientation prévu par le Pacte? Pouvez-vous brosser le tableau des principales mesures que vous entendez appliquer pour renforcer l'orientation au cours de la troisième année de l'enseignement secondaire, voire des années antérieures?
Par ailleurs, en janvier 2020, je vous interrogeais sur l'orientation positive des élèves, un chantier essentiel du Pacte pour un enseignement d'excellence.
À l'époque, vous m'aviez répondu que ce chantier venait tout récemment d'être entamé et que vous travailliez à l'élaboration d'une feuille de route avec les personnes responsables pour définir et concrétiser une approche globale de l'orientation sur trois plans: le plan institutionnel par l'inscription dans un cadre légal adéquat, sur le plan pédagogique par la création d'une série d'outils d'orientation destinés à être utilisés dans les différentes activités scolaires et sur le plan de la formation et de l'information avec la création d'un portail d'informations unique et de qualité.
Sur le plan de l'information, vous aviez précisé qu'un portail d'information et d'orientation devrait être mis en chantier pour répondre aux besoins de tous les élèves, sur des principes d'égalité et d'impartialité. Vous voyiez là un des éléments sur lesquels vous et votre collègue chargée de l'Enseignement supérieur comptiez collaborer. Vous aviez encore ajouté que vous vous attelleriez à la transition entre les enseignements secondaire et supérieur et que vous aviez déjà abordé la question avec Mme Glatigny.
Pourriez-vous dresser l'état d'avancement de ce chantier sur l'ensemble de ces volets? Votre collaboration avec la ministre de l'Enseignement supérieur s'est-elle poursuivie? J'ai également interrogé Mme Glatigny sur le sujet aujourd'hui.
À propos des «assises de l'orientation», dont l'organisation est prévue durant cette législature, vous m'aviez répondu, en janvier dernier, qu'elles viseraient à étudier et à généraliser des approches de l'orientation. Dans votre réponse, vous me disiez qu'il ne vous était pas encore possible d'apporter des réponses précises sur les modalités et le calendrier prévus. Pourriez-vous aujourd'hui me fournir plus d'informations?
En octobre 2019, en réponse à une question de M. Casier, Mme Glatigny avait indiqué que le projet concernait, dans un premier temps, principalement l'enseignement obligatoire et non l'enseignement supérieur. Il me semble pourtant essentiel de travailler simultanément sur les deux types d'enseignement, comme vous l'avez fait récemment avec les STEM (Science, technology, engineering and mathematics). Pensez-vous donc élargir le projet à l'enseignement supérieur?
Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation.- Je vous remercie pour vos questions qui me permettent, entre autres, de faire le point sur un dossier qui trouvera bientôt une concrétisation dans les référentiels du tronc commun. Ceux-ci devraient arriver sur les bancs parlementaires au début de l'année prochaine.
Le 26 mars dernier, le gouvernement s'est accordé sur une note de cadrage définissant le domaine 8. À partir d'une proposition issue de la Commission des référentiels et des programmes, cette note définit ce domaine d'apprentissage dans une perspective large et à long terme, afin que l'élève se forge une vision de l'avenir en se fondant sur quatre grands champs de compétences: se sentir concerné par son avenir (planification d'objectifs, y compris en termes d'apprentissage); avoir du contrôle sur son avenir (autorégulation et autodiscipline); être ouvert et curieux (sur les opportunités futures, les possibilités alternatives et la diversité des situations professionnelles); développer une certaine confiance en son avenir. Ces compétences relèvent d'une approche orientante amenant l'élève à être acteur de son orientation.
Par ailleurs, cette définition du domaine 8 a amené à repréciser les domaines 6 et 7 afin que ces trois domaines permettent, étant donné leurs fortes complémentarités et leurs nombreuses interconnexions, de définir six visées transversales devant structurer les nouveaux référentiels.
À ce stade toutefois, le groupe de travail intercabinets traitant de la praticabilité des quatre semaines d'activités orientantes sur la troisième année de l'enseignement secondaire ou sur une période plus longue n'a pas encore démarré ses travaux. Dès lors, je ne peux pas encore vous donner de pistes ou d'indices sur la manière dont les choses seront opérées.
À ce stade, il est toutefois acquis que les référentiels ont bien été élaborés à l'aune de cette exigence et comportent déjà des attendus correspondant aux six visées transversales.
Enfin, avant d'en arriver à votre question plus générale sur l'orientation, je précise de nouveau que c'est bien tout au long du parcours des élèves que les moyens devront être déployés -et de manière accrue dans leurs dernières années- pour les outiller afin qu'ils puissent poser un choix positif d'orientation. Mais je sais bien que c'est ce que vous souhaitez également.
Madame la Députée, c'est avec plaisir que je peux vous préciser que le chantier consacré à l'orientation positive des élèves progresse dans ses travaux. Les premières notes techniques ont vu le jour. Ce sera prochainement le cas pour des notes d'orientation.
Parmi les objectifs à atteindre, je vous citerai la mise à disposition des élèves et des étudiants d'une plateforme fiable et interactive, l'aide aux parents pour trouver une information claire, exhaustive et centralisée, ou encore la mise à disposition pour les professionnels de l'orientation d'une information complète et mise à jour.
La réalisation d'accords de collaboration fait partie de l'ADN du chantier de l'orientation et la feuille de route prévoit une série de rencontres de haut niveau, notamment avec l'enseignement supérieur qui fait déjà partie intégrante d'un groupe de travail. C'est vraiment une préoccupation que je partage avec ma collègue, Mme Valérie Glatigny.
En effet, les assises de l'orientation constitueront un moment de large concertation et elles permettront de faire le point sur l'existant et d'informer sur l'état d'avancement du Pacte pour un enseignement d'excellence dans le domaine de l'orientation, de consulter les acteurs éducatifs, de partager des expériences innovantes et de dégager de nouvelles pistes pour un développement significatif de l'orientation positive, répondant aux défis éducatifs et aux préoccupations des professionnels, des élèves et des parents. Quatre grandes thématiques devraient guider les débats de ces premières assises: les approches éducatives de l'orientation; la formation du personnel de l'orientation; l'accès à l'information; les perceptions et le vécu des jeunes en matière d'orientation. La date de ces assises sera communiquée d'ici peu, et, si tout va bien, notamment au regard de la crise sanitaire, elles devraient avoir lieu dans le courant du mois de mars 2021.
Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Je vous remercie, Madame la Ministre, pour vos réponses toujours très complètes. Je me réjouis de l'avancée des travaux concernant l'orientation positive des élèves et le domaine 8.
Je me réjouis aussi du fait que les travaux sur la praticabilité d'une orientation plus accrue en troisième année secondaire pourront commencer. Une orientation plus efficace de nos élèves est un défi majeur de cette législature, que ce soit tout au long du tronc commun, entre le passage de la troisième à la quatrième année secondaire ou entre le passage de l'enseignement secondaire à l'enseignement supérieur.
Je constate que vous partagez mon avis: trop d'élèves se dirigent vers une formation et des études qui finalement - quelques mois voire quelques années plus tard - ne correspondent pas à leurs aspirations. Nous devons donc tout mettre en œuvre pour faire en sorte que ce phénomène cesse. Je ne manquerai pas de suivre ces nombreux chantiers avec attention.