Question sur l'orientation entre le secondaire et le supérieur

10/01/2023

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur, à propos de l'orientation entre les enseignements secondaire et supérieur

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, l'orientation des élèves dans l'enseignement obligatoire ou avant leur entrée dans l'enseignement supérieur doit constituer l'une des grandes priorités d'ici la fin de la présente législature.

En janvier dernier, vous avez annoncé votre souhait d'élaborer, en collaboration avec la ministre de l'Éducation, un outil d'orientation neutre et utilisable sur une base volontaire par tous les élèves avant leur choix d'études, lorsqu'ils sont toujours scolarisés dans l'enseignement secondaire.

Pour ce faire, un budget de 1,371 million d'euros a été débloqué en 2022. Pour 2023, un budget de 699 000 euros est prévu afin de poursuivre les projets relatifs à l'orientation. En réunion de commission, vous avez précisé qu'à la suite de différents contacts établis avec les établissements d'enseignement supérieur, la réflexion avançait dans la perspective d'offrir un nouvel outil d'orientation à la rentrée académique 2023-2024.

Au mois de septembre dernier, vous avez indiqué que les travaux relatifs au développement de l'outil d'orientation avaient nécessité́ de nombreuses concertations, d'une part, pour définir les partenaires et l'équipe du projet et, d'autre part, pour en organiser la coordination. Pour ce faire, vous avez demandé le soutien de l'ensemble des pôles académiques. Vous avez ajouté qu'une première phase des travaux serait opérationnelle pour la prochaine rentrée scolaire. Enfin, vous avez précisé que des collaborations étaient mises en œuvre dans le cadre du chantier n° 4 du Pacte pour un enseignement d'excellence. Celui-ci vise à développer l'orientation positive.

Le 15 décembre 2022, le gouvernement discutait d'un projet d'arrêté visant à octroyer «une subvention complémentaire aux pôles académiques pour la création d'un outil d'orientation formative et non contraignante commun à l'ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l'exercice budgétaire 2022».

Dès lors, où en sont les travaux quant à la création de ce test d'orientation en fin d'enseignement secondaire? Collaborez-vous avec la ministre Désir sur ce dossier? À la demande de mon groupe, celle-ci analyse actuellement l'opportunité de créer un test d'orientation en fin de troisième année secondaire, au terme du nouveau tronc commun. Dès lors, un outil informatique commun ne pourrait-il pas être développé pour ces deux tests d'orientation?

Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur. - Les tests d'orientation constituent un chaînon manquant dans les aides apportées aux étudiants au cours de leur processus de transition de l'enseignement secondaire vers l'enseignement supérieur.

L'outil d'orientation formative et non contraignante que nous allons développer sera commun à la Fédération Wallonie-Bruxelles et destiné à tout jeune désirant s'inscrire dans l'enseignement supérieur.

Il permettra à chaque utilisateur de déterminer sa motivation, ses buts, ses représentations mentales, ses croyances ou encore ses stratégies d'études. Il permettra également d'identifier ses aspirations professionnelles et de déterminer un niveau de compétences cognitives générales, qu'elles soient verbales, numériques, logiques ou socioaffectives, au regard de celles qui sont attendues dans l'enseignement supérieur. L'outil permettra enfin de s'informer sur l'état du marché du travail et la palette des métiers existants - car les jeunes n'ont pas forcément connaissance de l'offre professionnelle -, ainsi que sur toutes les filières d'enseignement qui y mènent.

Il sera élaboré par une équipe interdisciplinaire issue de plusieurs pôles académiques et réunissant des experts académiques, des technopédagogues, des experts informatiques ou encore des experts externes coordonnés par un expert chercheur de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES).

Le test RIASEC utilisé par le Service d'information sur les études et les professions (SIEP) est fondé sur une théorie des carrières et choix professionnels elle-même basée sur six types de personnalités. Un des modules du test d'orientation que nous élaborerons s'en approchera, mais sera complété par deux autres modules : un module motivationnel et un module sur les connaissances cognitives générales. D'après mes renseignements, le SIEP ne propose pas cet outil, en tout cas pas gratuitement et de sorte qu'il soit accessible à tous.

Mon cabinet et celui de ma collègue Mme Désir ont eu des contacts à ce sujet. Dans le futur, les membres de nos cabinets entretiendront des contacts réguliers étant donné que l'outil constitue un maillon de l'orientation principalement destinée aux élèves du troisième degré de l'enseignement secondaire. Le test sera intégré aux travaux menés dans le cadre du chantier n° 4 du Pacte pour un enseignement d'excellence, dont la cheffe de projet sera invitée aux réunions du comité de pilotage encadrant les travaux de développement de l'outil.

Nous avons pris plusieurs mesures pour éviter les biais socioéconomiques.

Des experts chargés des travaux de conception des deux modules additionnels seront également chargés de définir les feed-backs qui seront communiqués aux personnes ayant passé le test. Ces feed-backs seront contextualisés et formulés de manière positive et sous la forme de conseils. Les résultats seront accompagnés de conseils visant à encourager la personne à se faire accompagner par des professionnels de l'orientation pour aller plus loin dans l'interprétation des résultats et la définition d'un accompagnement éventuel.

Le test fera partie de la panoplie d'outils d'orientation mis à disposition des enseignants de l'enseignement obligatoire et des acteurs de l'orientation. Des formations et un accompagnement à l'usage de l'outil et à l'interprétation de ses résultats leur seront proposés.

L'objectif du développement d'un tel test est de permettre une meilleure orientation ainsi qu'une identification des attendus et prérequis de l'enseignement supérieur. Le test permettra, par exemple, une prise de conscience du besoin de suivre des cours de préparation durant la dernière année du secondaire ou des cours de propédeutique organisés par les établissements d'enseignement supérieur et de promotion sociale. Il permettra aussi aux jeunes de se tourner vers des aides à la réussite dès l'entame des études, sans attendre les résultats des tests de janvier. Nous avons considérablement augmenté les moyens alloués aux aides à la réussite dans ce but.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Je note que l'outil permettra notamment d'obtenir des informations sur l'état du marché du travail. C'est essentiel pour savoir si nous nous dirigeons vers une option porteuse d'emplois dans ce contexte de pénurie qui touche de nombreux métiers.

Je note également que ce test d'orientation sera gratuit et accessible à tous. C'est très important puisque celui-ci coûte souvent 200 à 300 euros à l'heure actuelle, si bien que seuls certains élèves issus de familles plus aisées y ont accès.

L'amélioration de la transition entre les enseignements secondaire et supérieur doit constituer une priorité. Elle passe notamment par une série de réformes à mener au sein de l'enseignement obligatoire - dont les réformes du tronc commun et l'amélioration de l'orientation tout au long de ce parcours -, mais aussi par une meilleure orientation dans le choix des études supérieures.

Le travail que vous menez est donc essentiel pour lutter contre l'abandon et l'échec. Je suivrai avec attention l'évolution de ces travaux.