Question sur l'orientation entre le secondaire et le supérieur
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur, à propos de la création d'un test d'orientation entre les enseignements secondaire et supérieur
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Dès le début de mon mandat, j'ai été
interpellée par des jeunes qui s'inquiétaient de leur transition entre
l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur, en particulier au niveau
de leur orientation dans le choix de leurs études.
Je suis donc très
heureuse de constater, Madame la Ministre, que vous travaillez à l'élaboration
d'un test d'orientation gratuit accessible à l'ensemble des élèves du
secondaire.
Le 10 janvier
dernier, en réunion de commission, vous avez détaillé les modalités du test qui
sera formatif et non contraignant. Ce test permettra à chaque utilisateur de
déterminer sa motivation, ses buts, ses représentations mentales, ses croyances
ou encore ses stratégies d'études. Il permettra également à chaque jeune
d'identifier ses aspirations professionnelles et de déterminer un niveau de
compétences cognitives générales, qu'elles soient verbales, numériques,
logiques ou socio-affectives, au regard de celles qui sont attendues dans
l'enseignement supérieur. L'outil permettra enfin aux utilisateurs de
s'informer sur l'état du marché du travail, sur l'éventail des métiers
existants et sur toutes les filières d'enseignement qui y mènent.
Vous avez ajouté
que les résultats des différents tests seraient assortis de conseils
personnalisés, notamment à travers un renvoi vers des professionnels de
l'orientation qui permettront aux jeunes d'affiner leurs choix d'études et de
professions. Vous avez précisé que l'outil serait élaboré par une équipe
interdisciplinaire issue de plusieurs pôles académiques et réunissant des
experts académiques, des techno-pédagogues, des experts informatiques ou encore
des experts externes coordonnés par un expert chercheur de l'Académie de
recherche et d'enseignement supérieur (ARES).
Où en est la
création de ce test d'orientation prévu à la fin de l'enseignement secondaire?
Quels sont les experts qui y travaillent? Qu'en est-il du contenu du test, de
la manière dont ses résultats seront formulés et de la liste des professionnels
de l'orientation qui accompagnent et aident les étudiants dans l'interprétation
des résultats du test? Une première version de l'outil sera-t-elle bien
opérationnelle pour la prochaine rentrée académique de septembre 2023?
Mme Valérie
Glatigny, ministre de l'Enseignement supérieur. – Cet
outil d'orientation continue à se développer et fait l'objet d'un travail de
grande ampleur qui a nécessité de travailler par projet.
Les travaux ont
ainsi été répartis en sept «work package», terme anglais pour «lot de travaux»,
chacun d'eux étant piloté par un expert académique désigné par un pôle
académique. Ces experts académiques sont entourés par une série d'experts issus
des autres pôles: Damien Canzittu pour l'Université de Mons (UMONS), Pascal
Detroz pour l'Université de Liège (ULiège), Vincent La Paglia pour l'Hénallux,
Philippe Catoire, Geoffroy Hecquet et Frédéric Nils pour l'Université
catholique de Louvain (UCLouvain). Par ailleurs, mon cabinet assure le pilotage
général du projet, en collaboration avec un chercheur expert de l'ARES, Mikaël
De Clercq. Ce dernier pilotera également le work package relatif à l'évaluation
générale de l'outil créé. Tous les work packages ont démarré leurs travaux
selon les échéanciers qui ont été définis.
Plusieurs modules de tests sont prévus.
D'abord, ils leur permettront
de déterminer leur motivation et leur connaissance de soi en répondant à
plusieurs questions: qui suis-je, quelles sont mes motivations à faire des
études, quels sont mes buts, quelles sont mes représentations mentales, quelles
sont mes stratégies d'étude?
Ils permettront aux
utilisateurs de déterminer leurs aspirations professionnelles, leur niveau de
compétences cognitives générales: leurs compétences verbales, numériques,
logiques et socio-affectives, au regard de celles qui sont attendues par
l'enseignement supérieur.
Ils devront aussi
permettre aux utilisateurs de s'informer sur l'état du marché du travail et sur
la palette des métiers existants: quelle est ma destination professionnelle et
y a-t-il des débouchés dans cette filière?
Enfin, ils
permettront aux utilisateurs de s'informer sur toutes les filières
d'enseignement qui mènent à l'enseignement supérieur, car parfois, les
étudiants n'ont pas conscience de toute l'offre de formation qui existe en
Fédération Wallonie-Bruxelles. Des liens seront établis, notamment vers le site
d'information relatif aux activités de découverte de métiers, de visites, de
sensibilisation aux sciences, à la technologie, à l'ingénierie et aux
mathématiques (STIM), proposés aux enseignants de l'enseignement obligatoire.
Des liens sont aussi faits vers des sites menant aux activités de propédeutique
et d'aide à la réussite, organisées par les établissements d'enseignement
supérieur, mais aussi à toutes les activités de renforcement des compétences,
organisées par l'enseignement de promotion sociale.
L'idée est vraiment
de créer un écosystème et d'aider le jeune pour qu'il puisse trouver des
ressources additionnelles pour aller plus loin dans sa démarche ou pour
soutenir sa préparation dans son choix d'études.
Par exemple, une
rubrique spécifique met en évidence les différents services d'orientation
académique. Il sera donc possible de faire appel à un conseiller en orientation
ou encore à la cité des métiers, notamment.
Par ailleurs, les
experts chargés des travaux de conception de ces deux modules additionnels
seront aussi chargés d'établir les retours à communiquer aux personnes ayant
passé le test. Ceux-ci seront contextualisés et formulés positivement sous
forme de conseils. Ainsi, la personne sera encouragée à se faire accompagner
par des professionnels de l'orientation pour aller plus loin dans
l'interprétation des résultats et dans la définition d'un éventuel suivi.
Une première
version sera opérationnelle dès septembre. Il est impossible d'aller plus vite.
Néanmoins, tous ces tests visent à garantir le bon fonctionnement de cet outil
pour la rentrée.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Je vous remercie pour vos réponses,
Madame la Ministre, et pour la création de ce test, fort attendu sur le
terrain.
Certains tests
d'orientation sont déjà disponibles sur le terrain, mais ils sont diffusés par
des opérateurs privés; payants, ils coûtent parfois jusqu'à 300 euros et ne
sont dès lors pas accessibles à tous.
Vous proposerez un
test gratuit, destiné à tous les élèves. C'est une bonne chose, dans la mesure
où 60 % des élèves redoublent leur première année dans l'enseignement
supérieur. Ce taux de redoublement est notamment dû à une mauvaise orientation
des élèves dans le choix de leurs études.
Le test sera certainement de nature à remédier à la situation et j'espère que toutes les réformes que le gouvernement mène en parallèle dans le cadre du Pacte pour un enseignement d'excellence conduiront à l'amélioration de l'enseignement obligatoire.
Je ne manquerai de
suivre le travail d'élaboration du test.