Question sur l'orientation entre le secondaire et le supérieur

06/06/2023

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Enseignement supérieur, à propos de la création d'un test d'orientation entre les enseignements secondaire et supérieur

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Dès le début de mon mandat, j'ai été interpellée par des jeunes qui s'inquiétaient de leur transition entre l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur, en particulier au niveau de leur orientation dans le choix de leurs études.

Je suis donc très heureuse de constater, Madame la Ministre, que vous travaillez à l'élaboration d'un test d'orientation gratuit accessible à l'ensemble des élèves du secondaire.

Le 10 janvier dernier, en réunion de commission, vous avez détaillé les modalités du test qui sera formatif et non contraignant. Ce test permettra à chaque utilisateur de déterminer sa motivation, ses buts, ses représentations mentales, ses croyances ou encore ses stratégies d'études. Il permettra également à chaque jeune d'identifier ses aspirations professionnelles et de déterminer un niveau de compétences cognitives générales, qu'elles soient verbales, numériques, logiques ou socio-affectives, au regard de celles qui sont attendues dans l'enseignement supérieur. L'outil permettra enfin aux utilisateurs de s'informer sur l'état du marché du travail, sur l'éventail des métiers existants et sur toutes les filières d'enseignement qui y mènent.

Vous avez ajouté que les résultats des différents tests seraient assortis de conseils personnalisés, notamment à travers un renvoi vers des professionnels de l'orientation qui permettront aux jeunes d'affiner leurs choix d'études et de professions. Vous avez précisé que l'outil serait élaboré par une équipe interdisciplinaire issue de plusieurs pôles académiques et réunissant des experts académiques, des techno-pédagogues, des experts informatiques ou encore des experts externes coordonnés par un expert chercheur de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES).

Où en est la création de ce test d'orientation prévu à la fin de l'enseignement secondaire? Quels sont les experts qui y travaillent? Qu'en est-il du contenu du test, de la manière dont ses résultats seront formulés et de la liste des professionnels de l'orientation qui accompagnent et aident les étudiants dans l'interprétation des résultats du test? Une première version de l'outil sera-t-elle bien opérationnelle pour la prochaine rentrée académique de septembre 2023?

Mme Valérie Glatigny, ministre de l'Enseignement supérieur. – Cet outil d'orientation continue à se développer et fait l'objet d'un travail de grande ampleur qui a nécessité de travailler par projet.

Les travaux ont ainsi été répartis en sept «work package», terme anglais pour «lot de travaux», chacun d'eux étant piloté par un expert académique désigné par un pôle académique. Ces experts académiques sont entourés par une série d'experts issus des autres pôles: Damien Canzittu pour l'Université de Mons (UMONS), Pascal Detroz pour l'Université de Liège (ULiège), Vincent La Paglia pour l'Hénallux, Philippe Catoire, Geoffroy Hecquet et Frédéric Nils pour l'Université catholique de Louvain (UCLouvain). Par ailleurs, mon cabinet assure le pilotage général du projet, en collaboration avec un chercheur expert de l'ARES, Mikaël De Clercq. Ce dernier pilotera également le work package relatif à l'évaluation générale de l'outil créé. Tous les work packages ont démarré leurs travaux selon les échéanciers qui ont été définis.

Plusieurs modules de tests sont prévus.

D'abord, ils leur permettront de déterminer leur motivation et leur connaissance de soi en répondant à plusieurs questions: qui suis-je, quelles sont mes motivations à faire des études, quels sont mes buts, quelles sont mes représentations mentales, quelles sont mes stratégies d'étude?

Ils permettront aux utilisateurs de déterminer leurs aspirations professionnelles, leur niveau de compétences cognitives générales: leurs compétences verbales, numériques, logiques et socio-affectives, au regard de celles qui sont attendues par l'enseignement supérieur.

Ils devront aussi permettre aux utilisateurs de s'informer sur l'état du marché du travail et sur la palette des métiers existants: quelle est ma destination professionnelle et y a-t-il des débouchés dans cette filière?

Enfin, ils permettront aux utilisateurs de s'informer sur toutes les filières d'enseignement qui mènent à l'enseignement supérieur, car parfois, les étudiants n'ont pas conscience de toute l'offre de formation qui existe en Fédération Wallonie-Bruxelles. Des liens seront établis, notamment vers le site d'information relatif aux activités de découverte de métiers, de visites, de sensibilisation aux sciences, à la technologie, à l'ingénierie et aux mathématiques (STIM), proposés aux enseignants de l'enseignement obligatoire. Des liens sont aussi faits vers des sites menant aux activités de propédeutique et d'aide à la réussite, organisées par les établissements d'enseignement supérieur, mais aussi à toutes les activités de renforcement des compétences, organisées par l'enseignement de promotion sociale.

L'idée est vraiment de créer un écosystème et d'aider le jeune pour qu'il puisse trouver des ressources additionnelles pour aller plus loin dans sa démarche ou pour soutenir sa préparation dans son choix d'études.

Par exemple, une rubrique spécifique met en évidence les différents services d'orientation académique. Il sera donc possible de faire appel à un conseiller en orientation ou encore à la cité des métiers, notamment.

Par ailleurs, les experts chargés des travaux de conception de ces deux modules additionnels seront aussi chargés d'établir les retours à communiquer aux personnes ayant passé le test. Ceux-ci seront contextualisés et formulés positivement sous forme de conseils. Ainsi, la personne sera encouragée à se faire accompagner par des professionnels de l'orientation pour aller plus loin dans l'interprétation des résultats et dans la définition d'un éventuel suivi.

Une première version sera opérationnelle dès septembre. Il est impossible d'aller plus vite. Néanmoins, tous ces tests visent à garantir le bon fonctionnement de cet outil pour la rentrée.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Je vous remercie pour vos réponses, Madame la Ministre, et pour la création de ce test, fort attendu sur le terrain.

Certains tests d'orientation sont déjà disponibles sur le terrain, mais ils sont diffusés par des opérateurs privés; payants, ils coûtent parfois jusqu'à 300 euros et ne sont dès lors pas accessibles à tous.

Vous proposerez un test gratuit, destiné à tous les élèves. C'est une bonne chose, dans la mesure où 60 % des élèves redoublent leur première année dans l'enseignement supérieur. Ce taux de redoublement est notamment dû à une mauvaise orientation des élèves dans le choix de leurs études.

Le test sera certainement de nature à remédier à la situation et j'espère que toutes les réformes que le gouvernement mène en parallèle dans le cadre du Pacte pour un enseignement d'excellence conduiront à l'amélioration de l'enseignement obligatoire.

Je ne manquerai de suivre le travail d'élaboration du test.