Question sur l'orientation positive des élèves

25/01/2022

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Education, à propos de l'orientation positive des élèves.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, le 4 mai 2021, je vous interrogeais une nouvelle fois au sein de cette commission au sujet de l'orientation positive des élèves tout au long du tronc commun polytechnique et pluridisciplinaire, ainsi que sur le renforcement des activités d'orientation en troisième année de l'enseignement secondaire.

Vous m'aviez alors répondu que «les travaux du chantier n° 4 du Pacte pour un enseignement d'excellence avancent dans le bon sens et plusieurs projets sont sur les rails». Pourriez-vous me préciser où en est l'état d'avancement de ce chantier et des différents projets en cours et à venir?

Les Assises de l'orientation devaient se tenir le 25 novembre 2021. Pourriez-vous préciser quels acteurs ont pu y participer et sous quelle forme se sont-elles tenues? Quels sujets y ont été abordés? Un rapport de ces assises est-il disponible? Quelles conclusions pouvez-vous en tirer?

Par ailleurs, je vous ai fait part de l'idée d'instaurer, au terme du tronc commun, un test d'orientation pour permettre à l'élève d'opter ensuite, en meilleure connaissance de cause et de manière positive, pour une filière de transition ou de qualification dans le cadre de la poursuite de son parcours scolaire obligatoire. Vous précisiez n'y être a priori pas favorable, car cela vous paraissait antinomique avec les ambitions du Pacte. À l'époque, je vous avais répondu que cette démarche était, au contraire, de nature à parfaire le tronc commun et l'orientation positive de l'élève avant la poursuite de son parcours scolaire. J'estime qu'un test d'orientation concrétiserait ce nouveau parcours, ce nouveau tronc commun polytechnique et pluridisciplinaire et les activités d'orientation renforcées en troisième année de l'enseignement secondaire. Je vous demandais si cette piste ne pouvait pas à tout le moins être analysée dans le cadre des Assises de l'orientation, vu que, selon vos termes, ces dernières étaient «l'occasion de consulter les acteurs éducatifs, de partager des expériences innovantes et de dégager de nouvelles pistes pour un développement significatif de la question d'orientation positive répondant aux défis éducatifs et aux préoccupations des professionnels, des élèves et des parents». Madame la Ministre, les participants aux Assises de l'orientation se sont-ils penchés sur la pertinence d'instaurer un test d'orientation au terme du tronc commun? Avez-vous soumis cette idée au Comité de concertation du Pacte pour un enseignement d'excellence? Avez-vous connaissance du test d'orientation «Simon» développé par l'Université de Gand (UGent) et que la Flandre entendrait généraliser dans l'enseignement tant supérieur qu'obligatoire? Une collaboration est-elle envisageable? Dans la négative, pourrait-on imaginer un test similaire - dans son volet «orientation» et non pas «prérequis» - dans l'enseignement obligatoire en Fédération Wallonie-Bruxelles?

Pour rappel, dans sa Déclaration de politique communautaire (DPC), votre gouvernement a affiché sa volonté de renforcer les activités d'orientation en troisième année secondaire en vue de faciliter la transition des élèves vers la quatrième année. Au mois de septembre 2020, vous m'avez précisé que ce dossier serait bientôt concrétisé grâce à l'arrivée des nouveaux référentiels du tronc commun et l'adoption d'une note de cadrage définissant le domaine 8. Au mois de mai dernier, vous indiquiez cependant que les travaux du groupe de travail intercabinets traitant de la praticabilité des quatre semaines d'activités d'orientation durant la troisième année secondaire ou sur une période plus longue n'avaient pas encore démarré. Où en sont les travaux de ce groupe de travail? Pouvez-vous aujourd'hui nous fournir plus d'indications à ce sujet?

Enfin, lors de la réunion de commission du 11 janvier dernier, la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Glatigny a annoncé son souhait d'élaborer, en collaboration avec vous, un outil d'orientation neutre et utilisable sur une base volontaire par l'ensemble des élèves toujours scolarisés dans le secondaire avant leur choix d'études. Un budget de 1 371 000 euros a d'ailleurs déjà été débloqué à cet égard pour 2022. Pouvez-vous nous en dire davantage? Une méthode de travail et un calendrier ont-ils déjà été fixés ?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation.- Je tiens avant tout à vous remercier pour vos suivis rapprochés et constants des travaux liés au chantier sur l'orientation.

Les Assises de l'orientation du 25 novembre 2021 se sont très bien déroulées et ont connu un vif succès. Pas moins de 200 personnes ont pris part aux échanges: enseignants, directeurs, inspecteurs, conseillers des centres PMS, conseillers d'orientation, fédérations de pouvoirs organisateurs, fédérations des associations de parents, membres du Comité des élèves francophones (CEF), syndicats, mais également représentants de l'enseignement supérieur, de la formation et de l'emploi.

Une palette de vingt intervenants hautement qualifiés dans leur domaine d'expertise a animé les différentes sessions; académiciens et acteurs de terrain se sont relayés tout au long de la journée. Les axes de débat ont porté sur l'approche éducative de l'orientation, ses outils et méthodes ainsi que sa mise en œuvre concrète dans le cadre des référentiels de compétences. La question de la formation des professionnels de l'orientation - y compris celle des enseignants -, la problématique de l'accès à une information structurée et de grande qualité ont aussi été abordées. Les différents documents et présentations partagés au cours de la journée sont disponibles sur le site www.enseignement.be.

Les réponses au questionnaire d'évaluation témoignent d'une très grande satisfaction générale des participants et d'une grande satisfaction quant aux thématiques proposées et au modèle d'animation choisi. Un appel net se dégage par ailleurs des commentaires reçus: il serait pertinent de poursuivre la réflexion dans le cadre d'ateliers thématiques plus spécifiques.

Les riches échanges des assises ont mis en évidence à quatre points d'attention primordiaux nous concernant. Tout d'abord, l'orientation relève d'un processus éducatif continu qui débute dès l'enseignement fondamental et se poursuit tout au long de la scolarité des élèves. Deuxièmement, l'orientation doit être l'affaire de tous au sein du système scolaire. Elle implique les enseignants, les centres PMS, les délégués à l'orientation, mais aussi les parents et les partenaires de la formation et de l'emploi. Troisièmement, ce processus doit prendre appui sur l'ensemble des apprentissages pour développer progressivement la capacité de chaque élève à mieux se connaître et à construire des représentations plus justes de son projet d'orientation. Enfin, l'équité reste au cœur de ce processus. En effet, dans un système éducatif dont les enquêtes PISA (Programme international pour le suivi des acquis) ont depuis les années 2000 régulièrement mis en évidence le caractère inégalitaire, l'orientation est à la fois le reflet de ces inégalités, mais aussi un mécanisme amplificateur de celles-ci. Dès qu'un choix s'offre à un élève concernant ses études, sa filière ou son école, les conséquences de ce choix jouent en défaveur des élèves les plus vulnérables.

Je voudrais à présent revenir sur la problématique du processus des tests d'orientation. L'UGent teste la quasi-totalité des étudiants qui s'inscrivent par le biais du site www.vraaghetaansimon.be. Le test «Simon» fait partie du dispositif global Colombus. Ce dernier est actuellement à l'étude par mes services, au même titre que d'autres applications existantes en Fédération Wallonie-Bruxelles et chez nos voisins européens. Une analyse globale de celui-ci est menée dans le cadre de l'axe relatif à l'espace personnel de l'élève de la future plateforme d'orientation. La finalité du processus n'est pas de faire subir des tests d'orientation aux élèves empruntés à d'autres contextes, mais bien de leur offrir un dispositif qui les aide à mieux se connaître, à s'autoévaluer et à poser des choix d'orientation leur correspondant. Cette démarche relève clairement d'un long processus, puisqu'elle accompagne l'élève au fil de son parcours scolaire dans le cadre du tronc commun.

Au sujet du domaine 8 de la DPC, l'approche éducative de l'orientation sera inscrite dans les apprentissages de tous les élèves. Celle-ci sera réalisée grâce à la création du domaine relatif à l'orientation du nouveau tronc commun.

Avec l'adoption prochaine des référentiels disciplinaires du tronc commun, les travaux liés à la praticabilité des quatre semaines d'orientations en troisième année secondaire vont pouvoir reprendre prochainement.

Enfin, une réunion entre mon cabinet, celui de ma collègue Glatigny et l'équipe chantier est prévue prochainement. Celle-ci nous permettra de faire le point de manière approfondie sur certains projets en cours et d'identifier la meilleure manière de travailler ensemble. Dans ce cadre, l'outil d'orientation évoqué par Mme Glatigny y sera naturellement discuté.

Mme Stéphanie Cortisse (MR).- Madame la Ministre, le développement d'une orientation plus efficace de nos élèves dans le cadre du tronc commun constitue un défi majeur. Les passages de la troisième à la quatrième année secondaire ou de l'enseignement secondaire à l'enseignement supérieur sont délicats.

Je suivrai attentivement l'évolution du dossier relatif au chantier n° 4 du Pacte pour un enseignement d'excellence. Ce dernier est primordial.

Ainsi, je veillerai à ce que l'engagement de votre gouvernement relatif au renforcement des activités d'orientation en troisième année secondaire soit respecté.

Je suis convaincue qu'un test d'orientation réalisé au terme du tronc commun permettrait de mieux guider les élèves vers leur quatrième année secondaire, qu'elle soit qualifiante ou de transition. N'oublions pas qu'à l'heure actuelle, un élève sur deux redouble à cette occasion.

Je suis ravie que vous travailliez, avec la ministre Glatigny, à la mise en œuvre d'une meilleure orientation dans les enseignements secondaire et supérieur. En effet, n'oublions pas qu'un étudiant sur deux rate sa première année d'enseignement supérieur.