Question sur l'orientation positive des élèves

23/05/2023

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de l'orientation positive des élèves

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, mon groupe et moi-même attachons beaucoup d'importance à l'orientation positive des élèves tout au long de leur parcours scolaire. Je vous interrogeais sur le sujet le 29 septembre dernier.

Tout d'abord, vous m'annonciez que le développement d'un portail de l'orientation en Fédération Wallonie-Bruxelles était en bonne voie. Quel est l'état d'avancement des travaux menés à cet égard? Quand cette plateforme verra-t-elle le jour? Quel en sera le contenu exact?

Concernant ma proposition visant à instaurer un test d'orientation en troisième année secondaire à l'issue du nouveau tronc commun polytechnique et pluridisciplinaire, vous annonciez recevoir prochainement les rapports du comité scientifique de l'Université libre de Bruxelles (ULB) et de l'Université de Mons (UMons), chargé d'une étude visant à analyser comparativement les portails numériques européens et comprenant une visée d'orientation. L'équipe du projet de chantier devait se pencher, avec l'appui de psychopédagogues spécialisés, sur la proposition d'un espace intégré qui reprendrait des activités d'orientation, des tests de connaissance de soi et des auto-évaluations. Pouvez-vous nous présenter les conclusions de cette étude? Une décision quant à la création d'un test d'orientation accessible sur la future plateforme a-t-elle été prise? À quel moment du parcours scolaire ce test sera-t-il accessible pour les élèves? Que comprendra ce test d'orientation?

En outre, vous annonciez que le travail relatif au renforcement des activités orientantes expressément prévues par la Déclaration de politique communautaire (DPC) en troisième année secondaire – dernière année du tronc commun – allait prochainement être entamé en intercabinets. Ce chantier cher à mon groupe a-t-il débuté? Pouvez-vous nous en dire davantage? Quelles sont les modalités retenues par rapport à celles consacrées par la DPC?

Par ailleurs, chargée de l'Enseignement supérieur, la Ministre Glatigny a pour objectif d'élaborer, avec votre collaboration, un test d'orientation qui permettrait aux élèves de dernière année secondaire de mieux opter pour une filière d'étude supérieure. Où en sont vos travaux avec la Ministre Glatigny à ce sujet? La création d'un outil informatique commun aux deux tests d'orientation – le premier en fin de troisième année secondaire, le second en fin de sixième année secondaire – est-elle à l'étude?

Enfin, lors de nos débats sur les nouveaux référentiels du tronc commun en réunion du 7 juin 2022 de notre commission, j'ai rappelé que l'avis n°3 du Groupe central du Pacte pour un enseignement d'excellence préconise l'établissement d'un guide visant à permettre aux enseignants de développer l'ensemble des dimensions de la capacité à s'orienter dans une approche éducative de l'orientation. Vous me répondiez qu'un document de référence destiné aux enseignants serait préparé pour soutenir et accentuer cet apprentissage transversal. Ce document est-il à présent finalisé? Quand sera-t-il communiqué aux équipes éducatives sur le site www.enseignement.be, ainsi que par voie de circulaire?

Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, la version 1.0 du portail de l'orientation de la Fédération Wallonie-Bruxelles devrait être mis en ligne très prochainement. Cet outil est en effet appelé à évoluer dans le temps et à être enrichi en suivant différents axes.

La plateforme www.monorientation.be constitue l'un des projets d'envergure du chantier n°4 du Pacte pour un enseignement d'excellence. Celui-ci vise à mener une réforme systémique du champ de l'orientation et à mettre en œuvre une approche éducative de l'orientation progressive et cohérente. L'objectif est de renverser la dynamique actuelle qui, pour de nombreux élèves, se résume à faire des choix par défaut. Ce projet a pour but de fournir aux élèves une plateforme fiable et interactive aux contenus et aux outils validés, d'aider les parents à trouver des informations claires et exhaustives et de leur donner les outils pour accompagner leur enfant. La plateforme vise également à permettre aux équipes chargées de l'orientation dans les écoles et aux acteurs externes à l'école de disposer d'informations complètes et à jour.

Encore trop souvent orienté par le système scolaire, par des représentations stéréotypées de certains métiers ou par l'influence des proches, l'élève qui naviguera sur le portail aura des outils et des propositions d'activités pour devenir véritablement acteur de sa démarche d'orientation. Pour l'aider, la version 2.0 de la plateforme susmentionnée, planifiée pour le mois de mai 2024, proposera des outils simples et intuitifs pour rechercher une formation ou explorer des métiers, comprendre le système éducatif ou encore trouver comment s'orienter.

Afin de rendre l'élève acteur de son processus d'orientation, la version 3.0 du portail, prévue quant à elle pour le mois de mai 2025, mettra également à sa disposition un espace personnel l'invitant à découvrir ses ressources personnelles, ses critères de choix, ses intérêts, ses valeurs et à garder une trace de ses recherches et de ses projets. Cet espace contiendra divers outils adaptés aux différents groupes d'âge, à leurs besoins et à leurs questionnements.

Ce dernier point m'amène à faire le lien avec la recherche conjointe menée par le comité scientifique de l'ULB et de l'UMons. Celle-ci démontre toute la complexité de la mise en œuvre de tests d'orientation. En effet, le rapport final met en évidence que si l'objectif est de permettre aux jeunes de développer leur parcours d'orientation de manière personnalisée par le biais de cet espace, l'orientation doit être considérée comme un cheminement éducatif, progressif et étalé sur plusieurs années de la scolarité du jeune. En outre, la recherche attire l'attention sur l'impact potentiel de la création d'une plateforme numérique quant à l'apparition éventuelle d'inégalités d'usage, notamment en défaveur de populations socio-économiques plus précaires. Notons également la complexité du suivi et de l'accompagnement nécessaires des élèves passant des tests afin de ne pas poser de diagnostic qui pourrait être mal interprété par un jeune tout seul dans sa chambre, devant son ordinateur. Pour toutes ces raisons, les travaux s'orientent vers la rédaction d'activités d'autoévaluation, où l'élève reçoit des informations de manière autonome et qui ne nécessitent pas de suivi particulier.

Quant aux activités orientantes, mon cabinet finalise une note d'orientation que je présenterai prochainement au gouvernement. Après avoir été discutée avec le comité de concertation du Pacte pour un enseignement d'excellence, celle-ci proposera la concrétisation des quatre semaines d'activités orientantes. Elle se basera ainsi sur plusieurs axes: les référentiels; les partenariats possibles pour permettre aux élèves de nourrir leurs réflexions sur leur orientation; les outils et ressources permettant aux élèves ainsi qu'à leur famille et à leurs enseignants de saisir toutes les potentialités de l'orientation. J'espère ensuite traduire la note d'orientation en projet de décret en vue d'une adoption au cours de cette législature.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Je me réjouis de l'adoption et de la mise en ligne du portail de l'orientation. J'ai bien compris que des versions améliorées de celui-ci seront proposées d'année en année. Cela relève effectivement d'un travail assez complexe et je comprends donc cette évolution progressive de la situation.

Par ailleurs, je ne vous ai pas entendue sur la création des tests d'orientation prévus en concertation avec la Ministre Glatigny, au sortir de l'enseignement secondaire et en vue de l'entrée dans l'enseignement supérieur pour les élèves qui le souhaitent. Je ne manquerai pas de vous réinterroger, ainsi que la Ministre Glatigny, à cet égard.

Malgré les difficultés qu'implique l'organisation d'un test d'orientation, compte tenu des écueils à éviter, il serait intéressant de proposer ce type de test au terme du nouveau tronc commun, de façon facultative et non contraignante. Se rendre sur le portail de l'orientation est une chose, mais faire passer un test de nature à faciliter considérablement la tâche aux élèves en est une autre. Il serait bon de profiter de la création, par la Ministre Glatigny, du test destiné aux élèves en fin de rhétorique pour voir si sa généralisation serait envisageable au tronc commun. L'idée serait ici de faciliter l'orientation dans les filières générale et qualifiante, et ce, sans relégation. En outre, cela favoriserait la revalorisation de l'enseignement qualifiant.

Je me réjouis que la situation évolue en ce qui concerne les activités orientantes.

En revanche, je ne vous ai pas entendue sur la publication d'un guide parallèlement à celle du référentiel, conformément à ce que prévoyait l'avis n°3 du Pacte pour un enseignement d'excellence. Je reviendrai donc également vers vous à ce sujet.