Réforme systémique de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle dont l'alternance

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation, à propos de la réforme systémique de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle et renforcement de l'alternance
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Sous la précédente mandature et la ministre-présidence de Pierre-Yves Jeholet, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a entamé, en collaboration avec la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale, une réforme systémique de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle, notamment en renforçant l'alternance.
La Déclaration de politique communautaire (DPC) 2024-2029 consacre un large chapitre à cette réforme. Le gouvernement s'engage à la poursuivre avec les objectifs suivants: «un enseignement qualifiant qui forme vraiment à un métier, et choisi positivement par les élèves; une prise en charge rapide et efficace de tous les élèves en situation de décrochage scolaire et la lutte contre le décrochage; un doublement de la participation à la formation professionnelle en Wallonie; une formation professionnelle plus efficace et qui mène à un emploi; des diplômes de qualité, connus et reconnus sur le marché du travail».
La DPC prévoit que «pour atteindre ces objectifs, les gouvernements souhaitent rendre l'écosystème plus efficient à travers une réforme de son organisation et de son offre dans l'espace francophone. […] Pour ce faire, il est nécessaire de repenser les missions et l'organisation des structures, non pas dans une perspective de défense ou de renforcement d'une institution contre une autre, mais dans une perspective d'amélioration du service public rendu et de lisibilité pour les apprenants».
En septembre 2024, le gouvernement a adopté une note d'orientation à ce sujet.
Dans son communiqué de presse à l'issue du conclave budgétaire de ce mois d'octobre 2025, le gouvernement wallon a annoncé que la mise en œuvre de cette réforme systémique se poursuivait et que «les deux gouvernements avaient profité de leur conclave respectif pour s'accorder sur les derniers éléments de la mise en œuvre de cet important chantier, dans lequel le modèle de l'alternance sera soutenu, modernisé et développé».
Madame la Ministre, pourriez-vous faire le point sur les avancées dans ce chantier capital tant pour la Fédération Wallonie-Bruxelles que pour les Régions wallonne et de Bruxelles-Capitale? Pourriez-vous nous éclairer sur les prochaines étapes de ce dossier?
Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, votre question me donne l'occasion de faire le point sur l'un des chantiers majeurs de la législature, à savoir la poursuite et la concrétisation de la réforme systémique de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle.
Cette réforme est menée conjointement par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne. Les gouvernements de ces deux entités désirent conjuguer leurs efforts pour faire de la formation professionnelle et de l'enseignement qualifiant une priorité commune. Cette convergence est essentielle. La Fédération Wallonie-Bruxelles est compétente en matière d'enseignement et la Région wallonne en matière de formation et d'emploi. Ensemble, nous entendons répondre aux grands défis de notre société, marquée par la transition numérique et la nécessité d'augmenter durablement le taux d'emploi.
Cette réforme s'inscrit dans la continuité des travaux engagés durant la précédente législature. Ces travaux ont posé la base d'un état des lieux détaillé et ce sont désormais treize domaines complémentaires qui sont réformés, depuis l'orientation des jeunes jusqu'à l'insertion professionnelle, en passant par la pertinence de l'offre, la collaboration entre écoles et entreprises, l'alternance, la lutte contre le décrochage scolaire, les infrastructures, le financement et la clarification des missions des différents opérateurs.
Des avancées concrètes ont déjà été réalisées, notamment pour l'orientation. Je pense notamment à la création du portail www.monorientation.be. Ce portail est le fruit du travail de mon administration, que je tiens à remercier. Il propose une information claire, complète et neutre sur les métiers et les formations. Il constitue une porte d'entrée unique pour tous les publics. Nous poursuivons son développement avec l'intégration de l'outil d'accompagnement au développement de ton avenir (ADA). Conçu par les spécialistes de l'orientation, cet outil permet à chacun d'identifier ses aspirations et ses compétences. Je suis consciente qu'un outil numérique ne suffit pas. C'est pourquoi la réforme s'accompagne de la formation de conseillers en orientation présents dans les carrefours et cités des métiers et dans les écoles, notamment par l'intermédiaire du cours de formation manuelle, technique, technologique et numérique (FMTTN) instauré dans la réforme de l'enseignement secondaire inférieur. Enfin, le taux d'insertion sur le marché de l'emploi pour chaque option de l'enseignement qualifiant sera prochainement publié sur www.monorientation.be, ce qui renforcera encore la transparence et la qualité de l'information offerte aux élèves et à leurs parents.
Un effort important est déployé pour réviser l'ensemble des profils de formation et les actualiser intégralement durant la présente législature. À travers mes nombreux contacts sur le terrain, j'entends les enseignants souligner régulièrement l'obsolescence de certains profils, qui ne correspondent plus toujours aux réalités des métiers. Cette mise à jour est dès lors essentielle pour garantir une formation en phase avec les besoins actuels du monde du travail.
Je tiens à rassurer les enseignants: le volet pédagogique – le parcours d'enseignement qualifiant (PEQ) – n'est pas inclus dans la réforme systémique, non pas parce qu'il n'est pas essentiel, bien au contraire, mais parce qu'il relève exclusivement de la compétence de la Fédération Wallonie-Bruxelles. À la suite des nombreux retours d'information d'enseignants, je me suis engagée à lancer une analyse menée par le Service général de l'inspection (SGI) et à constituer des groupes de travail pour faire évoluer ce dispositif, notamment pour remettre l'effort au centre de la formation des jeunes. Nous savons que le passage automatique au niveau des cinquième et sixième années interpelle très souvent les enseignants.
Je m'efforce aussi de répondre à l'appel des entreprises et des écoles, en soutenant activement leurs démarches de rapprochement dans le cadre des réformes en cours. En décembre, je lancerai un projet pilote visant à développer des liens pérennes entre les écoles et les entreprises. Cette initiative permettra de développer un rôle de référent dans les écoles et de concevoir la relation au monde du travail de manière plus holistique. Ainsi, les écoles seront invitées à déposer un projet avec pour objectif d'accompagner les élèves vers l'insertion socioprofessionnelle, de développer les compétences en orientation des enseignants, et de structurer le lien de l'école avec les entreprises régionales.
Je soutiens également le développement de projets pilotes, portés notamment par la Fondation pour l'enseignement et AKT, qui favorisent des collaborations concrètes entre les écoles et le monde du travail et qui sont très fructueux pour les élèves, les enseignants et les structures partenaires.
En somme, il s'agit d'une réforme ambitieuse, appelée à marquer l'ensemble de la législature. Pour atteindre ces objectifs, elle s'appuie sur deux leviers essentiels: une orientation neutre et de qualité, et une formation pertinente et exigeante.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie pour ces précisions. Un certain nombre de mesures sont en discussion en vue d'aboutir à une réforme ambitieuse qui, par son ampleur, s'étend sur plusieurs mandatures. Mon groupe et moi-même ne manquerons pas de suivre l'évolution de cette réforme essentielle, tant au sein de ce Parlement que du côté de la Région wallonne, mais aussi, espérons-le, du côté de la Région de Bruxelles-Capitale lorsqu'elle sera sortie des affaires courantes.