Task force dédiée au Téléscope Einstein et enseignement

14/07/2025

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation, à propos de la task force dédiée au Télescope Einstein et l'enseignement

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, nous sommes plusieurs députés à avoir récemment abordé le projet du Télescope Einstein en Conférence des bourgmestres de l'arrondissement de Verviers. C'est la raison pour laquelle nous vous interrogeons aujourd'hui à ce sujet.

Le Télescope Einstein est un projet d'infrastructure scientifique européenne de premier plan consacrée à l'observation des ondes gravitationnelles. Il pourrait prochainement être implanté dans l'Euregio Meuse-Rhin, au sein de plusieurs communes de l'arrondissement de Verviers.

Soutenu par l'Union européenne et porté par plus de 1 900 scientifiques, ce projet devrait générer des retombées économiques, technologiques et industrielles majeures dans notre pays. Le 3 juillet dernier, sur proposition du Ministre-Président Adrien Dolimont et du Ministre de l'Économie Pierre-Yves Jeholet, le Gouvernement wallon a annoncé la mise sur pied d'une task force dédiée au Télescope Einstein dont le Groupement de redéploiement économique de la province de Liège (GRE Liège) est chargé de la coordination. Cette structure transversale réunit les forces vives de la région autour de six axes stratégiques, dont l'excellence scientifique et technologique, notamment dans les domaines de l'aéronautique, l'optique, la cryogénie ou encore la technologie du vide.

Ce projet représente un levier unique pour l'enseignement et l'orientation des jeunes vers les filières STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques). Le projet mobilise déjà de nombreuses compétences en physique fondamentale, en cryogénie, en intelligence artificielle (IA), en techniques de construction souterraine, en durabilité, en optique avancée, en logistique et en modélisation 3D. Il devrait générer des centaines d'emplois directs et indirects dans des domaines de haute technologie.

Dans cette perspective, il est essentiel d'anticiper la formation des futurs talents locaux qui pourront contribuer au développement du projet, voire intégrer les nouvelles activités qu'il générera.

Madame la Ministre, vos services sont-ils associés aux réflexions de la task force wallonne, en vue d'associer les acteurs de l'enseignement à ces nouvelles opportunités? Un dispositif est-il prévu afin de sensibiliser les écoles – en particulier celles proches de la zone d'implantation – aux défis que pose ce projet d'envergure?

Mme Valérie Glatigny, Ministre de l'Éducation. – Ce projet d'implantation du Téléscope Einstein dans l'Euregio Meuse-Rhin est effectivement porteur d'un potentiel scientifique exceptionnel. À l'opposé du modèle d'accélérateur de particules tel que celui dont dispose l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), il s'agit d'un équipement souterrain destiné à l'observation des ondes gravitationnelles. Celui-ci représente un impact économique et social considérable à l'échelle de notre région et bien au-delà.

À ce stade du projet, la Direction générale de l'enseignement obligatoire (DGEO) de la Fédération Wallonie-Bruxelles n'a pas encore été formellement associée aux réflexions de la task force wallonne en charge. Cela étant, je suis attentive à ce projet que je connais bien pour avoir assuré un premier suivi du dossier durant la législature précédente, en tant que Ministre de la Recherche. Je reste mobilisée pour que les défis éducatifs et de formation soient, dès que possible, pleinement intégrés à l'ordre du jour des concertations organisées avec les acteurs économiques et institutionnels impliqués. Ce projet présente une opportunité précieuse pour susciter des vocations dans les filières scientifiques et techniques, mais aussi pour rapprocher les jeunes des réalités des carrières STIM.

Même si la décision européenne concernant le site d'implantation du télescope n'est pas attendue avant la fin de l'année 2026 – avec un démarrage des travaux prévus au plus tôt en 2028 –, la Fédération Wallonie-Bruxelles œuvre activement à l'initiation aux STIM, et ce, dès le plus jeune âge.

À titre d'exemple, plusieurs initiatives ont déjà été prises. Mise à disposition par le Service général du numérique éducatif (SGNE), la plateforme e-classe offre aux enseignants des ressources pédagogiques clé en main pour organiser des activités scientifiques et techniques adaptées à tous les niveaux. Le programme «Sciences et enseignement» animé par la DGEO centralise des outils, des appels à projets et un centre d'appels. Il développe des partenariats avec l'Agence spatiale européenne (ESA), l'Observatoire de l'Université de Liège (ULiège) ou encore le Centre de culture scientifique de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Enfin, depuis 2007, 30 centres de technologie avancée (CTA) maillent le territoire, dont neuf sont spécifiquement tournés vers les STIM. Ces CTA jouent un rôle central pour sensibiliser les jeunes, former les enseignants et faire le lien avec les besoins du tissu économique local. Nous encourageons aussi les écoles à organiser des visites pédagogiques ou à nouer des partenariats locaux, y compris avec les projets émergents comme le Téléscope Einstein, en particulier pour les établissements situés à proximité du site pressenti.

La phase de construction du télescope et, ensuite, sa maintenance pendant plusieurs décennies mobiliseront une large diversité de profils techniques et scientifiques: génie civil, géotechnique, cryogénie, technologie du vide ou du froid, logistique, informatique, etc. Cela montre à quel point l'enseignement qualifiant, souvent trop peu valorisé, sera au cœur de ce projet. Il est essentiel que les jeunes qui s'engagent aujourd'hui dans ces filières puissent être demain les techniciens, les ingénieurs, les opérateurs de maintenance ou les coordinateurs logistiques du Télescope Einstein. C'est pourquoi nous encourageons le développement d'un dialogue renforcé entre les écoles, les opérateurs de formation, les CTA, les acteurs de l'enseignement supérieur et les porteurs du projet.

En ce sens, le Télescope Einstein illustre parfaitement l'intérêt de l'approche STIM qui dépasse les seules compétences scientifiques et techniques en intégrant les dimensions éthiques, créatives et interdisciplinaires. Cette approche pédagogique que nous promouvons dans les écoles favorise aussi le développement de compétences transversales comme la collaboration, la pensée critique, la créativité ou encore la résolution de problèmes complexes. Notre Fédération est mobilisée pour encourager l'éveil scientifique et technologique des jeunes.

Lorsque les contours du projet se préciseront, nous serons prêts à intensifier nos actions, adapter nos référentiels et renforcer les collaborations. Nous voulons garantir que notre enseignement – en ce compris l'enseignement qualifiant – se positionne bien en tant qu'acteur central dans la réussite de cette infrastructure européenne d'envergure.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie pour votre enthousiasme à l'égard de ce sujet que vous connaissez effectivement bien, ayant été ministre de la Recherche durant la précédente législature. Le projet dont il est ici question est une véritable opportunité d'un point de vue tant économique que scientifique, mais aussi sur le plan de l'enseignement, en particulier l'enseignement qualifiant. C'est un bel exemple pour attirer les jeunes vers les filières STIM. Nous devons anticiper cette occasion et être au rendez-vous; je ne manquerai donc pas de transmettre votre réponse à mes collègues de la Conférence des bourgmestres de l'arrondissement de Verviers, mais aussi au GRE Liège et aux ministres wallons.