Question sur la valorisation des langues régionales endogènes en FWB

25/10/2022

Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Bénédicte Linard, Ministre de la Culture, à propos du suivi de la valorisation des langues régionales endogènes en Fédération Wallonie-Bruxelles

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Madame la Ministre, je vous ai déjà interrogée à plusieurs reprises sur la valorisation des langues régionales endogènes en Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment au sein des écoles.

En juin dernier, vous me précisiez qu'il était encore trop tôt pour me communiquer les conclusions de la grande enquête menée sur la vitalité des langues régionales endogènes en Fédération Wallonie-Bruxelles par le Conseil de la langue française et de la politique linguistique (CLFPL). Vous précisiez que le comité d'accompagnement se réunirait à partir de ce mois de septembre pour coordonner la réalisation d'un rapport présentant les résultats pertinents en détail. Pour rappel, cette enquête poursuit l'objectif premier d'établir un état des lieux objectif de la vitalité de ces langues dans notre Fédération. Dans un second temps, l'analyse des résultats doit permettre d'identifier et de planifier des mesures destinées à renforcer cette vitalité, en concertation avec l'administration et les experts du comité d'accompagnement. L'analyse de cette enquête est-elle à présent finalisée ? Pourriez-vous en présenter les conclusions et nous communiquer le rapport complet ? De quelle manière et selon quel calendrier comptez-vous concrétiser les recommandations qui en émanent ?

Par ailleurs, en ce qui concerne les écoles, vous précisiez que les besoins du personnel enseignant identifiés par l'enquête relative à la présence de ces langues en milieu scolaire concernent, d'une part, l'accès à des personnes-ressources susceptibles d'accompagner les enseignants dans des activités de sensibilisation aux langues régionales et, d'autre part, l'accès à des outils pédagogiques prêts à l'emploi, tels que des séquences de cours ou des cahiers d'activités. Vous annonciez à cet égard que si l'administration s'attelait à répondre à ces besoins, elle devait composer avec des contraintes liées au nombre de personnes susceptibles de fournir une expertise pour chaque région linguistique de notre Fédération. Madame la Ministre, pourriez-vous également nous communiquer le rapport complet de cette seconde enquête relative à l'école ? Où en sont les travaux de l'administration sur les deux types de besoins précités ? Quelles propositions en ressortent-elles pour les écoles par rapport à l'éveil aux langues, de l'enseignement maternel à la deuxième année primaire, et au parcours d'éducation culturelle et artistique (PECA) ? Vous êtes-vous concertée avec la Ministre de l'Éducation à cet égard ? Dans l'affirmative, qu'en est-il ressorti ?

Mme Bénédicte Linard, Ministre de la Culture. - Madame la Députée, le comité d'accompagnement créé dans le cadre de l'enquête sur la vitalité des langues régionales endogènes en Fédération Wallonie-Bruxelles s'est réuni le 4 octobre dernier.

Le Service de la coordination statistique et de la recherche a présenté l'avancement de ses travaux et le Service des langues régionales endogènes (SLRE) est en contact régulier avec la chargée de projet. Ce dernier fournit les indications nécessaires à ses traitements statistiques.

D'après le calendrier actuel, les résultats de cette enquête me seront transmis à la fin de l'année. La publication du rapport détaillé est, quant à elle, attendue pour le premier trimestre 2023. L'aboutissement de ce travail fera l'objet d'une communication par voie de presse.

Il n'a pas été prévu d'inclure des recommandations concrètes dans le rapport, qui constituera un état des lieux objectif de la vitalité des langues régionales endogènes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les résultats permettront, dans un second temps, d'identifier et de planifier des mesures destinées à renforcer cette vitalité.

L'administration ne dispose pas, à proprement parler, d'un «rapport» à la suite de l'enquête relative à la présence des langues régionales endogènes en milieu scolaire, mais de données brutes et d'une présentation PowerPoint de synthèse.

Le programme pédagogique «Langues et cultures régionales en classe» est opérationnel depuis cette rentrée pour répondre au besoin de personnes-ressources. À ce jour, 12 intervenants sont inscrits au répertoire des animateurs reconnus. Des personnes-ressources compétentes ont donc été identifiées pour la plupart des grandes variétés linguistiques, même si des zones demeurent non couvertes.

Il est encore trop tôt pour évaluer le dispositif, mais l'administration constate déjà un grand enthousiasme de la part du public sensible à ce sujet. La constitution du répertoire d'animateurs est cependant compliquée, car il y a une sursollicitation de la part de particuliers compétents, déjà engagés par ailleurs pour animer des tables de conversation d'adultes ou pour des travaux de correction dans le cadre d'instances d'avis. Ce répertoire est, à l'heure actuelle, composé aux trois quarts de personnes pensionnées. La pérennisation du dispositif semble donc nécessiter des mesures d'accompagnement.

L'administration a fait paraître, à l'occasion de l'opération «La Fureur de lire», qui a eu lieu du 12 au 16 octobre, une plaquette littéraire bilingue, en langue régionale et en français. Il s'agit d'une première pour cet événement. Des exploitations pédagogiques de cette ressource sont organisées en collaboration avec l'association les Midis de la poésie, et l'administration compte publier un carnet pédagogique contenant des propositions de séquences de cours basées sur ces textes. La session «Langues régionales endogènes» de la Commission des écritures et du livre, qui s'est réunie le 30 septembre dernier, a également proposé l'octroi d'un soutien financier en vue de la conception d'un nouvel outil pédagogique.

Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Je vous remercie pour vos réponses, Madame la Ministre, et je ne manquerai pas de vous réinterroger en temps opportun sur les résultats de l'enquête du CLFPL.

En ce qui concerne les langues régionales telles que le wallon, l'école a un rôle à jouer. Il s'agit de la sauvegarde de notre patrimoine culturel. Je suis donc heureuse que vous y travailliez.

Toutefois, comme vous le relevez vous-même, la plupart des intervenants extérieurs aux écoles sont pensionnés, ce qui pose un problème de pérennité. J'ai constaté le même problème avec les confréries qui défendent notre patrimoine culturel : elles aussi sont vieillissantes et ont peur de ne pas trouver de relève. Or il s'agit de notre patrimoine culturel à sauvegarder.